Crucifix de Spolète
Le Crucifix de Spolète est un grand crucifix peint en tempera sur parchemin appliqué sur bois, réalisé en 1187 par Alberto Sotio ; la grande croix peinte est exposée et conservée dans la cathédrale de Spolète.
Artiste | |
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Date |
1187 |
Type |
Tempera sur parchemin appliqué sur bois |
Dimensions (H Ă— L) |
278 Ă— 200 cm |
Localisation |
Le crucifix est signé et daté dans la partie inférieure de la figure du crâne d'Adam sous l'image du Christ « OPUS ALBERTO SO 1187 »[1].
Histoire
Le crucifix peint d'Alberto Sotio a été réalisé en 1187 pour la petite église romane Saint-Jean-et-Saint-Paul de Spolète. Elle est restée à cet endroit jusqu'en 1877 année durant laquelle l'œuvre a été transférée dans la cathédrale de Spolète[2]. Elle est située dans une niche de la nef gauche de l'édifice.
Description
Le crucifix a été peint sur parchemin appliqué au bois[2].
Le Crucifix de Spolète respecte les conventions du Christus triumphans, Christ mort mais triomphant sur la croix, issu de l'iconographie religieuse gothique médiévale occidentale (qui sera à son tour remplacé par le Christus patiens, résigné à la mode byzantine de Giunta Pisano et ensuite, à la pré-Renaissance, par le Christus dolens des primitifs italiens).
Attributs du Christus triumphans montrant la posture d'un Christ vivant détaché des souffrances de la Croix :
- Tête relevée (quelquefois tournée vers le ciel), ici très auréolée,
- yeux ouverts,
- corps droit,
- du sang peut s'Ă©couler des plaies.
- Scènes complémentaires
- cimaise incomplète (partie haute détachée) : Dieu le père entouré d'un ange bleu et d'un ange rouge en mandorle.
- En dessous phylactère avec inscription « IHC NAÇARENUS REX IUDEORUM »
- tabelloni de chaque côté du Christ : Marie (symbole de l'Église) et Jean (symbole des saintes écritures) debout en entier[2]. Leurs noms sont inscrits en blanc sur fond rouge.
- partie basse de la croix (soppedaneo) : Golgotha avec le crâne d'Adam, date MCLXXXVII (1187) (noir sur fond blanc) et un fragment de texte « OPUS ALBERTO SO» (or sur fond rouge).
- titulus entouré d'anges bleu et rouge
- Sous les bras et le long des jambes jusqu'aux pieds se trouve une corniche couleur or[3].
Analyse stylistique
« L'usage raisonné des couleurs bleue et rouge : le bleu est la teinte dominante, celle qui sert au fond à la figure ; le rouge est son contrepoint. Par la distribution de ces deux teintes, Sozio parvient à indiquer l'ordre suivant lequel il faut regarder les différentes parties du Crucifix. »
— Daniel Russo cité en lien externe
- le bleu souligne les endroits clefs de l'image en s'imposant en Ă©cran :
- côtés du Christ,
- vĂŞtements de Marie et de Jean,
- deux touches disposées à la verticale
- clipeus en haut, celui où Dieu le Père apparaît en majesté[4] - [5]
- sur le patibulum derrière les bras du Christ, marquant leur écartement
- les lettres du titulus
- le texte de la signature du bas de la croix
- le rouge pour différencier les parties de la composition :
- bordure supérieure du patibulum
- pourtour des scènes
- limite entre les pieds du Christ et la scène du pied de la croix
- ourlets des manteaux de la Vierge et de Jean
- alternance de couleur des tuniques des anges
- gouttes de sang des plaies du Christ
Ces dernières mettent l'image en mouvement par leur ruissellement, en particulier le jet de sang jaillissant au-dessus de la Vierge à partir de la blessure du flanc droit.
Cet usage des couleurs entre fond et détails, entraîne un parcours ritualisé du regard du spectateur des marges au centre[4].
Notes et références
- (it)Le prime croci
- (it) « Spoleto, Croce di Alberto Sotio nella Cattedrale di S.Maria dell'Assunta », sur Arcidiocesidispoletonorcia.it
- Cette corniche présente sur les cucifix peints, différente selon le maître, est la marque de fabrique de l'auteur de l'œuvre ou de son atelier
- Daniel Russo
- ou on peut y voir alternativement le Christ de RĂ©demption
Liens externes
- (it) « Crocifisso », sur Geometriefluide.com
- Daniel Russo, Saint François, les Franciscains et les représentations du Christ sur la croix en Ombrie au XIIIe siècle. Recherches sur la formation d'une image et sur une sensibilité esthétique au Moyen Âge, Mélanges de l'École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, 1984, volume 96, no 96-2, p. 647-717