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ELECTRE

ELECTRE est une famille de méthodes d'analyse multi-critères développée en Europe à la fin des années 1960.

L'acronyme ELECTRE signifie elimination et choix traduisant la réalité.

Origines et fondements logiques

ELECTRE est une méthode non compensatoire d'aide à la décision multicritère introduite par Bernard Roy.

La méthode ELECTRE et ses dérivés rejettent les trois postulats de base de l'aide classique à la décision:

  • Rejet du postulat de la rĂ©alitĂ© de premier ordre: ELECTRE porte sur des objets de connaissance qui ne sont pas donnĂ©s car l'identitĂ© du projet dĂ©pend de l'observateur et de son système de valeurs.
  • Rejet du postulat du dĂ©cideur: Dans l'analyse classique, le dĂ©cideur a un système de prĂ©fĂ©rences rationnelles. En rĂ©alitĂ©, le dĂ©cideur est souvent indĂ©cis ; ses prĂ©fĂ©rences Ă©voluent car la dĂ©cision est le rĂ©sultat d'un processus de micro dĂ©cisions qui s'inscrit dans le temps.
  • Rejet du postulat de l'optimum qui justifie la recherche d'un projet optimal dans l'analyse classique d'aide Ă  la dĂ©cision. L'optimum ne peut ĂŞtre atteint que si trois conditions sont satisfaites:
    • Les diffĂ©rentes stratĂ©gies (projets) proposĂ©es au dĂ©cideur sont bien distinctes les unes des autres.
    • StabilitĂ© dans le temps des stratĂ©gies.
    • Complète comparabilitĂ© transitive. C'est-Ă -dire que si A > B et B > C, alors A > C (transitivitĂ©), et que A, B et C sont toujours comparables.

La méthode ELECTRE considère que les projets ne sont pas stables et pas toujours comparables. En effet, il n'est pas toujours possible de déterminer une stratégie meilleure que toutes les autres dans l'absolu. Dans le cadre d'analyse des méthodes multicritères, la valeur accordée à une stratégie est relative.

C'est un modèle d'agrégation des préférences. Contrairement aux méthodes d'analyse multicritères anglo-saxonnes, qui consistent à agréger puis comparer les différents critères, la méthode ELECTRE et ses dérivés les comparent puis les agrègent.


Présentations des différentes méthodes

La méthode ELECTRE I a été élaborée par Bernard Roy en 1968. Avec l'aide de Patrice Bertier, il a ensuite développé la méthode ELECTRE II (B. Roy, P. Bertier 1971). Elles sont basées sur les notions de concordance et de discordance.

Les méthodes ELECTRE I et II ont été suivies de beaucoup d'autres parmi lesquelles :

  • ELECTRE III (1978) qui utilise une relation de surclassement valuĂ©e et une procĂ©dure d'exploitation du graphe valuĂ© utilisant des techniques proches de celles de manipulation des nombres flous pour modĂ©liser les pseudo-critères. ELECTRE III a perdu de la simplicitĂ© des mĂ©thodes originelles et elle ne rencontre plus guère de succès vu sa grande complexitĂ© et un recours important aux valeurs numĂ©riques qui la rapproche des mĂ©thodes d'utilitĂ©.
  • ELECTRE IV (1982) Ă  l'opposĂ©, est très (trop ?) simple et suppose que tous les critères (en fait des pseudo-critères) sont de mĂŞme importance. Elle comporte deux relations de surclassement comme ELECTRE II mais un seul jeu de seuils de veto et la notion de concordance est traduite par une notion de majoritĂ© de critères en l'absence de toute pondĂ©ration.
  • MELCHIOR (JP Leclercq 1984) est une mĂ©thode proche de ELECTRE II mais purement ordinale : elle utilise des pseudo-critères et utilise une relation d'ordre au lieu de poids pour reflĂ©ter l'importance relative des critères. ELECTRE IV apparaĂ®t comme un cas particulier de MELCHIOR lorsque la relation d'ordre sur les critères est une Ă©quivalence.

MĂ©thode ELECTRE I

Les différentes étapes

1. Élaboration des stratégies potentielles:

Définir les projets concurrents sur lesquels va porter le choix des acteurs de la décision.

2. Élaboration des critères qualitatifs et quantitatifs pertinents pour la prise de décision:

Trois exigences sont à respecter pour former une famille cohérente de critères:

  • L'exigence d'exhaustivitĂ© : Ne pas oublier de critère. Attention tout de mĂŞme, plus on met de critères, plus l'analyse devient complexe.
  • L'exigence de non-redondance.
  • L'exigence de cohĂ©rence: Si sur 10 critères, A et B sont Ă©quivalents pour 9 d'entre eux, et que A > B sur le 10e, alors le dĂ©cideur doit choisir A. S'il hĂ©site encore entre A et B c'est que la famille de critères n'a pas Ă©tĂ© construite avec cohĂ©rence.

Nota bene: Il faut apporter une attention toute particulière à cette étape, qui peut s'avérer complexe, notamment si la décision s'inscrit dans une démarche de co-construction.

3. Évaluation de la performance des stratégies potentielles sur chaque critère:

On présente cette étape sous forme de tableau des performances:

Stratégie AStratégie BStratégie CSensPondération
Critère 1634Min3
Critère 2675Max4
Critère 3477Max1

Il contient les performances en note ou en valeur de chaque stratégie sur chaque critère. Le sens indique si on cherche à minimiser ou à maximiser la valeur. On souhaitera par exemple minimiser les coûts, ou encore maximiser le taux d'alphabétisation. Les pondérations expriment l'importance accordée à chaque critère : ici le critère 2 est celui qui pèsera plus lourd dans la décision. Si les pondérations ne sont pas explicites, c'est qu'il a été choisi de donner la même importance à chaque critère. Les méthodes ELECTRE reposent sur une relation de surclassement: A surclasse B si la performance de A sur le critère considéré est au moins aussi bonne que B.

4. Tableau ou matrice de concordance

  • On pose une hypothèse de surclassement: Par exemple A surclasse C.
  • On identifie les critères pour lesquels cette hypothèse est vraie.
  • On additionne les pondĂ©rations correspondant aux critères qui concordent avec cette hypothèse.
  • On calcule l'indice de concordance : (ÎŁ PondĂ©rations des critères de concordant avec mon hypothèse) / (ÎŁ Total des pondĂ©rations)

Si nous reprenons notre tableau: Sur le critère 1, A obtient une note de 6 et C une note de 4; sachant que plus la note est élevé, plus elle est défavorable (sens min), A ne surclasse pas C. Notre hypothèse n'est pas vérifiée. Sur le critère 2, A obtient une note de 6 et C une note de 5 (sens max); donc A surclasse C. Enfin, sur le critère 3, A est surclassée par C. Ainsi, l'indice de concordance est de 4/(3+4+1) = 0,5 L'indice de concordance est toujours compris entre 0 et 1.

  • La matrice de concordance se construit Ă  partir des indices de concordance.
Stratégie AStratégie BStratégie C
Stratégie AX10.5
Stratégie B0X0.125
Stratégie C0.51X

Les hypothèses "B surclasse C" et "C surclasse B" sont vérifiées pour le critère 3 car ces deux stratégies sont au moins aussi performantes l'une que l'autre pour ce critère.

5. Tableau ou matrice de discordance

  • On pose une hypothèse de surclassement: Par exemple A surclasse C.
  • On identifie les critères pour lesquels cette hypothèse est fausse.
  • On additionne les Ă©carts entre les notes des deux stratĂ©gies comparĂ©es sur tous les critères pour lesquels l'hypothèse est fausse.
  • On calcule l'indice de discordance : (max de l'Ă©cart de note sur les critères discordants)/(longueur de la plus grande Ă©chelle)

Ici, on considère que l'échelle des critères 1 et 2 est de 10 et que celle du critère 3 est de 8. Dans le cas de la méthode ELECTRE 1, le dénominateur de l'indice de discordance sera toujours égal à la longueur de l'échelle la plus grande (ici 10 car les notes peuvent varier de 0 à 10).

  • La matrice de discordance se construit Ă  partir des indices de discordance.
Stratégie AStratégie BStratégie C
Stratégie AX00.1
Stratégie B0.3X0.2
Stratégie C0.30X


La méthode de surclassement est alors définie par :

a S b ssi C(a,b).(1-D(a,b) ) ≥ s
oĂą s est le seuil de surclassement.

On obtient ainsi la matrice de surclassement S définie par :

S_ij = 1 si 〖a 〗_i S a_j
S_ij = 0 sinon.


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