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Eihei Shingi

Le Eihei Shingi (æ°žćčłćșƒéŒČ) (« RĂšgles pures d’Eihei[-ji] ») est un ensemble de six opuscules prĂ©sentant diffĂ©rents aspects du code de la vie monastique dans un monastĂšre zen, dus Ă  maĂźtre DĂŽgen. Il constitue aujourd'hui encore une source essentielle de la formation des moines zen de l'Ă©cole SĂŽtĂŽ au Japon.

Eihei Shingi
Titre original
(zh) æ°žćčłćșƒéŒČ
Format
Groupe de textes littéraires (d)
Comprend
Langue
Auteur

Ce genre d’écrit trouve son origine en Chine, dans les quinggui (chinois : 枅芏 , « RĂšgles pures ») rĂ©digĂ©s au sein de la tradition chan.

Genre littéraire

C’est dans le bouddhisme chan chinois que les Shingi (ou quinggui) apparaissent. Le premier de ces textes (aujourd’hui perdu) est probablement dĂ» Ă  Baizhang Huahai (720 – 814)[1].

Les Shingi sont textes composĂ©s en gĂ©nĂ©ral par les abbĂ©s fondateurs de temple, qui prĂ©sentent leur conception du comportement que les moines doivent adopter. Ils sont donc partiellement individualisĂ©s, et varient d’un monastĂšre Ă  l’autre. Ce genre d’ouvrage dĂ©crit en gĂ©nĂ©ral le dĂ©roulement des activitĂ©s quotidiennes, donne les horaires, les Ă©vĂ©nements mensuels, les fĂȘtes annuelles, les titres et devoirs des diffĂ©rents moines chargĂ©s de l’administration des temples, le dĂ©roulement des diffĂ©rents services religieux[1].

Contenu du Eihei shingi

Chacun des six fascicules, Ă©crits Ă  diffĂ©rentes dates, traite d’un thĂšme particulier qui dĂ©crit et explique comment se comporter dans le temple de Eihei-ji[2] - [3].

  1. Tenzo KyÎkun (« Instructions au cuisinier ») décrit les tùches et responsabilités du moine chargé de la cuisine (le tenzo) (1237)[Note 1].
  2. BendÎhÎ (« ManiÚres de pratiquer la voie) présente les tùches quotidiennes dans le monastÚre et les pratiques communes comme le zazen (date inconnue).
  3. Fushuku HanbÎ (« RÚgles pour prendre le repas du matin ») décrit la maniÚre correcte de servir et prendre les repas dans la salle des moines (sÎdÎ) (date inconnue)[Note 2].
  4. ShuryĂŽ Shingi (« RĂšgles dans la salle d’études ») montre le comportement Ă  adopter avec les autres moines dans ce lieu (1249).
  5. Taitaiko GogejarihÎ (« RÚgles de conduite avec les anciens et les maßtres) (1244).
  6. Chiji Shingi (« RÚgles pour les intendants du temple ») décrit les tùches et responsabilités des six administrateurs en chef du temple (1246)[Note 3].

Composition et datation

Les dates de composition que l’on a conservĂ©es le montrent : ces six opuscules n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s comme un volume en soi, mĂȘme s’il n’est pas exclu que DĂŽgen ait pensĂ© Ă  les rĂ©unir en une Ɠuvre commune, mais sa mort prĂ©coce l’aurait empĂȘchĂ© de rĂ©aliser ce but. Quoi qu’il en soit, les textes sont Ă©crits en chinois, qui constituaient la langue littĂ©raire du bouddhisme japonais de son temps, un peu comme le latin dans l’Europe mĂ©diĂ©vale[4].

La premiĂšre compilation connue du Eihei Shingi date de 1502, et elle est due Ă  KĂŽshĂ», le sixiĂšme abbĂ© d’Eihei-ji. Elle rĂ©unit les Instructions au cuisinier et le Chihi Shingi. C’est en 1667 que les six essais seront rassemblĂ©s dans un mĂȘme volume par le treiziĂšme abbĂ© d’Eihei-ji, DĂŽshĂŽ ChidĂŽ. Cette Ă©dition est connue sous le nom de Shohon. L’édition couramment utilisĂ©e aujourd’hui est la Rufubon (« Ă©dition populaire ») publiĂ©e en 1794 par le quinziĂšme abbĂ©, GentĂŽ SokuchĂ»[4].

L’apport de Keizan

Le Eihei Shingi est devenu un texte largement utilisĂ© par l’école SĂŽtĂŽ pour la formation des moines. Toutefois, il a aussi Ă©tĂ© complĂ©tĂ© par le Keizan Shingi, autrement dit les « RĂšgles pures » dues Ă  Keizan JĂŽkin (1264-1325), un des plus importants successeurs de DĂŽgen. Keizan a largement popularisĂ© le zen au Japon, dĂ©veloppant des pratiques destinĂ©es aux laĂŻques et mĂȘlant au zen des apports importants du bouddhisme Ă©sotĂ©rique de l’école Shingon[5].

ParallĂšlement, Keizan a veillĂ© Ă©troitement Ă  une transmission complĂšte et rigoureuse de la formation monastique zen, fondant un temple important, le SĂŽji-ji, qui reste le temple principal de l’école SĂŽtĂŽ, aux cĂŽtĂ©s du Eihei-ji. Son Shingi est globalement en accord avec celui de DĂŽgen, tout en dĂ©veloppant le dĂ©roulement des cĂ©rĂ©monies ainsi que certaines pratiques monastiques[5].

Notes et références

Notes

  1. Les textes ne sont pas classés chronologiquement, mais selon l'ordre du manuscrit japonais, repris par Leighton et Okumura, 1996, Baroni, 2002 et Buswell et Lopez, 2014.
  2. Buswell et Lopez ne datent pas les textes 2 et 3, tandis que Baroni donne 1246, tout comme la chercheuse et moniale bouddhiste Yifa, The Origins of Buddhist Monastic Codes in China, Honolulu, Universty of Hawai Press, 2002, (ISBN 0-824-82494-6) p. 41.
  3. Il s’agit aujourd'hui des postes suivants : tsĂ»su (doyen), kansu (adjoint du doyen), fĂ»su (trĂ©sorier), inĂŽ (surveillant des moines), tenzo (cuisinier en chef), chissui (responsable du samu – travail). L’organisation et la terminologie donnĂ©es par DĂŽgen varient un peu par rapport Ă  ce modĂšle (V. DĂŽgen's Pure Standards for the Zen Community. A translation of Eihei Shingi, 1996, p. 208-209).

Références

  1. (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press,, , 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 690
  2. (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton, Princeton University Press,, , 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3), p. 280
  3. (en) Helen J. Baroni, The illustrated Encyclopedia of Zen Buddhism, New York, The Rosen Publishing Group, , 425 p. (ISBN 978-0-8239-2240-6, lire en ligne), p. 79-80
  4. Taigen Daniel Leighton, « Introduction », p. 21-22 in DÎgen's Pure Standards for the Zen Community. A translation of Eihei Shingi, 1996.
  5. Taigen Daniel Leighton, « Introduction », p. 23 in DÎgen's Pure Standards for the Zen Community. A translation of Eihei Shingi, 1996.

Bibliographie

Traductions en anglais

  • (en) DĂŽgen's Pure Standards for the Zen Community. A translation of Eihei Shingi (trad. par Taigen Daniel Leighton et Shohaku Okumura; introduction (p. 1-29) de Taigen Daniel Leighton), Albany, State University of New York Press, , xxii, 272 (ISBN 978-0-791-42710-1)
  • (en) Zen master Eihei Dƍgen's monastic regulations (translated and edited by Ichimura Shohei), Washington, North American Institute of Zen and Buddhist Studies, , 391 p.
  • (en) Zen Master Keizan's Monastic Regulations (translated and edited by Ichimura Shohei), Wahshington, North American Institute of Zen and Buddhist Studies, , xiii, 441

Traduction partielle en français

  • Instructions au cuisinier zen, trad. du japonais et avant-propos par Janine Coursin, Gallimard - Le Promeneur, 1994, 96 p. (ISBN 2-070-73994-5) rĂ©Ă©d. Gallimard, coll. « Folio », 2015 (ISBN 978-2-0704-6320-6)
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