Claudettes
Les « Claudettes » (en référence à Claude) ou « Clodettes » (en référence à Cloclo) sont les danseuses de Claude François, innovatrices en France concernant leurs prestations et leurs costumes. C’est en dessinant les différents mouvements des danses créées par Claude, que Michel Bourdais lui suggère de monter un show avec des danseuses[1]. À Las Vegas, cette idée s’ancre dans l’esprit de Claude François ébloui par les shows américains[2] - [3] et, en 1966, il la met en pratique en intégrant des danseuses à ses spectacles[4].
Au début de l’été, Solange Fitoussi est la première engagée[5] et, dès le mois d’août, sur quelques chansons de son répertoire, Claude se produit sur scène avec Solange et sa sœur Siska[6].
Le 16 septembre 1966, Claude François regarde à la télévision la première prestation d'Otis Redding sur les écrans britanniques. Les trois danseuses qui évoluent sur certaines chansons donnent à Claude l’idée d’adjoindre deux danseuses jamaïcaines à Solange et Siska[7] - [8]. Sont alors engagées quelques jours plus tard : Cynthia (alias Cindy) Rhodes Pettitgraw-Siméon, Pat Kerr Milicent.
La dernière danseuse fut embauchée par Claude, trois jours avant sa mort.
Il y eut environ trente Claudettes entre 1966 et 1978.
À partir de 1976 et sur l'idée de Nadine Ligeron surnommée Prisca, un concours de Mini-Claudettes appelées les Clodinettes, est organisé dans toute la France et elles sont également montées sur scène lors de quelques concerts de Claude.
Mise en scène
Lorsque Claude François se produit sur la scène de l'Olympia du 8 au les quatre jeunes femmes, Cynthia Rhodes, Pat Kerr Milicent, Siska et Solange Fitoussi, l'accompagnent dans certaines de ses chorégraphies.
Pour ces chorégraphies, Claude François s'est inspiré d'Ike and Tina Turner.
Tina Turner avait une façon de danser extrêmement énergique, qui ressemblait fort à celle dont Claude avait fait preuve dès ses débuts, plusieurs éléments que Claude François va reprendre en les améliorant sont inspirés du groupe : tenues sexy, danseuses à l'unisson, certains des pas sont également dansés par la chanteuse, orchestre en arrière-plan. Les danseuses de Ike and Tina Turner s'appelaient « The Ikettes ». Le nom lui-même s'inspirait des choristes de Ray Charles depuis 1958 (« The Raelettes », précédemment « The Cookies »). Des Ikettes ont donc dérivé les Claudettes, l'autre point commun est que l'orchestre se situe dans les deux cas à l'arrière-plan et sur toute la largeur de la scène, afin que chaque musicien puisse être bien identifié du public. Les améliorations imaginées par Claude François concernent les Claudettes et consistent à leur donner un rôle beaucoup plus visible que celui des Ikettes. Un rôle de premier plan et ceci par plusieurs moyens :
Tout d'abord, Claude est entouré sur scène par les Claudettes, qui le mettent en valeur et réciproquement. Les danseuses ne sont plus un accessoire, elles ne sont plus en retrait, elles font partie intégrante du spectacle, dont le visuel est conçu autant en fonction de Claude que des Claudettes. De plus, chaque Claudette possède son propre style : bien que les tenues soient les mêmes, parfois seulement de couleurs différentes, chaque Claudette se distingue des autres par sa coiffure, ses bijoux.
Troisièmement, un soin particulier était apporté par Claude François à la conception et à la réalisation des tenues de scène des Claudettes. Lors d'un gala, elles pouvaient changer de tenue plus de dix fois. Le changement de tenue devait être particulièrement rapide, en mettant à profit une chanson interprétée par le chanteur seul sur scène, ce qui ne leur laissait qu'environ trois minutes à chaque fois. Au fil des années, de nouvelles tenues apparaissaient afin d'assurer un renouvellement constant. En règle générale, celles-ci étaient esquissées par Claude François[9] et réalisées par des couturiers de renom, comme Gérard Vicaire, la grande maison spécialiste des costumes de cirque et de music hall, du strass et des paillettes dans son atelier du 9e arrondissement à Paris, Reinhard Luthier, Loris Azzaro [10] et avec le plus grand soin. Par exemple, les bikinis de style brésilien, argentés en strass[11] utilisés de 1977 à 1978 avaient coûté 3 000 francs pièce, ce qui équivaut à 1 500 euros de 2012[12].
Enfin, une chorégraphie différente et élaborée était mise au point spécialement pour chaque chanson. Techniquement, cela signifiait qu'une Claudette devait connaître parfaitement jusqu'à 31 chorégraphies. C'était le cas de Peggy qui a été Claudette pendant huit ans. De plus, la synchronisation des danseuses entre elles, ainsi qu'avec Claude lorsqu'il dansait avec elles, devait être parfaite. Cela représentait bien entendu un nombre important d'heures de travail. Des chorégraphes étaient engagés, mais certaines Claudettes ainsi que Claude lui-même participaient aussi à ce travail de création et de mise au point des chorégraphies. Lydia Baronian se souvient : « Dans les années 1966 et 1967 et début 68, la chorégraphe s'appelait Cassandra ; une super danseuse qui habitait à Londres ; nous allions Pat et moi apprendre les chorés là -bas ; ensuite Claude s'est rendu compte que je pouvais les faire et nous avons commencé à travailler ensemble en visionnant des émissions de la Motown. Je ne sais pas qui faisait les chorés avec Claude lorsque je suis partie… » Une source importante d'inspiration étaient les pas de danse que l'on voyait à la télévision américaine. Claude possédait un des premiers magnétoscopes individuels et se faisait envoyer des bandes vidéo des États-Unis.
Les chorégraphies
Claude François a enregistré près de cinq cents chansons et en a commercialisé plus de quatre cents. Seules quelques chansons ont été chorégraphiées. Claude, les Claudettes ainsi que des chorégraphes participaient à la création des chorégraphies.
Chaque chorégraphie était subdivisée en deux parties, adaptées à la chanson : celle qui correspondait aux couplets et celle qui correspondait aux refrains. Lydia Baronian raconte comment se faisait le partage du travail : « On avait chacun un rôle particulier : je devais trouver les pas pour les couplets et lui se chargeait des refrains, parce que c’était ce qui se voyait le plus à la télé ».
Membres
On compte plus de trente Claudettes en douze années ; la durée de l'engagement d'une danseuse pouvait aller de plusieurs années (huit ans pour Peggy) à seulement quelques jours.
Dans les premières années, les Claudettes étaient quatre. Par la suite leur nombre a passé selon les occasions à cinq ou six.
Leurs âges s'échelonnaient entre approximativement dix-sept et vingt-sept ans. Certaines, comme Peggy[13], ont commencé très jeunes, à seize ans et demi. Dans une interview de 1986[14] - [15], Julie Lacroix dit qu'à vingt-sept ans, elle se trouvait trop âgée pour continuer à figurer au sein des Claudettes et avait fait part à Claude peu avant son décès de son intention de cesser son activité de Claudette.
Elles s'appellent[16] :
- Cynthia (alias Cindy) Rhodes Pettitgraw-Siméon
- Pat Kerr Milicent
- Siska Fitoussi
- Solange Fitoussi
- Lydia Baronian-Urtreger-Gabaud (de 1967 jusqu'en juillet 1974)
- Maddly Bamy
- Evelyne Bamy
- Nelly Bamy
- Patricia Criton-Lomane
- Peggy Nguyen-thi (de 1968 Ă 1976)[13]
- Monecia Lytle Mc Clellan
- Lydia/Ketty Naval (de 1970 Ă 1976)
- Anne Lafitte (de juin 74 Ă fin 75)
- Maya
- Malika
- Clara Lesueur
- Marion Halphen
- Pierrette/Julie Lacroix-Calvet-Cousigne (de 1975 Ă 1978)
- Dany Donne Borg (de 1974 Ă 1978[17])
- Carole Plumelle (de juillet 1974 Ă 1978[10])
- Hussawa Funnilay
- Prisca/Nadine Ligeron
- Anne SĂ©rard
- Jenny du Pin de Majoubert
- Karine Babou
- BĂ©atrice SergueĂŻeff
- Adrienne Edwards
- Françoise/Ketty Sina[18]
- Dominique Neron
- Sandra Cadet-Martinez (de 1975 à 1978, décédée le 18 mai 2014[19])
Au cinéma
Certaines des Claudettes apparaissent (dans des scènes en concert et dans les coulisses), dans le film humoristique Drôles de zèbres, sorti en 1977 (le seul auquel ait participé Claude François), réalisé par Guy Lux (dont c'est aussi l'unique film en tant que réalisateur). On retrouve les Claudettes quelques années plus tard dans un film de Jean Yanne, Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, sorti en 1979, où elles incarnent des pom-pom girls de l'émission du même nom du film.
Les Claudettes en solo
Outre son activité de chanteur, Claude François a aussi été producteur à un certain moment d'autres artistes, comme Alain Chamfort, Patrick Topaloff et d'autres. Les Claudettes ont elles aussi participé à des émissions de télévision et enregistré un certain nombre de titres sans Claude François : Chinese Kung-Fu en 1974, vendu à 80 000 exemplaires[20], Viva America en 1976, vendu à 150 000 exemplaires[20] (les deux titres sont interprétés par le groupe Banzaï). En 1977, les Claudettes dansent et chantent sur L'Amour toujours l'amour et Miss Disco. À la suite du décès de Claude François, elles interprètent Hey, Marry Me, sous le label Polydor (Philips). Mais une tentative de faire des Claudettes un groupe clairement distinct de Claude François en les rebaptisant « Miss Disco » en 1977, ne trouve pas son public[10].
Impact dans le monde du spectacle
Les Claudettes ont été caricaturées par Yann Moix dans le film Podium, sous le nom de « Bernadettes. ». L'humoriste Élie Kakou a aussi réalisé le sketch Mongola, racontant le témoignage (fictif) d'une ancienne Claudette.
Des animateurs TV des années 1990 se sont inspirés des Claudettes pour constituer leurs propres « groupies », ayant pour l'essentiel un rôle de faire-valoir pour l'animateur. Ainsi Nagui a créé les Naguettes pour N'oubliez pas votre brosse à dents, et Vincent Lagaf a eu ses Gafettes dans Le Bigdil.
Notes et références
- Richard Anthony, Quand on choisit la liberté…, éditions Florent Massot, octobre 2010, p. 116 : « Lors d'une séance de dessin, Michel avait soufflé à Claude l'idée de monter un show avec des danseuses, qui devinrent les Clodettes. »
- Magazine Salut Les Copains, no 33, avril 1965 : « Entre deux tournées et entre deux numéros de S.L.C. Claude et Jean-Marie visitent Las Vegas. »
- Témoignage de Jean-Marie Périer : « Je me souviendrai toujours de Claude émerveillé d’être à Las Vegas, dans l’univers de notre idole Frank Sinatra. », Claude François à la recherche de son image ou l’histoire d’un dessin, éditions Fan de toi, 2008, op. cit., p. 106.
- Jacques Pessis, Chronique de la chanson française, Éditions Chronique, Dargaud s.a. , 2003, (ISBN 978-2205055214), p. 121 : « 1966. Pour son retour à l’Olympia, Claude François a engagé quatre danseuses : Pat, Solange, Cynthia et Siska. »
- Claude François magazine, numéro 74, juin 2018, interview de Solange Fitoussi : « En effet, c’est à moi, la première, à qui il (Claude François) a proposé de danser avec lui. La seconde Claudette a été ma sœur, Siska. »
- Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN 978-2-268-108513), janvier 2023, p. 147, interview de Solange Fitoussi : « Durant le mois d’août nous avons dansé toutes les deux sur quelques chansons. Ce furent les premiers essais. Et comme il a vu que ça marchait on a continué. »
- Olivier Delavault, Claude François l’intelligence populaire en chansons, éditions du Rocher, (ISBN 978-2-268-108513), janvier 2023, p. 148, interview de Michel Bourdais : « Claude François est à Londres et dans sa chambre d’hôtel il regarde à la télévision Ready Steady Go ! (…) Otis Redding apparaît pour la première fois sur les écrans britanniques. (…) Au cours de ce show, trois danseuses jamaïcaines évoluent sur certaines des chansons. Les producteurs de l'émission les ont engagées exceptionnellement pour la circonstance. Claude, scotché par la prestation des danseuses, contacte immédiatement les producteurs afin de proposer à ces jeunes femmes de danser avec lui dans ses prochains spectacles. C’est ainsi qu’il passe contrat avec Pat Ker Milicent et Cynthia Rodes. »
- Interview de Claude François, 19 mars 1976, Europe 1 : « Dans une émission de télévision en Angleterre, il y avait Otis Redding qui vraiment débutait. C’étaient les balbutiements d’Otis Redding, et il avait derrière lui quatre danseuses noires, des jamaïcaines qui faisaient un petit ballet derrière lui. Je les ai trouvées vraiment fantastiques et j’ai voulu en récupérer un maximum. J’en ai récupéré deux à l’origine. »
- Le temps passe...le cœur reste par Sylvie Mathurin 1990 Éditions Fixot (ISBN 2-87-645-079-8)
- Carole Plumelle, Les Clodettes, Éditions Scali, (ISBN 2-35012-001-5).
- Prisma Média, « Claude François- Les Clodettes se souviennent - Gala », Gala.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Julie/Pierrette Lacroix/Calvet dans une émission de télévision de mars 2012
- Peggy Nguyen-Thi, Cloclo notre amour, Éditions Filipacchi, (ISBN 2-85018-529-9).
- (en-US) « Interview avec Julie Lacroix (ex Clodette) - vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le ).
- (en-US) « Interview avec Julie Lacroix (2ème partie) - vidéo Dailymotion », sur Dailymotion, (consulté le ).
- « Claude François et ses Claudettes 1978 », PurePeople, le 11 mars 2008.
- http://archives.varmatin.com/article/var/une-ex-clodette-evoque-son-travail-au-cote-de-claude-francois.426303.html
- « Ketty, la muse camerounaise de Claude François », rfi.fr, 8 juin 2013.
- Claude François : sa Clodette Sandra est morte, elle ne pesait que 30 kilos..., PurePeople, le 30 mai 2014.
- « TOP 45 Tours - 1975 », sur www.top-france.fr (consulté le ).