Desert kite
Un desert kite (parfois abrĂ©gĂ© en kite), expression signifiant en anglais "cerf-volant du dĂ©sert", est un dispositif de chasse ou d'Ă©levage des hardes d'animaux herbivores utilisĂ© au Proche-Orient ancien durant le NĂ©olithique. Un kite est une structure Ă murs bas bĂątie en pierres sĂšches. Elle consiste en deux longs murs qui convergent peu Ă peu jusqu'Ă aboutir Ă un vaste enclos Ă la pĂ©riphĂ©rie duquel sont mĂ©nagĂ©es des fosses. L'ensemble, vu du ciel, rappelle la forme d'un cerf-volant[1]. Les kites sont d'abord interprĂ©tĂ©s comme des structures Ă usage cynĂ©gĂ©tique, c'est-Ă -dire destinĂ©es Ă mettre en Ćuvre une technique de chasse. Au fil de la dĂ©couverte de sites plus nombreux, d'autres interprĂ©tations Ă©mergent, montrant que ces structures n'Ă©taient pas toutes adaptĂ©es Ă un usage cynĂ©gĂ©tique et que certaines ont pu servir Ă un usage pastoral (autrement dit, pour l'Ă©levage), ou remplir plusieurs fonctions[2].
Histoire de la recherche sur les kites
Des études archéologiques et des études ethnographiques des XIXe et XXe siÚcles indiquent que les desert kites du Moyen Orient étaient utilisés pour piéger du gibier[3].
La connaissance des desert kites a rapidement progressé dans les années 2010 grùce à l'utilisation massive de prises de vue satellitaires[1]. Une base de données recensant les kites, Globalkites, est mis en projet en 2012, puis mis en ligne[2].
La découverte de desert kites au Yémen dans les années 2000 amÚne à une nouvelle interprétation due aux différences importantes entre les kites yéménites et ceux déjà connus ailleurs, par exemple en Syrie. Cela conduit à remettre en cause l'hypothÚse d'une fonction cynégétique pour les kites yéménites[4].
En 2023, une équipe d'archéologues du laboratoire Archéorient découvre en Jordanie, sur le site d'un kite, un bloc de calcaire d'environ 80 cm de haut et pesant 92 kilos sur lequel est gravé un plan représentant le kite. Ce plan a été gravé il y a environ 9000 ans. Au moment de sa découverte, il s'agit du plus ancien plan architectural connu[5] - [6].
Notes et références
- Olivier Barge, Wael Abu-Azizeh, Jacques Ălie Brochier et RĂ©my Crassard, « Desert kites et constructions apparentĂ©es : dĂ©couvertes rĂ©centes et mise Ă jour de lâextension gĂ©ographique », PalĂ©orient. Revue pluridisciplinaire de prĂ©histoire et de protohistoire de lâAsie du Sud-Ouest et de lâAsie centrale, no 46 1-2,â , p. 179â200 (ISSN 0153-9345, DOI 10.4000/paleorient.407, lire en ligne, consultĂ© le )
- Olivier Barge, « Les âdesert-kitesâ : dâAl-Rawda Ă lâAragatz, la naissance de âGlobalkitesâ », sur ArchĂ©Orient - Le Blog, (consultĂ© le )
- (en) RĂ©my Crassard, Wael Abu-Azizeh, Olivier Barge et Jacques Ălie Brochier, « The Use of Desert Kites as Hunting Mega-Traps: Functional Evidence and Potential Impacts on Socioeconomic and Ecological Spheres », Journal of World Prehistory, vol. 35, no 1,â , p. 1â44 (ISSN 1573-7802, DOI 10.1007/s10963-022-09165-z, lire en ligne, consultĂ© le )
- Matthias Skorupka, « Les « desert kites » yĂ©mĂ©nites », Arabian Humanities. Revue internationale dâarchĂ©ologie et de sciences sociales sur la pĂ©ninsule Arabique/International Journal of Archaeology and Social Sciences in the Arabian Peninsula, no 16,â , p. 5â14 (ISSN 1248-0568, DOI 10.4000/cy.1777, lire en ligne, consultĂ© le )
- Voici les plus anciens plans architecturaux !, article de Kheira Bettayeb et La rédaction sur e site du Journal du CNRS le 22 mai 2023. Page consultée le 10 juin 2023.
- (en) RĂ©my Crassard, Wael Abu-Azizeh, Olivier Barge et Jacques Ălie Brochier, « The oldest plans to scale of humanmade mega-structures », PLOS ONE, vol. 18, no 5,â , e0277927 (ISSN 1932-6203, PMID 37196043, PMCID PMC10191280, DOI 10.1371/journal.pone.0277927, lire en ligne, consultĂ© le )
Bibliographie
- (en) Reuma Arav, Sagi Filin, Uzi Avner et Guy Bar-Oz, « High-resolution documentation, 3-D modeling and analysis of âdesert kitesâ », Journal of Archaeological Science, vol. 57,â , p. 302â314 (DOI 10.1016/j.jas.2015.02.040, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Olivier Barge, Jacques Ălie Brochier, Jean-Marc Deom et Renato Sala, « The âdesert kitesâ of the Ustyurt plateau », Quaternary International, vol. 395,â , p. 113â132 (DOI 10.1016/j.quaint.2015.06.010, lire en ligne, consultĂ© le )
- Olivier Barge, Wael Abu-Azizeh, Jacques Ălie Brochier et RĂ©my Crassard, « Desert kites et constructions apparentĂ©es : dĂ©couvertes rĂ©centes et mise Ă jour de lâextension gĂ©ographique », PalĂ©orient. Revue pluridisciplinaire de prĂ©histoire et de protohistoire de lâAsie du Sud-Ouest et de lâAsie centrale, no 46 1-2,â , p. 179â200 (ISSN 0153-9345, DOI 10.4000/paleorient.407, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Alison Betts et David Burke, « Desert kites in Jordan - a new appraisal », Arabian Archaeology and Epigraphy, vol. 26, no 2,â , p. 74â94 (DOI 10.1111/aae.12062, lire en ligne, consultĂ© le )
- GĂ©rard Chouquer, PlanimĂ©tries fossiles des dĂ©serts du Moyen Oriennt (Ă propos des âcerfs-volants du dĂ©sertâ ou âdesert kitesâ), octobre 2022, 10 p., en ligne. [lire en ligne]
- Svend W. Helms et Alison Betts, « The Desert "Kites" of the Badiyat Esh-Sham and North Arabia », PalĂ©orient, vol. 13, no 1,â , p. 41â67 (ISSN 0153-9345, DOI 10.3406/paleo.1987.4416, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) A. Holzer, U. Avner, N. Porat et L.K. Horwitz, « Desert kites in the Negev desert and northeast Sinai: Their function, chronology and ecology », Journal of Arid Environments, vol. 74, no 7,â , p. 806â817 (DOI 10.1016/j.jaridenv.2009.12.001, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Sahar al Khasawneh, Andrew Murray, Kristina Thomsen et Wael AbuAzizeh, « Dating a near eastern desert hunting trap (kite) using rock surface luminescence dating », Archaeological and Anthropological Sciences, vol. 11, no 5,â , p. 2109â2119 (ISSN 1866-9557 et 1866-9565, DOI 10.1007/s12520-018-0661-3, lire en ligne, consultĂ© le )
Articles connexes
Liens externes
- (en) Globalkites, base de données mondiale de desert kites