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Elza Fernandes

Elza Fernandes (Sorocaba, vers 1920 – Guadalupe, 2 mars 1936) est le pseudonyme d’Elvira Cupello CalĂŽnio, militante communiste brĂ©silienne condamnĂ©e Ă  mort par un tribunal clandestin de son parti et Ă©tranglĂ©e par ses propres compagnons en 1936[1].

Elza Fernandes
Biographie
Naissance
Vers
DĂ©cĂšs
Pseudonyme
Elza Fernandes
Nationalité

Biographie

Elvira Cupello CalĂŽnio, fille trĂšs pauvre et presque illettrĂ©e, tombe amoureuse vers 1935 du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti communiste brĂ©silien, AntĂŽnio Maciel Bonfim (alias « Miranda »). En janvier 1936, Ă  la suite de l’échec du SoulĂšvement communiste de 1935 au BrĂ©sil, ils sont apprĂ©hendĂ©s Ă  Rio de Janeiro dans le cadre d’une campagne massive d’arrestations. Mais deux semaines plus tard la jeune fille est relĂąchĂ©e, officiellement parce qu’elle n’est d’aucune utilitĂ© pour l’enquĂȘte, mais aussi parce qu’elle est trop jeune. À sa sortie, son amant lui confie un message pour ses camarades. Cependant, juste aprĂšs sa libĂ©ration, les autoritĂ©s se mettent Ă  dĂ©couvrir de plus en plus de cachettes des dirigeants communistes. Ces derniers commencent donc Ă  soupçonner Elza : soit elle trahit, soit elle est nĂ©gligente au point de se laisser filer. Pour tirer les choses au clair, ils organisent une enquĂȘte interne.

"Tribunal Rouge"

HonĂłrio de Freitas GuimarĂŁes, Lauro Reginaldo da Rocha, Adelino Deycola dos Santos et JosĂ© Lage Morales s’érigent en « Tribunal rouge » clandestin sous l’étroite surveillance de LuĂ­s Carlos Prestes, chef emblĂ©matique du Parti communiste brĂ©silien qui ne participe pas des dĂ©bats : il est en effet soigneusement cachĂ© dans les proximitĂ©s. Ils sont unanimes Ă  estimer suspecte l’attitude de la police envers Elza. En effet, tous les autres militants qui Ă©taient tombĂ©s entre les griffes de la police avaient Ă©tĂ© systĂ©matiquement torturĂ©s. Or, elle avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e deux semaines plus tard sans avoir Ă©tĂ© trop maltraitĂ©e. Pire, elle pouvait rendre visite Ă  son amoureux : consciemment ou non, elle Ă©tait au service de la police. De loin LuĂ­s Carlos Prestes qui ne quitte jamais sa cachette, est persuadĂ© que la jeune fille collabore consciemment avec la police. En fĂ©vrier 1936, il ordonne Ă  ses camarades de la forcer Ă  avouer « comment elle avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par la police, comment elle avait Ă©tĂ© instruite, quels avaient Ă©tĂ© les mĂ©thodes employĂ©es, par quels moyens avait-elle Ă©tĂ© achetĂ©e. » A la suite des dĂ©bats, Elza est convaincue de trahison et condamnĂ©e Ă  mort par tous les « juges », Ă  l’exception de Morales. Cette absence d’unanimitĂ© empĂȘche l’exĂ©cution immĂ©diate de la sentence. InformĂ©, LuĂ­s Carlos Prestes Ă©crit : « J'ai Ă©tĂ© douloureusement surpris par votre manque de dĂ©termination et par votre hĂ©sitation. Ce n’est pas ainsi qu’on peut diriger le Parti du prolĂ©tariat, de la classe rĂ©volutionnaire
 Y a-t-il ou non trahison de sa part ? Est-elle oui ou non trop dangereuse pour le Parti ?... En pleine conscience de ma responsabilitĂ©, dĂšs les premiers instants je vous ai donnĂ© mon avis sur ce que j'en ferais. Dans ma lettre du 16, je suis catĂ©gorique et je n'ai plus rien Ă  ajouter
 Un tel langage n'est pas digne des dirigeants de notre Parti, c'est le langage des peureux, incapables de dĂ©cision, craintifs face Ă  leur responsabilitĂ©. Ou bien vous ĂȘtes d'accord avec les mesures extrĂȘmes et, dans ce cas, vous devriez dĂ©jĂ  les avoir rĂ©solument mises en Ɠuvre, ou bien vous n'ĂȘtes pas d'accord, mais ne dĂ©fendez pas comme il se doit une telle opinion. » A cette lettre, Lauro Reginaldo da Rocha lui rĂ©pond : « Maintenant, n’ayez crainte Ă  ce que la chose soit bien faite, car la question du sentimentalisme n’existe pas par ici. Par-dessus tout, nous plaçons les intĂ©rĂȘts du Parti. » [2]

Elza est Ă©tranglĂ©e Ă  l’aide d’une corde le 2 mars 1936. Ses os sont cassĂ©s pour pouvoir mettre le corps dans un sac et l’enterrer.

Jugement

Lors de l’arrestation de Prestes et de son Ă©pouse Olga BenĂĄrio, la police tombe sur cette correspondance sans toutefois comprendre immĂ©diatement le sens des mots « mesures extrĂȘmes » contenus dans une des lettres.

Cependant, en 1940, cette affaire trouve sa conclusion dans un procĂšs oĂč les protagonistes sont condamnĂ©s Ă  des sentences variant de vingt Ă  trente ans de prison [3]. La peine maximale est attribuĂ©e Ă  LuĂ­s Carlos Prestes, sentence abrĂ©gĂ©e toutefois par une amnistie de GetĂșlio Vargas en 1945, aprĂšs neuf ans d’incarcĂ©ration.

La responsabilité de Prestes

InterrogĂ© sur la responsabilitĂ© de Prestes dans cet assassinat, l’historien et biographe de Luis Carlos Prestes, Daniel AarĂŁo Reis Filho, rĂ©pond[4]: « Au sujet d’Elza, Prestes est coresponsable de sa mort. C’est une dĂ©cision collective, mais qu’il approuve. Puis, quand le ComitĂ© Central commence Ă  hĂ©siter, si on la tue ou non, Prestes rĂ©dige un billet violent dans le sens que le ComitĂ© doit l’exĂ©cuter. Il n’est pas le seul responsable de sa mort, la dĂ©cision a Ă©tĂ© collective. J’ai toujours dit dans mon livre qu’il est important de contextualiser cet assassinat, que ça a Ă©tĂ© une erreur, une erreur grave commise par les communistes, que Prestes, en particulier, a commis. Mais je veux contextualiser qu’à cette Ă©poque il Ă©tait d’usage parmi les communistes, lorsqu’une personne Ă©tait considĂ©rĂ©e comme traĂźtre, de dĂ©cider son Ă©limination. »

Interrogée au sujet de la responsabilité de son pÚre dans ce jugement, sa fille et biographe, Anita Leocådia Prestes, répond :

« A l’époque il [Luis Carlos Prestes] a niĂ© pĂ©remptoirement [avoir donnĂ© l’ordre d’exĂ©cution d’Elza Fernandes], bien qu’il existĂąt des lettres signĂ©es par lui en ce sens. En 1940, lors du procĂšs, il continuait Ă  nier. Aujourd’hui, aprĂšs tant d’annĂ©es, en regardant ces lettres, nous savons qu’elles sont vraies. C’était une erreur. Pas seulement son erreur Ă  lui. C’était une erreur du Parti. [
] Nous en avons parlĂ© plusieurs fois. Il considĂ©rait qu’il s’était trompĂ©, mais Ă  ce moment-lĂ  c’était la guerre. Et il avait l’expĂ©rience de la Colonne. Elle Ă©tait en train de trahir, elle faisait le travail de l’ennemi. Si elle Ă©tait traĂźtresse, elle portait prĂ©judice » [5].

Roman

SĂ©rgio Rodrigues, Elza, a garota - A histĂłria da jovem comunista que o Partido matou, Companhia das Letras, SĂŁo Paulo, 2018. Il s’agit d’un roman historique trĂšs documentĂ© sur cette affaire [6] - [7]

Références

  1. http://web.archive.org/web/20120620000251/http://www1.folha.uol.com.br/fsp/ilustrissima/49213-o-lado-dark-da-resistencia.shtml |O lado ‘dark’ da resistĂȘncia |Folha de SĂŁo Paulo, 01/06/2012
  2. http://memoria.bn.br/DocReader/Hotpage/HotpageBN.aspx?bib=348970_04&pagfis=5552&url=http://memoria.bn.br/docreader# |Os autores do assass{inio de Elza Fernandes perante o T. de segurança, A Noite (RJ), 10 novembre 1940, consulté le 23 décembre 2019
  3. http://memoria.bn.br/DocReader/Hotpage/HotpageBN.aspx?bib=348970_04&pagfis=5552&url=http://memoria.bn.br/docreader# |Os autores do assassínio de Elza Fernandes perante o T. de Segurança
  4. https://www.jornalopcao.com.br/entrevistas/o-exercito-brasileiro-nao-tinha-condicao-de-perseguir-coluna-prestes-em-goias-25054/ |“O ExĂ©rcito brasileiro nĂŁo tinha condição de perseguir a Coluna Prestes em GoiĂĄs”, Jornal Opção, 2 janvier 2015
  5. https://pcb.org.br/portal2/10038/o-livro-da-filha-de-prestes/ |O livro da filha de Prestes, 10 de dezembro de 2015
  6. http://g1.globo.com/platb/maquinadeescrever/2009/03/19/601/ |Um cadĂĄver incĂŽmodo |Globo G1, 19/03/2009
  7. https://www.companhiadasletras.com.br/trechos/14428.pdf |Elza, a garota - A histĂłria da jovem comunista que o Partido matou |SĂ©rgio Rodrigues, Companhia das Letras, 2018
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