Conception universelle
La conception universelle, également appelée conception pour tous, design universel, design inclusif ou encore design trans-générationnel, est la conception de tout aménagement, produit, équipement, programme ou service qui puisse être utilisé par toute personne, sans nécessiter ni d'adaptation ni de conception spéciale, et ce quels que soient son sexe, son âge, sa situation ou son handicap.
Cette notion renvoie à l'accessibilité et est mentionnée dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
Histoire
Dans les années 1950 et 1960, des collectifs défendent l'accessibilité dans le domaine du bâti. Aux Etats-Unis par exemple, le barrier free movement[1] contribue à la définition de standards d'accessibilité du bâtiment. Cela amène aux premières lois d'accessibilité des bâtiments publics dans les années 1970 et 1980.
En France, la loi de 1975[2] prévoit l’accessibilité des bâtiments publics et des transports. La loi de 2005[3] étend cette accessibilité à tous les domaines de la vie sociale. Bien que l'accessibilité du numérique[4] ait fait l'objet de descriptions très précises, l'accessibilité universelle est loin d'être une réalité aujourd'hui.
En parallèle de cette évolution législative, ce sont les méthodes de la conception universelle qui vont progressivement se préciser.
Les principes de la conception universelle
En 1997, la fondation Design for all a publié une série de sept principes permettant de guider les concepteurs vers la conception universelle :
- Principe 1 : utilisation Ă©quitable ;
- Principe 2 : flexibilité d’utilisation ;
- Principe 3 : utilisation simple et intuitive ;
- Principe 4 : information perceptible ;
- Principe 5 : tolérance pour l’erreur ;
- Principe 6 : effort physique minimal ;
- Principe 7 : dimensions et espace libre pour l’approche et l’utilisation.
Ces principes peuvent se résumer ainsi [5] :
Principe | |
---|---|
Utilisation Ă©galitaire | Tout utilisateur doit pouvoir utiliser le produit, quels que
soient sa taille, son âge ou ses capacités, et ce, de façon non stigmatisante. |
Flexibilité d’utilisation | Le produit peut être utilisé suivant des modalités
variées qui s’adaptent aux particularités de l’utilisateur (par exemple, avec la main droite ou avec la main gauche ; avec la voix plutôt que le toucher…). |
Utilisation simple et intuitive | Le produit est facile à utiliser, dès la première utilisation,
quelles que soient les connaissances de l’utilisateur, son expérience, ses capacités linguistiques ou sa possibilité de concentration au moment de l’utilisation. |
Information perceptible | Les informations nécessaires à l’utilisation du produit
sont fournies, y compris pour les personnes malvoyantes, malentendantes ou ayant des difficultés de lecture ou de compréhension. Les informations importantes sont mises en avant. |
Tolérance pour l’erreur | Le produit minimise les possibilités de mauvaise manipulation
et ne présente pas de danger en cas d’emploi incorrect. Il prévient l’utilisateur en cas d’erreur et permet de revenir en arrière à tout moment. |
Effort physique minimal | Le produit demande un effort musculaire minimal et de
courte durée, permettant le repos si nécessaire. |
Dimension et espace libre pour l’approche et l’utilisation | Le produit est facile à atteindre quelles que soient la taille
et la position assise ou debout de l’utilisateur et de son aidant. |
DĂ©ployer la conception universelle
La conception universelle répond aux besoins de tous. Ses défenseurs arguent qu'elle permet de concevoir des produits, des services et des environnements plus confortables pour tous, et non uniquement pour les personnes en situation de handicap. Partant de ce postulat, plusieurs méthodes sont élaborées pour implémenter les principes de la conception universelle.
La méthode HUMBLE
Dans leur méthode HUMBLE, Aragall et Montana[6] abordent la conception universelle comme une stratégie d'entreprise. Ils proposent ainsi 6 étapes :
- mettre en avant les opportunités de la conception universelle
- identifier les utilisateurs
- surveiller l'interaction
- sélectionner les options
- définir les solutions
- communiquer efficacement
- évaluer le succès
La co-conception
Pour certains, concevoir universel implique de faire participer les personnes en situation de handicap au processus de conception[7]. On parle de co-conception, de co-design ou de design participatif. En pratique, il s'agit de faire participer des utilisateurs à la réflexion sur le produit ou au test du produit.
Les limites de la conception universelle
La conception universelle, en cherchant à répondre à une multitude de besoins, peut paradoxalement pousser vers une complexification de l'innovation [8]
Tout en reconnaissant l'intérêt d'une telle approche, Rob Imrie (2004) souligne la nécessité de ne pas oublier que les dimensions sociales et économiques jouent un rôle central dans la production du handicap.
Articles connexes
Bibliographie
- Imrie, R., « Demystifying disability : A review of the International Classification of Functioning, Disability and Health », Sociology of Health & Illness, no 26,‎ , p. 287–305.
Notes et références
- Story, Molly Follette., The universal design file : designing for people of all ages and abilities, NC State University, Center for Universal Design, (OCLC 43928960, lire en ligne)
- « Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- « Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (1) », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- « Accueil - RGAA », sur www.numerique.gouv.fr (consulté le )
- Estelle Peyrard et Cécile Chamaret, « Concevoir pour tous, mais avec qui ? Trois cas de co-conception avec des personnes en situation de handicap », Annales des Mines - Gérer et comprendre, vol. N°141, no 3,‎ , p. 57 (ISSN 0295-4397 et 2271-7943, DOI 10.3917/geco1.141.0057, lire en ligne, consulté le )
- Aragall, Francesc., author., Universal design : the HUMBLES method for user-centred business (ISBN 1-317-00438-8, 978-1-317-00438-7 et 1-4094-5932-2, OCLC 1306574872, lire en ligne)
- Estelle Peyrard et Cécile Chamaret, « Concevoir pour tous, mais avec qui ? Trois cas de co-conception avec des personnes en situation de handicap », Annales des Mines - Gérer et comprendre, vol. N°141, no 3,‎ , p. 57 (ISSN 0295-4397 et 2271-7943, DOI 10.3917/geco1.141.0057, lire en ligne, consulté le )
- Pullin, Graham, 1964-, Design meets disability, MIT Press, (ISBN 978-0-262-51674-7 et 0-262-51674-8, OCLC 751829811, lire en ligne)