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Dans la peau de Jacques Chirac

Dans la peau de Jacques Chirac est un film français réalisé par Michel Royer et Karl Zéro, sorti le . Ce faux documentaire, ou « documenteur », met en scène la biographie vidéo de Jacques Chirac, alors président de la République française, sur un ton très critique et satirique.

Dans la peau de Jacques Chirac
Description de cette image, également commentée ci-après
RĂ©alisation Michel Royer et Karl ZĂ©ro
Scénario Michel Royer
Karl ZĂ©ro
Éric Zemmour
Sociétés de production Bonne Pioche
Méfiez-Vous des Contrefaçons
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Faux documentaire

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film remporte le César du meilleur film documentaire en 2007, lors de la 32e cérémonie des César.

Synopsis

Dans la peau de Jacques Chirac retrace la carrière de l'homme politique depuis son entrée au gouvernement Pompidou en 1967 à partir des archives audiovisuelles de ses passages télévisés. Il s'agit pour le président de la République, dont la voix est imitée par Didier Gustin, d'établir le bilan de ses années de pouvoir à un an des élections présidentielle et législatives de 2007. Michel Royer et Karl Zéro ont sélectionné, parmi des milliers d'heures d'archives, les moments-clé de la vie d'homme politique de Jacques Chirac, ses contradictions à répétition, sa capacité à se débarrasser de ses ennemis politiques, et à, finalement, conquérir le pouvoir.

Commentaires

Selon Karl Zéro, le réalisateur, le film n'atteint pas son but premier, à savoir démolir définitivement la réputation de Jacques Chirac. Il dit avoir commencé à travailler à son film « avec deux haches à la main », et n'avoir réussi qu'à montrer « ce que Jacques Chirac est vraiment », c'est-à-dire un Français bien caricatural, débonnaire et considérant que les lois sont pour les autres, mais ayant un bon fond bien sympathique.

« C'est vrai qu'avec mon coréalisateur Michel Royer, l'idée initiale était de le dézinguer. On était en 2004, Chirac était à l'Élysée depuis 1995, et on voulait compiler toutes les archives pour montrer à quel point c'était un pantin grotesque qu'on détestait. Et au fur et à mesure qu'on avançait, on le trouvait sympa. De plus en plus. Au point de céder à un irrésistible mimétisme : on se mettait à parler comme lui, je me suis coiffé comme lui… À la fin, c'était notre copain ! Et le film est finalement un cri d'amour. »

— Karl Zéro, 2019[1].

« Karl Zéro voulait faire un Jacques Chirac en caricature. Je lui ai dit non, essayons de le faire tel qu'il peut être dans la vie. Il discute, il parle en fumant une clope, en buvant un verre de vin. On a raconté son histoire de façon marrante avec toutes les contradictions que pouvait avoir le personnage. »

— Didier Gustin, 2019[2].

Fiche technique

Distribution

Production

Michel Royer et Karl Zéro passent d'abord plus d'un an à regarder les archives télévisées impliquant Jacques Chirac, Karl Zéro expliquant qu'il serait le personnage le plus passé à la télévision française, quasiment tous les jours depuis 1967[3]. Ils visionnent ainsi « des centaines de milliers d'heures, c'était insupportable ! »[3]. Des archives étrangères sont aussi étudiées, notamment parce que les journalistes étrangers sont selon Zéro moins déférents à l'égard de Chirac que les journalistes français[3].

Le film nĂ©cessite un important budget de 1,8 million d'euros, principalement destinĂ© Ă  l'achat des droits d'utilisation des archives auprès de l'Institut national de l'audiovisuel[4]. Il est majoritairement financĂ© par Karl ZĂ©ro lui-mĂŞme, ainsi que par la sociĂ©tĂ© Bonne Pioche (productrice du documentaire Ă  succès La Marche de l'empereur), sans l'apport de chaĂ®nes de tĂ©lĂ©vision, rĂ©ticentes Ă  diffuser ce « documenteur »[4].

L'Ă©crivain polĂ©miste Éric Zemmour, qui avait un livre sur Jacques Chirac, L'Homme qui ne s'aimait pas, participe Ă  l'Ă©laboration des textes du film, mais Karl ZĂ©ro dĂ©clare n'avoir que peu utilisĂ© ce qu'il avait Ă©crit[5] : « Je lui ai demandĂ© ce qu'il pouvait nous apporter. Il a commencĂ© Ă  raconter son point de vue, qu'il a mis par Ă©crit sur une dizaine de pages moyennant 15 000 euros environ. La synthèse de son boulot, c'Ă©tait que Jacques Chirac Ă©tait un grand con qui ne savait pas quoi faire de sa vie. Je ne sais pas si ça vaut 15 000 euros, mais bon, c'Ă©tait trop tard, j'avais payĂ© ! J'aurais sans doute pu trouver une gorge profonde plus volubile et moins chère ! »[1].

Autour du film

  • On entend souvent la chanson Jacques Chirac, maintenant.
  • Le Ă  22 h 40 est diffusĂ© sur Canal + une sorte de suite Ă  Dans la peau de Jacques Chirac intitulĂ©e Chirac rebat la Campagne. Une fois de plus, Karl ZĂ©ro fait appel Ă  l'imitateur Didier Gustin, qui prĂŞte sa voix Ă  l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, cette fois-ci pour commenter l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2012[6].

Accueil

Claude Chirac, fille de Jacques Chirac, accuse Karl Zero d'avoir fait un portrait Ă  charge[5]. D'autres, Ă  l'inverse, trouvent que le film le rend sympathique et humain[5], Ă  l'instar de sa marionnette aux Guignols de l'info.

« Des responsables du Vrai Journal, on attendait un pamphlet ironique. Leur vrai-faux documentaire est plus malin. Il n'y a, ici, aucune image truquée, mais plutôt des archives rares ou inscrites au panthéon du bêtisier, des déclarations authentiques truffées de contradictions. Résultat : la réalité est plus épatante que la fiction. D'aucuns trouvent le portrait à charge, on préfère le terme « mordant ». Ambitieux, roublard, coléreux, drôle, perdu, Jacques Chirac y apparaît finalement tel qu'il est: un humain comme les autres — le problème, c'est qu'il est aussi président de la République. Capable de bévues phénoménales et de ridicule croquignolet. Que soulignent avec pertinence Karl Zéro et Eric Zemmour, via un texte introspectif « pour de rire » — ce qu'on entend sont les pensées quelque peu arrangées de Chirac. Et qui provoquent beaucoup de rires. »

— Christophe Carrière, L'Express, [7].

« Dans la peau de Jacques Chirac (…) est un impitoyable montage d'images choisies parmi des milliers d'archives (…). Quel homme politique résisterait à un tel traitement : pointer du doigt les contradictions dans quarante ans de discours ? Avec celui-là, il est vrai, on n'est jamais déçu. (…) Le film a juste un point faible : le mélange des genres. Parfois, la voix de l'imitateur Didier Gustin se substitue à celle de Chirac pour commenter, en disant « je », ses victoires, ses défaites ou ses gaffes. L'artifice affaiblit la démonstration. (…) Grâce à un fantastique travail de recherche, cette « autobiographie non autorisée » retrace quarante ans de vie politique à travers un homme qui fut ministre, Premier ministre, maire de Paris, député, conseiller général puis président de la République. Ceux qui n'aiment pas Jacques Chirac y trouveront toutes les raisons de conforter leur opposition, même si la tendresse de Karl Zéro affleure souvent sous sa férocité. Et ceux qui l'aiment revivront avec émotion (eh oui !) ce destin comme on n'en fera sans doute plus. En pleurant peut-être sur leurs illusions envolées. »

— Béatrice Houchard, Le Parisien, [8].

Citations

  • « Je vous ai eus Ă  l'usure quand tant d'autres ont perdu au mĂ©rite. »
  • « Tu les rinces un peu, et hop, tous derrière et moi devant, comme le petit cheval blanc. »
  • « L'Europe, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. »
  • « Si vous saviez le plaisir que j'ai pu Ă©prouver Ă  passer pour un blaireau, surtout au milieu de corniauds. »
  • « Ils voulaient ma place, mais malheureusement des juges se sont intĂ©ressĂ©s Ă  certains d'entre eux de près, qu'y puis-je, la justice dans notre pays est indĂ©pendante, et d'ailleurs je suis le garant de son indĂ©pendance. »
  • « Comme on dit en Corrèze, qui s'est frottĂ© Ă  l'ail, ne peut sentir la giroflĂ©e. »
  • « Ça sent le Roussin, heuuuuuu, le roussi. »
  • « Que voulez vous, je suis Français, et j'adore aller expliquer aux autres ce que je suis infoutu de faire chez moi. »
  • « La petite saletĂ©. - Comme je dis maintenant il faut marcher dessus, et du pied gauche en plus, ça porte bonheur. » (en parlant de Nicolas Sarkozy).
  • « Les feux rouges, je les ai grillĂ©s toute ma vie, tu crois peut-ĂŞtre qu'on en arrive lĂ  en auto-stop ? »

Distinctions

Notes et références

  1. Christophe Carrière, « Karl Zéro : “À l'heure d'Internet, Chirac n'aurait pas fait carrière un quart d'heure!” », sur www.lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  2. Cédric Lieto, « Mort de Jacques Chirac : quand le Vosgien Didier Gustin se glissait dans la peau du président », sur www.francebleu.fr, (consulté le ).
  3. [vidéo] Institut national de l'audiovisuel, Interview Karl Zero Dans la peau de Jacques Chirac - Archive INA sur YouTube, Tout le monde en parle, 13 mai 2006.
  4. « Suite interview Karl Zero Dans la peau de Jacques Chirac » [vidéo], sur ina.fr, Tout le monde en parle, France 2, (consulté le ).
  5. Carlos Gomez, « L'infime regret de Karl Zéro », sur www.lejdd.fr, Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  6. Fiche du film "Chirac rebat la campagne" sur le site de Canal +.
  7. Christophe Carrière, « Dans la peau de Jacques Chirac — Critique », sur www.lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  8. Béatrice Houchard, « Karl Zéro met Chirac en boîte », sur www.leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le ).
  9. [vidéo] Dans la peau de Jacques Chirac de Karl Zéro & Michel Royer, César 2007 du Meilleur Documentaire sur Vimeo, Canal +, 24 février 2007.

Liens externes

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