Selon une interprétation de Hegel dans La Phénoménologie de l'Esprit, la dialectique du Maître et de l'Esclave : l'esclave est l'être qui, transformant la Nature, accède à l'objet dans son côté actif. Le maître, qui pour sa part ne travaille pas mais fait réaliser, vit immédiatement dans la jouissance de l'objet consommable : il ne connaît que son aspect passif. Il apparaît que l'esclave, travaillant (réalisant) à transformer le monde humain, se transforme lui-même et revendique son autonomie au monde naturel dans sa transformation humaine du monde, tandis que le maître se rend étranger à son monde, qu'il ne reconnaît plus dans la reconnaissance qu'en fait l'esclave. En effet, celui-ci, s'appuyant sur le produit de son travail, peut renverser le rapport de domination pour se retrouver dans l'accomplissement du monde humain : l'égalité.
Le conflit est inhérent à la condition humaine. Hegel dit d'ailleurs de la naissance de l'enfant qu'elle est « la mort des parents ».
Deux êtres humains entretiennent donc des relations tendues, il y a donc conflit et l'un d'eux va accepter de prendre des risques et va devenir le maître : « la vie vaut ce que nous sommes capables de risquer pour elle ». Il n'y a de liberté que par l'acte même de libération : celui qui ne veut pas risquer sa vie risque fort la servitude. Cependant, une fois maître, l'individu devient passif/inactif. C'est son esclave qui travaille, qui s'accomplit. Ainsi le maître devient dépendant du travail de son esclave, il devient l'esclave de son esclave, car c'est en travaillant qu'on atteint la liberté.
Notes et références
Bibliographie
- Hegel, Phénoménologie de l'esprit.
- A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Leçon sur la phénoménologie de Hegel, France, Gallimard, 1947.
- Olivier Tinland, Hegel, Maitrise et servitude, phénoménologie de l'esprit B, IV, A, Ellipses, 2003.