Contre-rejet
Le contre-rejet est un métrique qui consiste à placer à la fin du vers un mot ou un groupe de mots qui appartiennent, par la construction syntaxique et le sens, au vers suivant grâce à un enjambement.
Le contre-rejet n'existe que s'il est constitué par un élément bref (quelques syllabes précédées d’une coupe marquée) lié syntaxiquement au vers suivant mais mis en relief en jouant sur l'atténuation forte de la pause attendue à la fin du vers[1].
Le contre-rejet a été recherché à partir de la poésie romantique comme une marque de liberté et d’expressivité.
Le contre-rejet a pour effet de mettre en valeur un mot.
Exemples
- Souvenir, souvenir que me veux-tu ? L'automne
- Faisait voler la grive Ă travers l'air atone
Verlaine, « Nevermore », Poèmes saturniens
ou encore :
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
- Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
- Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
- Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Baudelaire, « Spleen », Les Fleurs du Mal
Remarques
- Le procédé opposé (mise en valeur d’un élément bref au début du vers suivant.) s’appelle le rejet.
- On rencontre parfois l’association des deux procédés (rejet et contre-rejet) pour renforcer l’effet stylistique. Exemples :
- « L’empereur se tourna vers Dieu ; l’homme de gloire
Trembla, Napoléon comprit qu’il expiait… » Victor Hugo - « L’Expiation », vers 62-63 Les Châtiments
- « Et, l’Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures. » Verlaine – Les fêtes galantes – « Cythère »(vers 10-14)
Notes et références
- Jean Mazaleyrat, Eléments de métrique française, 1974, Paris: A. Colin. Page 122