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Elizabeth Comyn

Elizabeth Comyn (1er novembre 1299 – 20 novembre 1372) est une femme de la noblesse anglaise du XIVe siècle.

Elizabeth Comyn
Titre Baronne Talbot
(1346 - 1356)
Biographie
Dynastie Famille Comyn
Naissance
DĂ©cès (Ă  73 ans)
Père John III Comyn
Mère Jeanne de Valence
Conjoint Richard Talbot
(1326 – 1356)
John Bromwich
(1357/60 – 1372)
Enfants Gilbert Talbot

Image illustrative de l’article Elizabeth Comyn

Biographie

Origines et jeunesse

NĂ©e le 1er novembre 1299, Elizabeth Comyn est le troisième enfant de John III Comyn, dit « le Rouge Â», 6e seigneur de Badenoch, et de son Ă©pouse Jeanne de Valence. Elle est issue d'un prestigieux lignage : du cĂ´tĂ© paternel, elle est une petite-nièce de Jean Balliol, roi d'Écosse entre 1292 et 1296, tandis que du cĂ´tĂ© maternel, elle est une petite-fille de Guillaume de Valence, un demi-frère du roi Henri III d'Angleterre, et de Jeanne de Montchensy, une descendante du cĂ©lèbre Guillaume le MarĂ©chal. En outre, son grand-père paternel John II Comyn a Ă©tĂ© un prĂ©tendant sĂ©rieux lors de la crise de succession Ă©cossaise entre 1290 et 1292. Elizabeth a un frère aĂ®nĂ©, John IV Comyn, 7e seigneur de Badenoch, et une sĹ“ur aĂ®nĂ©e, Jeanne, qui Ă©pousera plus tard David II Strathbogie, 10e comte d'Atholl.

Le 10 février 1306, son père John III Comyn est assassiné au couvent des franciscains de Dumfries par son rival Robert Bruce, comte de Carrick et 7e seigneur d'Annandale. Bruce semble avoir craint que Comyn ne révèle au roi Édouard Ier d'Angleterre, qui a conquis l'Écosse en 1296, ses plans pour restaurer la royauté écossaise à son profit. Effectivement, quelques semaines plus tard, Robert Bruce est couronné le 25 mars 1306 à Scone roi d'Écosse. Par mesure de sécurité, Édouard Ier ordonne à Jeanne de Valence d'envoyer immédiatement ses trois enfants en Angleterre, afin d'échapper à la vindicte des partisans de Robert Bruce. On ignore où sont élevés les enfants de John III Comyn, mais il est possible qu'ils aient été envoyés auprès de leur oncle maternel Aymar de Valence, 2e comte de Pembroke, dont ils sont les héritiers, ce dernier n'ayant aucun descendant. De son côté, John IV Comyn est tué à la bataille de Bannockburn le 24 juin 1314 en soutenant Édouard II contre Robert Bruce.

Après la mort de son frère aîné, Elizabeth devient avec sa sœur Jeanne cohéritière de ses possessions, après que son fils Aymar soit mort en bas âge peu avant le 26 mai 1316. Cependant, comme les titres et terres écossais familiaux ont été confisqués par Robert Bruce, elles n'héritent de pratiquement rien. En dépit de la mort de leur frère, les deux sœurs ne voient pas leurs statuts de cohéritières de la fortune de leur oncle Aymar de Valence remis en cause. Ce dernier meurt subitement le 24 juin 1324 et ses deux mariages successifs avec Béatrix de Clermont-Nesle puis Marie de Châtillon-Saint-Pol n'ont laissé aucune descendance légitime. Ses possessions sont alors partagées entre Elizabeth Comyn, sa sœur Jeanne et leur cousin John Hastings, 2e baron Hastings, qui est un fils de leur tante maternelle Isabelle de Valence. Elizabeth hérite pour sa part de Goodrich, dans le Herefordshire, et de Painswick, dans le Gloucestershire. Étonnamment pour une si importante héritière, et contrairement à sa sœur, elle n'est toujours pas mariée au moment de la mort de son oncle, alors qu'elle est âgée de 24 ans.

SĂ©questration par les Despenser

Au moment où meurt Aymar de Valence, le roi Édouard II accorde des faveurs démesurées à ses courtisans Hugues le Despenser, dit « l'Aîné », 1er comte de Winchester, et Hugues le Despenser, dit « le Jeune »[1]. Les Despenser usent de leur influence illimitée pour étendre leurs possessions dans toute l'Angleterre et s'attaquent en particulier à des personnes vulnérables, telles les femmes veuves ou dont les époux ont perdu la confiance du roi[2]. Contrairement à Lawrence Hastings, le fils et héritier de John Hastings — qui meurt prématurément le 20 janvier 1325 — dont ils ont obtenu la garde afin de le marier à l'un des membres de leur famille et ainsi acquérir ses riches possessions[3], les Despenser ne disposent pas de la garde d'Elizabeth Comyn, celle-ci étant majeure. Par conséquent, ces derniers décident d'employer des mesures drastiques pour s'emparer des possessions d'Elizabeth. Ainsi, comme elle l'affirmera lors d'une enquête diligentée par le roi Édouard III en mars 1328, elle est enlevée en avril 1324 du manoir d'Hugues le Despenser l'Aîné situé à Kennington, dans le Surrey, et détenue à Woking, puis à Pirbright.

L'enlèvement d'Elizabeth Comyn survient avant même la mort de son oncle Aymar de Valence et constitue peut-être une revanche personnelle de la part des Despenser envers le comte, qui avait persuadé Édouard II en 1321 de les exiler afin de préserver la paix dans le royaume[4]. Selon l'historienne Natalie Fryde, Hugues le Despenser le Jeune aurait espéré marier Elizabeth à son fils aîné Hugues[5], même s'il abandonne assez vite ce projet. Retenue prisonnière par Hugues l'Aîné, Elizabeth est contrainte le 20 avril 1325[4] « contre sa volonté et par des menaces de mort » de lui abandonner Painswick[6] - [7], tandis qu'elle laisse Goodrich à Hugues le Jeune[8] - [9] - [10]. Le paiement d'une prétendue dette de 20 000 livres qu'Elizabeth aurait dû payer aux Despenser sert de prétexte à la transaction. Enfin, la jeune héritière est contrainte de céder à Édouard II ses terres situées à Swanscombe, dans le Kent, dont la transaction est supervisée le 5 juillet 1325 par le juge John de Bourchier[11], un allié des favoris royaux. Le roi remet immédiatement Swanscombe aux Despenser, comme « présent, pour les bons services qu'ils ont rendus ».

La division des possessions d'Aymar de Valence ne s'opère en revanche qu'au début de l'année 1325. Elizabeth Comyn reçoit formellement sa part le 21 ou 22 mars 1325, alors qu'elle à ce moment-là en captivité et qu'elle vient de reconnaître à Hugues le Despenser l'Aîné une dette colossale de 10 000 livres[12]. Elle ne demeure en possession de ses manoirs qu'un mois et abandonne avec eux de prestigieux revenus annuels estimés à 41 livres pour Goodrich, 59 livres pour Painswick et 38 livres pour Swanscombe. Le fait qu'Elizabeth ait été incarcérée avant même la mort de son oncle et pendant une année a été remis en cause par certains historiens, dont Kathryn Warner. Par ailleurs, il sera même affirmé dans une pétition du 19 février 1331 que Hugues le Jeune aurait arrangé la division de l'héritage du comte de Pembroke à son propre avantage, puisqu'il aurait alors été marié à Elizabeth Comyn. Cette déclaration est fausse, car il demeure l'époux d'Éléonore de Clare jusqu'à sa propre mort en 1326. Malgré ces nombreuses confusions, il semble certain qu'Elizabeth Comyn est libérée en octobre 1325.

Mariages et fin de vie

Le 9 juillet 1326, Édouard II accorde dix livres Ă  Richard Talbot, le fils aĂ®nĂ© et hĂ©ritier de Gilbert Talbot, 1er baron Talbot, « qui avait secrètement Ă©pousĂ© la dame [Elizabeth] Comyn Ă  Pirbright Â». Richard Talbot a auparavant servi les Despenser et reçoit d'Hugues le Jeune le 17 juillet un prĂŞt de dix livres. Peut-ĂŞtre en raison de ses bonnes relations avec la cour, il n'est pas condamnĂ© Ă  payer une amende pour s'ĂŞtre mariĂ© Ă  une importante hĂ©ritière sans l'autorisation royale. Il est possible qu'Elizabeth se soit dĂ©pĂŞchĂ©e de se marier Ă  un proche serviteur des Despenser immĂ©diatement après sa libĂ©ration en octobre 1325 afin d'Ă©viter d'ĂŞtre Ă  nouveau sĂ©questrĂ©e, bien que l'on ne dispose d'aucune preuve permettant de corroborer une telle hypothèse. Ce qui est sĂ»r en revanche, c'est que son nouvel Ă©poux rallie rapidement le parti de la reine Isabelle lorsque cette dernière renverse Édouard II et fait exĂ©cuter les Despenser Ă  l'automne 1326. Il profite de cette occasion d'ailleurs pour reprendre possession de Goodrich, oĂą il s'installe avec Elizabeth[13] - [8].

Sous le règne d'Édouard III, Elizabeth Comyn et Richard Talbot essaient de rĂ©cupĂ©rer une partie de ses possessions[10]. Le 8 mars 1328, le roi ordonne qu'une enquĂŞte soit conduite afin de dĂ©terminer le bien-fondĂ© des revendications d'Elizabeth. Elle sera suivie d'une autre investigation le 12 juillet 1348. Le 27 octobre 1330, Édouard III accorde son pardon Ă  Elizabeth « de diverses reconnaissances faites aux Despenser Ă  la fin du règne, alors qu'elle n'Ă©tait pas mariĂ©e, sur la foi de preuves dignes de foi qu'elle Ă©tait contrainte d'y ĂŞtre liĂ©e par la force et la contrainte Â». Toutefois, dans la pĂ©tition du 19 fĂ©vrier 1331, son neveu David III Strathbogie, 11e comte d'Atholl, dĂ©clare que Hugues le Despenser le Jeune a abusĂ© de ses pouvoirs pour Ă©tablir une partition de l'hĂ©ritage d'Aymar de Valence en faveur d'Elizabeth et rĂ©clame un nouveau partage des possessions du dĂ©funt comte, auquel s'opposent Elizabeth Comyn et son Ă©poux Richard Talbot. Édouard III ordonne le 29 mars 1332 et le 22 mars 1336 de nouvelles enquĂŞtes, qui concluent seulement qu'Elizabeth n'Ă©tait pas bĂ©nĂ©ficiaire du partage opĂ©rĂ© en sa faveur.

Le mariage d'Elizabeth Comyn avec Richard Talbot produit un seul fils, Gilbert Talbot, né aux alentours de 1332. Après la fin des litiges concernant son héritage, elle mène une existence relativement discrète : son mari acquiert une certaine influence auprès du roi Édouard III et se distingue militairement au cours des guerres d'indépendance de l'Écosse ainsi que pendant la guerre de Cent Ans. À la mort de son beau-père en février 1346, elle devient baronne Talbot. Elizabeth devient veuve le 23 octobre 1356. À une date inconnue située entre le 21 février 1357 et le 16 février 1360, elle se remarie en secondes noces avec un certain John Bromwich. Les dernières années de sa vie demeurent complètement inconnues, mais on sait avec certitude qu'elle meurt le 20 novembre 1372[14], à l'âge assez avancé pour l'époque de 73 ans. L'intégralité de ses possessions est alors héritée par son seul fils Gilbert et sera conservée par ses descendants, parmi lesquels figurent les comtes de Shrewsbury du XVe au XVIIe siècle ainsi que les ducs de Norfolk aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Ascendance

Références

  1. Doherty 2003, p. 74–5.
  2. Weir 2006, p. 138.
  3. Underhill 1999, p. 34.
  4. Phillips 1972, p. 235.
  5. Fryde 2003, p. 114.
  6. Rickard 2002, p. 37.
  7. Brayley et Tombleson 1823, p. 2.
  8. Hull et Whitehorne 2008, p. 37.
  9. Phillips 2010, p. 448.
  10. Waugh 2004.
  11. Fryde 2003, p. 115.
  12. Prestwich 2007, p. 207.
  13. Rickard 2002, p. 242.
  14. McAndrew 2006, p. 158.

Bibliographie

  • Edward William Brayley et William Tombleson, A Series of Views of the Most Interesting Remains of Ancient Castles of England and Wales, Londres, Longman, (ISBN 978-1-376-46271-5)
  • Paul Charles Doherty, Isabella and the Strange Death of Edward II, Londres, Robinson, (ISBN 1-84119-843-9)
  • Natalie Fryde, The tyranny and fall of Edward II, 1321-1326, Cambridge, Cambridge University Press, , 312 p. (ISBN 0-521-54806-3, lire en ligne)
  • Lise Hull et Stephen Whitehorne, Great Castles of Britain & Ireland, Londres, New Holland Publishers, (ISBN 978-1-84330-898-0)
  • Bruce A. McAndrew, Scotland's historic heraldry, Woodbridge, Boydell Press, , 632 p. (ISBN 978-1-84383-261-4)
  • Seymour Phillips, Aymer de Valence, earl of Pembroke, 1307–1324. Baronial politics in the reign of Edward II, Oxford, Clarendon Press, (ISBN 0-19-822359-5)
  • Seymour Phillips, Edward II, New Haven, Yale University Press, , 679 p. (ISBN 978-0-300-15657-7)
  • (en) Michael Prestwich, Plantagenet England : 1225–1360, Oxford, Oxford University Press, , 638 p. (ISBN 978-0-19-822844-8 et 0-19-822844-9, lire en ligne)
  • John Rickard, The Castle Community : The Personnel of English and Welsh Castles, 1272-1422, Woodbridge, Boydell Press, , 561 p. (ISBN 978-0-85115-913-3, lire en ligne)
  • Frances A. Underhill, For Her Good Estate. The Life of Elizabeth de Burgh, New York, St. Martin's Press, , 286 p. (ISBN 978-0-312-21355-8)
  • (en) Scott L. Waugh, « Talbot, Richard, second Lord Talbot (c. 1306–1356) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) Inscription nĂ©cessaire
  • Alison Weir, Queen Isabella : She-Wolf of France, Queen of England, Londres, Pimlico, , 494 p. (ISBN 0-7126-4194-7)
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