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Commission des droits d'auteur des journalistes

La Commission des droits d'auteur des journalistes (CDAJ), qui réunit les syndicats de journalistes et les patrons des médias, sous le régime du paritarisme, a pour mission d'aider les partenaires sociaux à trouver une issue lorsque les négociations sur les droits d'auteur échouent dans une entreprise, en s'appuyant sur les accords signés dans les autres entreprises de presse comparables.

Statut légal

La CDAJ a été créée par la loi du , dite loi Hadopi, qui a institué l’article L. 132-44 du code de la propriété intellectuelle.

C'est l'une des cinq grandes commissions qui encadrent la profession du journalisme, en vertu du paritarisme et de lois spécifiques. Les quatre autres sont :

La CDAJ a pour mission d'aider les journalistes à valoriser leurs œuvres dans d'autres publications que la leur, et sur Internet, par des rémunérations devant faire l’objet d’accords d’entreprise ou de branche[1], selon la loi Hadopi.

Les attributions et le fonctionnement de la Commission

Le rôle de la Commission est défini par le septième paragraphe de l'article L 132-44 du code de la propriété intellectuelle: elle "recherche avec les parties une solution de compromis afin de parvenir à un accord. Elle s'appuie, à cet effet, sur les accords existants pertinents au regard de la forme de presse considérée"[2].

Pour chaque dossier, deux rapporteurs sont désignés: un employeur et un salarié. Leur rôle se limite à "rechercher avec les parties une solution de compromis afin de parvenir à un accord, en s’appuyant, à cet effet, sur les accords existants pertinents au regard de la forme de presse considérée"[3]. Chaque membre de la commission est destinataire "au moins quinze jours avant la séance, du ou des avis des rapporteurs"[3].

Qui siège à la Commission ?

La CDAJ est composée de manière paritaire: autant de représentants des employeurs que des salariés. Un magistrat départiteur est chargé de la présider. Son premier président, installé en 2011, est Hervé Gosselin, magistrat à la Cour de cassation. Isabelle Terrier-Mareuil lui a succédé en 2013.Depuis la mi-2014, Alexandre Linden,Conseiller honoraire à la Cour de Cassation et membre de la CNIL, a été installé en tant que nouveau président.

Les syndicats d'employeurs de toutes les formes de presse sont représentés de même que les syndicats de journalistes représentatifs[4], parmi lesquels le SNJ, le SNJ-CGT, l'Union syndicale des journalistes CFDT, la CFTC et la CGC, et FO[5].

Qui peut la saisir ?

Si la négociation n’a pas eu lieu, ou si elle n’a pas permis de parvenir à un accord d’entreprise, la commission peut être saisie pour rechercher une solution de compromis. Peuvent saisir la CDAJ:

La commission dispose d’un délai de deux mois pour rendre sa décision, qui est exécutoire. Si un accord d’entreprise est ensuite conclu, il se substitue au compromis recherché par la commission.

Les premières saisines

  • En 2012, la CDAJ Ă©tudie son premier dossier: la saisine de La DĂ©pĂŞche du Midi est finalement dĂ©boutĂ©e et l'entreprise renvoyĂ©e Ă  la nĂ©gociation[6].
  • En , saisie par le SNJ du quotidien rĂ©gional Le Progrès, la commission a fixĂ© les bases d’une rĂ©munĂ©ration Ă  un minimum de 620 euros, principalement pour une cession automatique sur le pĂ©rimètre du titre (Cercle 2), Ă©largi Ă  la marge aux articles parus dans cinq Ă©ditions locales frontalières (sur la marge nord-est) du DauphinĂ© libĂ©rĂ©, du Bien Public et du Journal de SaĂ´ne-et-Loire[7], soit une modeste part de cercle 3. Cette dĂ©cision s'inspire d'un accord d'entreprise signĂ© dans un autre quotidien du mĂŞme groupe, qui accordait 620 € (montant de la part fixe) Ă  750 euros (montant incluant le maximum de la part variable)[8]. Ă€ la suite de cette dĂ©cision, Le Progrès signe avec les syndicats un accord sur le mĂŞme montant.
  • En , saisie par la CFDT du RĂ©publicain lorrain, la CDAJ a fixĂ© les bases d’une rĂ©munĂ©ration Ă  un minimum de 620 euros, en Ă©change de la rĂ©utilisation Ă  l'intĂ©rieur du titre de presse, au-delĂ  de la pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence d'une journĂ©e (Cercle 2).

Les trois cercles du droits d'auteur

Le Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (CPI) dĂ©finit 3 catĂ©gories pour la rĂ©munĂ©ration de l’œuvre d'un journaliste, sous forme de trois cercles concentriques, selon que l'Ĺ“uvre est utilisĂ©e pendant ou après la première publication, et Ă  l'intĂ©rieur ou Ă  l'extĂ©rieur du titre de la première publication. Le troisième cercle inclut deux sous-catĂ©gories, selon que l'Ĺ“uvre est rĂ©utilisĂ©e dans un titre appartenant Ă  la mĂŞme « famille cohĂ©rente de presse Â» ou non :

  • Le cercle 1 (article L 132-37 du CPI): pour une première utilisation de ses articles dans le titre de presse et sa pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence (une journĂ©e pour un quotidien, une semaine pour un hebdomadaire, un mois pour un mensuel), le journaliste reçoit dĂ©jĂ  un salaire ou une pige. Il ne peut prĂ©tendre en plus Ă  des droits d'auteur.
  • Le cercle 2 (article L 132-38 du CPI): pour une rĂ©utilisation dans le mĂŞme titre de presse, au-delĂ  de la pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence (par exemple un article laissĂ© sur Internet, rĂ©utilisĂ© dans un supplĂ©ment, ou toute dĂ©clinaison du titre[9]), le journaliste peut exiger des droits d'auteur. L'Ă©vĂ©nement dĂ©clencheur n’est pas le basculement d’un support vers un autre, mais le passage du temps [10] Il faut dans ce cas un accord collectif, mĂŞme si le journaliste a donnĂ© un accord individuel.
  • Le cercle 3 (article L 132-39 et L 132-40 du CPI): pour la rĂ©utilisation hors du titre de presse, le journaliste peut exiger des droits d'auteur. Deux sous-catĂ©gories peuvent ĂŞtre distinguĂ©es:
    • Le cercle 3-A (article L 132-39 du CPI)[11]: pour un autre titre d'une mĂŞme "famille cohĂ©rente de presse", Ă  condition que la CDAJ reconnaisse l'existence de cette "famille cohĂ©rente de presse". Il faut dans ce cas un accord collectif.
    • Le cercle 3-B (article L 132-40 du CPI): pour un autre titre. Il faut dans ce cas un accord collectif ou bien l'accord individuel du journaliste, mĂŞme si un dĂ©sĂ©quilibre qui peut exister, au moment de la nĂ©gociation, entre l’éditeur et un journaliste isolĂ©, par exemple un pigiste[11].

Ces trois cercles ont Ă©tĂ© dĂ©finis par les partenaires sociaux lors des États gĂ©nĂ©raux de la presse Ă©crite de l'automne 2008. La notion de « famille cohĂ©rente de presse » a Ă©tĂ© introduite plus tard, lors d'un amendement parlementaire de dernière minute Ă  la loi du , proposĂ© par le dĂ©putĂ© Christian Kert (UMP).

Notes et références

  1. Site du Ministère de la Culture.
  2. Article L132-44 du Code de la propriété intellectuelle, septième paragraphe, sur Légifrance .
  3. Règlement intérieur de la CDAJ, site du ministère de la Culture.
  4. Article L132-40 du Code de la propriété intellectuelle, premier paragraphe, sur Légifrance .
  5. "Représentativité syndicale des journalistes - Le ministère du Travail place le SNJ en tête", site internet du SNJ, le 29 mars 2013 .
  6. "La Dépêche du Midi déboutée par la commission des droits d'auteur des journalistes" Communiqué du dimanche 19 février 2012 .
  7. Groupe EBRA : la famille cohérente de presse retoquée, sur le site du SNJ .
  8. Commission droits d'auteurs des journalistes (CDAJ), sur le site de la CFDT Journalistes .
  9. "Droits d’auteur des journalistes : généralisation du dispositif Hadopi", par Olivier Da Lage (SNJ).
  10. Audition d'Olivier Da Lage (SNJ), aux Etats-Généraux de la presse, Livre vert des États généraux de la presse écrite, page 13 .
  11. Audition de Patrick Lantz, ancien directeur Juridique de Hachette Filipacchi Associés, Livre vert des États généraux de la presse écrite, page 13 .
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