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DĂ©tecteur de victimes d'avalanches

Un détecteur de victimes d'avalanches (DVA), ou appareil de recherche de victimes d'avalanche (ARVA, marque déposée), est un appareil électronique émetteur-récepteur d'un signal radio particulier, destiné à localiser rapidement son porteur si celui-ci est enfoui sous une avalanche de neige, par un autre DVA manipulé à proximité par une personne portant secours.

DVA numérique en mode recherche
DVA numérique avec afficheur LED

Histoire

En 1940, l’ingĂ©nieur suisse F. Bächler a l’idĂ©e d’équiper d’émetteurs Ă©lectromĂ©caniques les troupes militaires exposĂ©es aux dangers d'avalanche[1]. Il faut attendre 1960 pour que des travaux concrets basĂ©s sur l’idĂ©e de F. Bächler soient rĂ©alisĂ©s. En 1968, J. Lawton dĂ©veloppe aux États-Unis le premier système d’émetteur-rĂ©cepteur sur la frĂ©quence de 2 275 kHz (système Skadi), utilisĂ© dès l’hiver 1970 par des patrouilleurs de la station de ski d’Aspen. Toujours en 1968, et sur mandat de l’armĂ©e suisse, la sociĂ©tĂ© suisse Autophon AG dĂ©veloppe son premier DVA. Les essais sur le terrain sont rĂ©partis sur deux ans, pour aboutir au VS68 jaune, Ă©mettant sur 457 kHz et bien connu des soldats de montagne. La deuxième version, rouge, le DVA75, est suivie en 1988 par le « Barryvox VS68-2 », dans une version remaniĂ©e du premier VS68, de couleur orange et reste commercialisĂ©e jusqu’en 1994. Au total plus de 100 000 appareils ont Ă©tĂ© vendus. Ă€ la mĂŞme Ă©poque, le « Pieps 1 », opĂ©rant sur 2 275 kHz, voit le jour en Autriche. Les deux appareils Ă©tant incompatibles, des fabricants construisent des appareils opĂ©rant sur les deux frĂ©quences. En 1985, la marque ARVA commercialise l'ARVA 4000[2].

En 1984, grâce aux efforts de la CISA (Commission internationale du secours alpin) et de la DIN (Deutsches Institut fĂĽr Normung), une frĂ©quence unique est normalisĂ©e Ă  457 kHz ; cette norme europĂ©enne est finalement devenue mondiale. Jusqu’en 1998, la technologie est analogique, la recherche est basĂ©e sur l’intensitĂ© sonore du signal. Puis, dès 1998, la technologie numĂ©rique permet le traitement de l’information, avec indication de la distance et la direction. En 2003 apparaĂ®t le premier appareil Ă  trois antennes (une antenne en Ă©mission et trois antennes en rĂ©ception).

D'autres méthodes plus récentes utilisent des radars qui détectent par exemple les téléphones portables[3].

Principe

L'appareil fonctionne sur piles et dispose de deux modes exclusifs : émission et réception. Il émet ou détecte selon une fréquence de l'ordre de la seconde un signal radio à 457 kHz (norme européenne de 1984), spécifique et unique mondial depuis 1992, traversant assez bien un milieu aqueux tel que l'avalanche, d'assez faible portée (environ 80 mètres). Les balises d'avalanches sont régies notamment par la norme européenne NF EN 300718-3 publiée en [4], dont la première version datant de mars 1997 a été adoptée en mars 2000[5] par l'AFNOR. Pour pouvoir retrouver à l'aide d'un DVA une victime sous une avalanche, il faut donc d'une part que la victime en soit elle-même équipée, en position d'émission et d'autre part que le secouriste en soit lui aussi équipé, en position de réception. La protection d'un groupe n'est donc effective que lorsque chaque membre est muni d'un DVA dont le bon fonctionnement aura été vérifié, en émission comme en réception, au début de la sortie, puis placé en mode émission dès le départ.

En situation préventive normale, le DVA se place en mode émission sur le buste de son utilisateur. Un témoin lumineux ou sonore lui signale la validité de cette position de fonctionnement.

Le mode rĂ©ception du DVA permet de localiser un appareil similaire Ă©metteur voisin. Ce mode ne peut pas ĂŞtre activĂ© d'une manière involontaire. Les indications de rĂ©ception sont sonores et visuelles. Elles dĂ©pendent principalement de la distance Ă  l'Ă©metteur dĂ©tectĂ©. Ă€ la suite d'un accident d'avalanche, tous les autres membres passent leur DVA en mode « rĂ©ception Â», pour s'assurer qu'ils ne soient pas confondu avec les personnes ensevelies. Après recherche, il faudra rebasculer tous ces DVA en mode « Ă©mission ».

Les différents types de DVA

Les DVA se distinguent essentiellement par leur mode recherche et les fonctions associées : les plus basiques émettent un signal sonore dont l'intensité évolue en rapport avec la puissance du signal reçu, qui dépend de la proximité avec l'appareil émetteur et de l'orientation de l'appareil récepteur. D'autres modèles ajoutent au son un affichage par plusieurs DEL qui traduit également l'intensité du signal reçu. Les plus performants, enfin, contiennent jusqu’à trois antennes et d'un microprocesseur qui permet de calculer la direction et l'éloignement de l'émetteur. L'affichage de ces données à l'écran de l'appareil permet d'accélérer la recherche des victimes et donc leur dégagement. L'antenne principale est toujours parallèle au plus grand côté de l'appareil, c'est un point important lors de la recherche dite directionnelle.

Recherche d'une victime

Besoin de formation

La recherche de victimes d'avalanche à l'aide d'un DVA demande un entraînement approprié, et nécessite une pratique régulière. Les conditions de stress liées à la recherche de compagnons ensevelis, la difficulté du déplacement dans la pente et dans la neige, ainsi que les risques potentiels de sur-avalanche sont autant de facteurs qui rendent cette recherche difficile, voire impossible à toute personne non entraînée. Au-delà d'un quart d'heure passé sous la neige (90 % de chances de survie), les chances de retrouver des survivants diminuent très rapidement[6].

Il est donc important d’insister sur la formation et la pratique régulière d'exercices de recherche avec DVA pour toute personne désireuse de pratiquer des sports de neige en montagne, tels que le ski de randonnée ou le ski hors piste ou la raquette à neige.

MĂ©thodes de recherche

Lorsque l'avalanche s'écoule, les personnes abritées doivent amasser un maximum d'informations sur les personnes ensevelies :

  • nombre de victimes ;
  • dernier point oĂą les victimes ont Ă©tĂ© aperçues avant de disparaĂ®tre ;
  • trajectoire avant l'ensevelissement...

Une fois l'avalanche stabilisĂ©e, toutes les personnes disponibles doivent passer leur DVA en mode « recherche Â» pour ne pas troubler le signal Ă©mis par les victimes, mais il ne faut pas Ă©teindre les appareils, pour ne pas s'exposer en cas de nouvelle coulĂ©e. Certains appareils ont un mode «  Ă©mission sauvetage » qui permet de basculer de nouveau en mode rĂ©ception lorsque qu'aucun mouvement du sauveteur n'est dĂ©tectĂ© en cas de nouvelle avalanche[7].

Phases de recherche

La recherche se découpe alors en plusieurs phases distinctes.

Approche préliminaire

Il s'agit de parcourir la zone de dĂ©pĂ´t de l'avalanche Ă  partir du dernier endroit ou les victimes on Ă©tĂ© vu par bandes successives sur toute sa largeur pour capter un premier signal d'Ă©mission. Chaque DVA a une portĂ©e maximale (20 Ă  70m selon les appareils[8]), qui doit servir de rĂ©fĂ©rence pour dĂ©terminer la « profondeur Â» des bandes. En pratique, une traversĂ©e tous les 20m environ permet d'ĂŞtre sĂ»r de balayer toute la zone, surtout si on ne sait pas quel type d'appareil possède la victime.

Recherche

À partir du moment où un premier signal est détecté, signalant la présence d'une victime à quelques dizaines de mètres, la méthode privilégiée de nos jours est de suivre rapidement la direction indiqué par l'appareil pour se rapprocher de la victime[9]. Pour les ancien appareils possédant une seule antenne il fallait utiliser les méthodes de recherche en croix ou la recherche directionnelle plus fastidieuses.

Recherche finale

Lorsque le signal d'Ă©mission est proche du maximum, la recherche finale permet de localiser prĂ©cisĂ©ment l'endroit oĂą planter la sonde pour un premier contact avec la victime. Avec la plupart des appareils, cette recherche doit ĂŞtre effectuĂ©e « en croix Â», appareil Ă  la verticale, au niveau des genoux[10].

LĂ  oĂą le signal est le plus fort, planter un point de repère (bâton ou autre), perpendiculairement au manteau neigeux, et recommencer avec la sonde en dĂ©plaçant de quelques dizaines de centimètres en spirale jusqu'Ă  « trouver Â» un contact[11]. Si la victime est profondĂ©ment ensevelie, la zone de sondage sera plus large puisque la recherche finale sera moins prĂ©cise. La profondeur d'ensevelissement est donnĂ©e par la sonde. Il convient de la reporter Ă  l'aval pour commencer de creuser « Ă  plat Â» en direction de la victime, surtout si celle-ci est couverte de beaucoup de neige qu'il faudra dĂ©blayer, chose impossible dans un trou en puits.

Pour une situation plus compliquée d'ensevelissement de plusieurs victimes rapprochées, des méthodes des microbandes de recherche ou de micro-box[12] peuvent être utilisés par des personnes expérimentées.

Dans un contexte où chaque seconde peut être vitale, la sonde à neige et la pelle à neige sont des compléments indispensables du DVA, d'une part pour repérer précisément un corps enseveli, et d'autre part le dés-ensevelir rapidement. Le dégagement de la neige par d'autres moyens, tels les mains, les spatules de ski ou les raquettes, est très inefficace. Il faut compter environ 40 minutes pour dégager une personne sous 1,5 mètre de neige. À cela, il faut ajouter la maîtrise des gestes de premiers secours en raison des conséquences les plus courantes des avalanches comme les polytraumatismes, hypothermies et détresse cardio-ventilatoire.

Notes et références

  1. Lilian Martinez, « L’histoire des Détecteurs de Victime d’Avalanche (DVA) – 1ère partie », sur Ski-libre, (consulté le )
  2. « A propos | ARVA », sur arva-equipment.com (consulté le ).
  3. « Vosges : les gendarmes équipés d'un radar pour détecter une personne ensevelie sous une avalanche », sur France Bleu, (consulté le )
  4. NF EN 300718-3 Mai 2004, sur le site boutique.afnor.org
  5. Avis relatifs à l’homologation et à l’annulation de normes - NOR : ECOI0010020V, sur le site equipement.gouv.fr
  6. chances de survies pour les victimes d'avalanches, sur le site de l'ANENA
  7. Mammut, « Barryvox S », Manuel de référence,‎ , p. 36 (lire en ligne [PDF])
  8. Mammut 2020, p. 69.
  9. Mammut 2020, p. 44.
  10. Mammut 2020, p. 45.
  11. Mammut 2020, p. 46.
  12. Mammut 2020, p. 61.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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