Der Schüler Gerber
Der Schüler Gerber (L'Élève Gerber) est un roman de l'écrivain autrichien Friedrich Torberg publié en 1930 à Vienne.
Les origines du roman
Der Schüler Gerber est le premier roman du jeune Friedrich Torberg. Il décrit l'histoire du jeune étudiant Kurt Gerber qui se suicide après des événements tragiques à la suite des examens finals de la Matura. Torberg s'est inspiré de sa propre vie, car il avait échoué aux examens en 1927 et ne fut déclaré "mature" que lors de son deuxième passage en 1928. Durant l'année 1929, plusieurs articles de journaux parlent de quelques suicides d'élèves et ont inspiré l'auteur pour écrire un roman sur ses propres faits vécus et ces événements tragiques. Le roman peut être analysé comme une plaidoirie contre la subjectivité des enseignants et les contextes d'évaluation d'apprentissages de façon générale. Le livre pose implicitement la question : si les mauvais élèves étaient encore des mauvais élèves et les bons élèves encore des bons élèves, si on changeait les enseignants et directeurs d'écoles. Ce roman, largement discuté en Autriche lors de sa publication, suscite encore aujourd'hui la polémique : certains événements mentionnés dans le livre sont toujours réalistes et présents dans certaines formes de normes éducatives, ce qui le rend pédagogiquement pertinent. Dans certains cours de pédagogie actuels au Gymnasium allemand, la lecture de ce livre est fortement suggérée.
Résumé
Kurt Gerber est dans sa dernière année scolaire et doit faire face à un enseignant froid, dominant et anti-social qui est détesté par tous les élèves qui est le professeur Artur Kupfer. Lors des vacances avant le début de l'année scolaire, Kupfer rencontre la famille Gerber par hasard durant les vacances et annonce au père de Kurt qu'il voudrait "briser" son fils et lui apprendre le respect et l'obéissance d'une manière autoritaire et militaire, s'il se comportait mal durant ses cours. Le père suggère donc à son fils de changer d'école ou de suivre des cours privés pour éviter de rencontrer le professeur Kupfer, mais Kurt veut absolument réussir sa dernière année d'école pour faire un doctorat en études de droit ou encore en philosophie et veut accepter le défi de faire face à Artur Kupfer.
Trois éléments tragiques détruisent au fur et à mesure la confiance de l'élève en lui-même. Premièrement, il y a le "Dieu" Kupfer qui a une forte antipathie contre Kurt Gerber qu'il trouve trop rebel et intellectuel et qui réussit également de briser le sentiment de solidarité au sein de son groupe-classe, par la suite la relation de Kurt Gerber envers la mystérieuse femme fatale Lisa Berwald qui semble jouer avec lui, qui réagit à ses approches amoureuses, mais qui disparaît parfois pendant des semaines, flirte avec d'autres jeunes hommes et se crée des relations infidèles et instables d'une manière naive et enfin la situation médicale du père très émotif de Kurt Gerber qui avait subi une crise cardiaque et qui risque de mourir d'une autre crise cardiaque qu'il pourrait par exemple subir lorsque son fils échoue à l'école.
Kurt Gerber prend le plus de récupérations possibles avant les examens finals de la Matura. Il se compare à un élève qui est d'habitude très fort en mathématiques, mais lorsque celui-ci échoue aux exigences d'Artur Kupfer, Kurt Gerber est complètement déstabilisé. Bien que la plupart des enseignants l'encourageant fortement et ont eux-mêmes une peur ou haine envers Artur Kupfer, Kurt Gerber perd de plus en plus le sens de la réalité, surtout lorsque son examen oral en mathématiques devant plusieurs enseignants et trois autres élèves en avant de la classe se passe mal. Après cette première épreuve orale négative, Kurt Gerber se déstabilise et fait des erreurs inhabituelles dans les épreuves de latin, de poésie et littérature germanophone et d'histoire et géographie. Durant une pause durant les examens, il se dispute avec ses camarades de classe et une bataille générale est évitée à peine. À la fin de toutes les épreuves, Kurt Gerber est ainsi seul dans un petit couloir et est certain que ses examens se sont mal passés. Il perd le contrôle, monte sur une fenêtre et saute dans le vide pour se suicider. Peu après, ses camarades de classe remarquent sa disparition, mais c'est déjà trop tard. Lorsque les enseignants quittent la classe où avaient lieu les examens oraux pour annoncer que Kurt Gerber a fatalement réussi ses examens et obtenu le diplôme de la matura malgré tout, ils découvrent son cadavre.
Analyse
Années 1920, en pays germanophone, sans doute en Autriche ou en Suisse alémanique, dans une grande ville (non nommée), une classe fait sa rentrée en classe terminale de Lycée Moderne XVI (Gymnasium), avec pour objectif la Maturité (équivalent du Baccalauréat/Abitur). Les 32 élèves (se connaissent tous pour avoir les années précédentes formé cette bande de rebelles : des 28 garçons et 6 filles, seule Lisa Berwald est absente, qui a pris un emploi dans l'atelier Dremon de travaux d'aiguilles.
Le plan de classe, établi par un élève, signale les noms de tous, même si fort peu interviennent dans le récit. : le fayot, le très-faible, le temporisateur, l'intermédiaire, les admirateurs, lies suveurs. Et un individu isolé : Kurt Gerber.
Le récit se concentre sur trois personnages, figures malheureuses, suisses ou autrichiennes : Kurt Gerber, Lisa Berwald, et le professeur Kupfer.
Les autres professeurs nommés sont des compléments du professeur principal : Franz Mattusch (allemand), Anton Prochaska (histoire-géant, acent de Bohême), Borchert (français, LV1, en dernière année), Hussack (mathématiques-physique), Filip (philosophie...), Seelig (logique), Rothbart (géométrie descriptive), Niesset (latin).
L'examen de Maturité est dirigé par le Professeur Marion, Inspecteur Régional des Écoles, extérieur à l'établissement.
Kurt Gerber
Ce jeune adolescent (17-18 ans) est considéré par les autres professeurs comme capable, intelligent, voire sympathique, quoique relativement désinvolte. Il n'est pas du genre à fayoter, mais plutôt à provoquer, ou du moins à manifester un cezrtain irrespect adolescent, que les autres élèves apprécient.
Pour ses parents, aussi stressés que lui, il est le fils unique sur qui la vie repose. Et la maladie du père, au cours de cette année cruciale, est fragilisée. Dès le premier soir, il demande à son fils de changer immédiatement d'établissement scolaire : il va te torturer. Pour lui, clairement, Kurt manque de maturité.
Kurt, Geri ou Scheri, est le personnage principal, amoureux secret et discret (du moins le croit-il) de Lisa, et donc perturbé par son absence, et la difficulté à la retrouver (au ski à Noël, et parfois sous un porche) : Lisa lui échappe toujours, alors qu'il n'échappe presque jamais au professeur Kupfer.
Son père lui propose des cours particuliers auprès d'un professeur extérieur à l'établissement, ce qu'il refuse, au profit de cours avec d'autres élèves de la classe. Il peut ainsi obtenir provisoirement de meilleures appréciations : il est alors fui par les prolétaires de la notation (Traître !) et les autres (Parvenu !).Puis il rechute parmi les irréductibles.
Les dix mois sont ponctués de divers incidents, plus violents à mesure qu'approche la fin de l'année, ndont le suicide d'un élève.
Professeur Kupfer
Despote absolu, Kaiser Kupfer est un excellent connaisseur de sa discipline (mathématiques et géométrie descriptive), auteur de manuels réputés.
Cavalier, tennisman, il est locataire d'un appartement chez une baronne veuve, à qui il inspire de la répulsion (Tout en lui sonnait tellement creux). Pour son intérieur, il a choisi la bohême, et tient à ce que son bureau soit un capharnaüm. Célibataire, la quarantaine, moustache blonde, il reçoit avec force bruits quelques invitées d'un soir, serveuses, danseuses, cocottes, de quoi confirmer sa toute-puissance quasi divine. Mais il n'avait rien d'un dieu aux yeux des gens. Juste un idiot !
Il vit vraiment en tant que professeur de lycée, capable de dire Untel, Assis, Insuffisant. Son discours de début d'année relève de l'arrogance, de la fanfaronerie, de l'auto-satisfaction. En classe, son comportement est assez monstrueux : intolérance, absence de mansuétude et/ou d'empathie, infantilisation, réprimande, avertissement, blâme, retenue, brimade, vexation. Le rôle des professeurs vigilants est d'empêcher ces buffles nonchalants de faire preuve de la moindre tentative d'entraide ou de solidarité, au moins en classe.
Esclave de sa propre volupté, Kupfer était Kismet, de destin (p. 23). Il choisissait ses victimes, il était avide des gros mollassons. Ce Gerber, il voulait sa perte (p. 28). Pour ce salaud passionné, l'élève est brisé par le professeur (p. 332).
Lisa
Élisabeth Berwald est troublée par la vanité d'une existence sans but (p. 134). À 17-18 ans, elle fait la connaissance d'Otto Engelhart. Elle est prête à se marier à 19 ans, mais il ne le souhaite pas, ayant d'autres intérêts sentimentaux ou sexuels, et elle abandonne ses études.
Le lecteur accompagne Kurt, jeune romantique, puceau, maladroit, sentimental, simple, amoureux, gentil. Lisa serait presque prête à en faire son quatrième ou cinquième compagnon, sans exclusive, même si elle ne désire plus être aimée.
Kurt fait la connaissance des amis de Lisa, qui l'invitent au réveillon de Noël : Willi Wagenschmid, Paus Weismann (peintre), Grete Blitz, Hilde Fischer, Bobby Urban (compositeur). Les rares occasions de duo avec Lisa, dont la coupure de courant dans le tortillard, sont décevantes. Et Paul, son compagnon de chambre considère Lisa comme une des plus charmantes fouteuses de merde que je connaisse.
Au mieux, cette vamp, à la Louise Brooks est une fille perdue, et contribue à déstabiliser durablement Kurt, incapable de faire face sur deux fronts.
Éditions
Une nouvelle édition en français, traduction de Françoise Toraille, aux éditions Zoé, en 2016, porte le titre L'élève Gerber.
Adaptation
- 1981 : Der Schüler Gerber, téléfilm autrichien réalisé par Wolfgang Glück pour la télévision autrichienne. Tourné à Vienne, le téléfilm met en vedette Gabriel Barylli qui joue le rôle de l'élève et Werner Kreindl qui incarne l'enseignant. Le film respecte très étroitement le roman.