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Compagnie (nouvelle)

Compagnie (titre original : Company) est un roman court de Samuel Beckett, Ă©crit en anglais et publiĂ© par John Calder en 1979. Il a Ă©tĂ© traduit en français par l'auteur et publiĂ© par Les Éditions de Minuit en 1980[1].

Avec Mal vu mal dit et Cap au pire , Company a été réuni pour former le recueil Nohow On en 1989. C'est l'un des récits "en huis clos"[2] de Beckett.

Dans cette Ɠuvre, un homme est allongĂ© sur le dos dans le noir, mĂ©ditant sur la nature de l'existence et en particulier de la sienne Bien qu'il y ait plusieurs rĂ©miniscences sur la vie du narrateur lui-mĂȘme (et que celles-ci semblent donner une impression d'autobiographie)[3], la principale prĂ©occupation de l'ouvrage semble ĂȘtre le paradoxe de la conscience elle-mĂȘme et de la nature de la rĂ©alitĂ©. Si on est conscient de soi-mĂȘme et que l'on commente le soi de l'intĂ©rieur de soi-mĂȘme, alors oĂč est le vĂ©ritable emplacement du moi[4]? L'esprit qui examine le soi est-il le vĂ©ritable «moi» ou le «moi» qui est le sujet de l'esprit est-il le vrai moi? L'esprit peut se mettre Ă  cĂŽtĂ© de lui-mĂȘme et examiner le corps qui l'abrite, ce que l'on appelle communĂ©ment «l'Ăąme» contenue quelque part en lui, ou mĂȘme toute autre manifestation du soi sur laquelle l'esprit tient Ă  se concentrer. Compagnie semble demander: « Quel est le lieu du moi et comment une personne devrait-elle procĂ©der par rapport Ă  cette entitĂ© amorphe et dynamique ? Â» C'est aussi en rapport avec le paradoxe de Platon concernant le troisiĂšme argument de l'homme - dans lequel un troisiĂšme soi (puis un autre, et un autre Ă  l'infini) est nĂ©cessaire pour expliquer comment l'Homme et la forme de l'Homme sont Ă  la fois l'Homme, etc.

Compagnie illustre clairement le dilemme de l'homme moderne du XXe siĂšcle, une crise existentielle dans laquelle Dieu est mort et le «but» de la vie semble totalement arbitraire. La solution de Beckett dans Compagnie suggĂšre qu'une acceptation simple de sa propre temporalitĂ© est nĂ©cessaire pour bien fonctionner. Cependant, loin d’ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ©e, une telle vie est pleine d’espoir en ce sens que sa conception est sa propre responsabilitĂ© et non celle de quelque dieu ou destinĂ©e. Compagnie est un appel Ă  l'action pour ceux qui acceptent les faits bruts. "Continuez" pourrait ĂȘtre un rĂ©sumĂ© appropriĂ©.

En termes de prose, Beckett a eu une crise pendant laquelle il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas imiter James Joyce , qui avait tendance - comme Rabelais et mĂȘme les auteurs du "Flot de pensĂ©e" - Ă  rajouter et Ă  s'Ă©tendre imposer de cette façon sa vision au lecteur. Beckett a plutĂŽt dĂ©cidĂ© de faire le chemin inverse et de soustraire: de rendre sa prose simple, monolithique et dĂ©pouillĂ©e, minimaliste - jusqu'Ă  ce que les phrases ressemblent Ă  des aphorismes ou Ă  une panacĂ©e existentielle. Il existe une certaine ressemblance stylistique avec le travail de JP Donleavy intitulĂ© «L’étĂ© le plus triste de Samuel S» (1966) dans les phrases courtes et l’évitement gĂ©nĂ©ral de la ponctuation, comme les points d’interrogation et les virgules.

Notes et références

  1. Samuel Beckett, Compagnie, 96 p. (ISBN 9782707302960).
  2. (en) Daniela Caselli, « TINY LITTLE THINGS IN BECKETT'S "COMPANY" », Vol. 15, Historicising Beckett / Issues of Performance / Beckett dans l'histoire / En jouant Beckett (2005),‎ , pp. 271-280 (ISSN 0927-3131, lire en ligne)
  3. (en) Mel Gussow, « THEATER: 'COMPANY' BY SAMUEL BECKETT », New York Times,‎ (lire en ligne)
  4. (es) Ana Álvarez GuillĂ©n, « Perceiving the Self in Samuel Beckett’s Company and Francis Bacon’s Paintings », Universidad de Valladolid,‎ , p. 1 Ă  34 (lire en ligne)
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