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Entretien du patrimoine bâti

L'entretien du patrimoine bâti consiste en une intervention limitée à la maintenance d'un ouvrage. « Les architectes (...) ne doivent jamais perdre de vue que le but de leurs efforts est la conservation de ces édifices, et que le moyen d’atteindre ce but est l’attention apportée à leur entretien. Quelque habile que soit la restauration d’un édifice, c’est toujours une nécessité fâcheuse ; un entretien intelligent doit toujours la prévenir »[1].

En France, le Code civil fournit une définition assez précise de ces notions d'« entretien » et de « grosses réparations » sur le patrimoine bâti en général, la loi du fixant les conditions d’exécution des travaux sur les immeubles protégés au titre des monuments historiques.

DĂ©finition

La nature des interventions Les opérations de conservation s’exercent sur les matériaux constitutifs eux-mêmes pour en prévenir les risques de détérioration. Les interventions de restauration tendent à améliorer la lisibilité des œuvres en atténuant les méfaits des altérations, tout en respectant leur intégrité.

  • L’article 606 du Code civil prĂ©cise que : « Les grosses rĂ©parations sont celles des gros murs et des voĂ»tes, le rĂ©tablissement des poutres et couvertures entières. Celui des digues et des murs de soutènement et de clĂ´ture aussi en entier. Toutes les autres rĂ©parations sont d’entretien ».
  • Quelques Ă©lĂ©ments de jurisprudence : Les souches de cheminĂ©e font partie des gros murs qu’elles prolongent au-dessus des combles (Civ. 1re, 15-3-1961 : Bull. I, n°166, p. 132). Doit ĂŞtre assimilĂ©e Ă  une grosse rĂ©paration le renouvellement intĂ©gral des zingueries d’une toiture (Civ. 1re, 2-2-1955 : Bull. I, n.55, p. 52). Les rĂ©parations Ă  opĂ©rer sur un gros mur sont de grosses rĂ©parations dès lors que les lĂ©zardes qui se sont produites compromettent l’aplomb du mur (Req. : D.P. 1913, 1, 392), mais le simple ravalement est une rĂ©paration d’entretien dont la charge incombe Ă  l’usufruitier (Civile 1re, : J.C.P. 63, II, 13272, note H.G.). L’article 606 Ă©numère limitativement les grosses rĂ©parations (Civ. 3e, : Bull. III, n. 194, p. 149). L’usufruitier n’est pas tenu de faire exĂ©cuter les enduits de protection qui n’existaient pas au moment de la constitution de l’usufruit (Civ. 3e, 5-3-1986 : D. 1987, Somm. 17, obs. Robert). De plus, on peut utilement se rĂ©fĂ©rer aux articles 1719 et 1720 du mĂŞme Code rĂ©gissant les droits et les devoirs des locataires et propriĂ©taires.

L’entretien du patrimoine pour le patrimoine protégé au titre des monuments historiques

  • La dĂ©finition du strict entretien.

Les circulaires des de la Direction du patrimoine et du Centre des monuments nationaux, donnent une définition pratique : « L’entretien correspond à l’action préventive ou curative qui, par des moyens réduits, empêche l’apparition d’un désordre, le supprime ou en arrête l’extension. De ce fait l’entretien ne devrait pas poser de problème archéologique sinon fortuit, mais il peut soulever des problèmes d’aspect. Il n’existe pas de seuils financiers des opérations d’entretien. Quelle que soit la diversité des cas d’intervention, il est nécessaire de poser un certain nombre de principes ». Les propriétaires, affectataires ou gestionnaires ont le devoir de veiller au bon état du monument. L’entretien définit l’ensemble des opérations qui ne nécessitent aucune autorisation administrative au titre de la loi du ou de la loi du . Cette action, préventive, consiste notamment en balayage, nettoyage des chéneaux et fossés, émoussage, dégorgements, etc. Dans certains cas, il est souhaitable qu’ils prennent l’attache de l’ABF pour recueillir son avis technique (nature des produits utilisés…). Les réparations, réparations, restaurations et modifications, elles, nécessitent, une autorisation administrative pour les édifices ou les jardins classés ou une déclaration de travaux pour les immeubles inscrits au titre de la loi du ou de la loi du . Elles comprennent l’ensemble des opérations qui sont de nature à affecter l’aspect et la conservation du monument. Ces opérations incluent notamment toutes opérations de peinture, ravalement, coupe et abattage d’arbres, déboisements, défrichements, remplacement d’huisseries, de vitraux, etc.

  • Les procĂ©dures d'instruction des demandes d'autorisations de travaux selon la nature des interventions

Concernant les monuments historiques, l’État a certes le devoir d’entretenir en bon père de famille les immeubles dont il est propriétaire, mais il lui appartient aussi d’exercer une surveillance attentive sur les monuments intéressants que le hasard des transmissions successives a fait échouer aux mains de particuliers ou de collectivités (exposé des motifs de la loi de 1913).

  • Au titre de la lĂ©gislation sur les monuments historiques, la demande d’autorisation de travaux doit ĂŞtre adressĂ©e au Directeur rĂ©gional des affaires culturelles (DRAC), le PrĂ©fet de rĂ©gion statue ensuite sur la demande. Dans les cas particuliers (environ 5 %), la Commission supĂ©rieure des monuments historiques est saisie et après son avis, le ministre de la Culture statue sur la demande.
  • Au titre de la rĂ©glementation de l’urbanisme, les travaux de restauration et d’entretien des immeubles classĂ©s sont exemptĂ©s du permis de construire. Ils sont cependant soumis Ă  une dĂ©claration en mairie, en vue de la vĂ©rification de leur conformitĂ© avec les règles d’urbanisme. Le maire de la commune concernĂ©e dispose d’un dĂ©lai de deux mois pour signifier son opposition au projet. Le dĂ©cret (objet d’un recours au Conseil d’État) n° 96-541 du (JO du 19, circulaire d’application du ) actualise la liste indicative des travaux soumis Ă  autorisation donnĂ©e par le dĂ©cret de 1924 et Ă©numère les pièces constitutives de tout dossier de demande d’autorisation de travaux sur un immeuble classĂ© ou de dĂ©claration sur un immeuble inscrit.
  • « Sont notamment compris parmi les travaux soumis Ă  l’autorisation prĂ©vue aux articles 9 et 12 de la loi du sur les monuments historiques les affouillements dans un terrain classĂ©, le dĂ©boisement, le dĂ©frichage, le dessouchage, l’exĂ©cution de peintures murales, de badigeons, de vitraux ou de sculptures, la restauration de peintures et vitraux anciens, les travaux qui ont pour objet ou pour effet de mettre hors d’eau, consolider, amĂ©nager, mettre en valeur, dĂ©gager, agrandir, isoler ou protĂ©ger un immeuble classĂ©, les travaux d’équipement de quelque nature que ce soit qui sont susceptibles soit de modifier une partie quelconque de l’immeuble, soit d’en compromettre la conservation, et, gĂ©nĂ©ralement, les travaux et ouvrages visĂ©s aux articles L. 421-1 et L. 422-2 du Code de l’urbanisme. La demande est accompagnĂ©e du programme d’opĂ©ration dĂ©crivant et justifiant les travaux projetĂ©s, et du projet architectural et technique ou de l’avant projet dĂ©finitif, qui doit notamment comprendre les Ă©lĂ©ments suivants : un rapport de prĂ©sentation, un descriptif quantitatif dĂ©taillĂ©, l’ensemble des documents graphiques et photographiques nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension des travaux Ă  rĂ©aliser. Lorsque la demande d’autorisation est prĂ©sentĂ©e en application de l’article 12 de la loi du prĂ©citĂ©e, le dossier de la demande comprend en outre tous les documents permettant d’apprĂ©cier l’impact architectural et technique des travaux sur le monument ». « Ces dispositions doivent ĂŞtre appliquĂ©es avec le plus grand discernement et ne sauraient remettre en cause les usages du service en matière d’entretien courant et de travaux d’urgence sur les immeubles ou les parcs et jardins protĂ©gĂ©s ». La circulaire d’application du fixant les modalitĂ©s d’application du dĂ©cret n°96-581 du (JO du ) du ministre chargĂ© de la Culture prĂ©cise : « Le degrĂ© de prĂ©cision demandĂ© devra ĂŞtre proportionnĂ© Ă  l’importance des travaux envisagĂ©s. Lorsque la demande concerne une intervention mineure n’ayant pas d’incidence sur les caractĂ©ristiques de l’immeuble, sa conservation, son authenticitĂ© ou son apparence, un dossier extrĂŞmement allĂ©gĂ© pourra ĂŞtre prĂ©sentĂ©. Ainsi, des travaux d’entretien ou des rĂ©parations mineures pourront n’être exposĂ©s que par une simple couverture photographique annexĂ©e Ă  une note explicative et Ă  un plan de repĂ©rage ou par le devis descriptif dĂ©taillĂ© qui permettra de mesurer l’ampleur des travaux envisagĂ©s ».

Les propriétaires, affectataires ou gestionnaires ont donc la responsabilité de la sécurité et de la bonne conservation du monument, le classement d’un immeuble n’appartenant pas à l’État n’impliquant pas nécessairement la participation du ministère de la Culture aux travaux de restauration, de réparation ou d’entretien (article 11 du décret du , JO du 29).

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Circulaire n°2007/007 du (Direction des musĂ©es de France) portant charte de dĂ©ontologie des conservateurs du patrimoine (fonction publique d’État et territoriale) et autres responsables scientifiques des musĂ©es de France pour l’application de l’article L. 442-8 du Code du patrimoine. Textes Ă©mis en mars et , Bulletin officiel 160.
  • J.P. Babelon, Restauration et histoire,
    dans : Acte du colloque sur les restaurations françaises et la charte de Venise
  • Françoise BercĂ©, Des monuments historiques au patrimoine, du XVIIIe Ă  nos jours, ou Les Ă©garements du cĹ“ur et de l’esprit, Paris, Flammarion,
  • Giuseppe Carnonara, Trattato di restauro architettonico, Turin, Ă©d. Unione Typografico-Editrice Torinese,
  • RenĂ© Dinkel, L'EncyclopĂ©die du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel - Protection, restauration, rĂ©glementation. Doctrines - Techniques : Pratiques), Paris, Ă©ditions Les EncyclopĂ©dies du patrimoine, , 1512 p. (ISBN 2-911200-00-4)
    Notices Doctrine pp. 663 Ă  669 ; Entretien des monuments pp. 716 et Ă  718 ; Monument historique pp. 929 Ă  931 et Restauration pp. 1125 Ă  1127
  • Georges Duval, Restauration et rĂ©utilisation des monuments anciens : techniques contemporaines, Liège, Éditions Mardaga, , 286 p. (ISBN 2-87009-428-0)
    Techniques contemporaines
  • Bollettino Europa Restauro, Gennaio, Nardini Editore,
  • Pascale Joffroy, La rĂ©habilitation des bâtiments, Éditions Le Moniteur,
  • ThĂ©orie de la restauration, VisibilitĂ© de la restauration, lisibilitĂ© de l’œuvre, Paris,

Articles connexes

Liens externes

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