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Choricios de Gaza

Choricios de Gaza (en latin Choricius Gazæus) est un rhéteur (un rhéteur est un écrivain et/ou un orateur au discours emphatique) grec du vie siècle, natif de Gaza en Palestine. Il est connu comme le rhéteur officiel de Gaza à la mort de Procope de Gaza, son maître (à ne pas confondre avec Procope de Césarée, l'historien qui a vécu à la même époque) vers 525.

Choricios de Gaza
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Biographie
Naissance
Date inconnue
Gaza
Décès
Date inconnue
Gaza
Activités
Période d'activité
VIe siècle
Autres informations
Mouvement
Maître

Le patriarche Photios de Constantinople lui consacre le codex 160 de sa Bibliothèque. Il indique qu'il était chrétien, de l'époque de l'empereur Justinien, et qu'il fut l'élève de Procope de Gaza, qui, devenu vieux, lui céda la direction de son école vers 525. La datation historique de ses textes nous permet d’estimer que les années charnières de sa carrière de rhéteur se situent entre 520 et 530[1].

Une quarantaine de ces discours sont conservés, les uns complets, les autres mutilés : pour moitié des déclamations scolaires (μελέται[1]), et d'autre part plusieurs discours officiels et des dissertations ou descriptions. S'y trouvent notamment les genres traditionnels du panégyrique (un éloge panégyrique est un discours dans lequel l’orateur vante les louages d’un individu), de l'oraison funèbre, du discours de mariage, du discours de controverse, également des descriptions (ekphraseis) d'œuvres d'art à la manière de Philostrate de Lemnos (première moitié du iiie siècle). Les déclamations sont souvent accompagnées de commentaires. Choricios et Libanios furent des modèles les plus étudiés dans les écoles de rhétorique byzantines. Photios loue beaucoup son style, et lui reproche de se référer trop à la mythologie païenne. Ce style dit « de l'école de Gaza » est une rhétorique très formaliste – avec des règles comme l'évitement systématique du hiatus – recourant volontiers à la sentence, à la citation d'auteur, à l'allusion érudite, abusant quelque peu, de l'aveu de Photios lui-même, des figures et des tours poétiques, et s'exerçant sur des thèmes très rebattus.

L'apologie des mimes

Cette œuvre de Choricios de Gaza fut composée au cours des première années du règne de l’empereur Justinien, qui s’étendit du 1er août de l’année 527 au 15 novembre de l’année 565[1]. L’empereur Justinien fut précédé par Justin 1er et remplacé par Justin 2. Ce recueil de texte de Choricios rend état de la réalité des mimes et des acteurs de théâtre au courant du 6e siècle[2]. Les sources permettant de dresser un portrait de cette sphère de la société à cette époque sont extrêmement rares, donc la possibilité de consulter L’apologie des mimes de Choricios de Gaza permet de comprendre la vie de ces membres de la société qui pourrait nous être autrement parfaitement étrangère. Selon Graux, un savant d’origine française, un passage du texte permet de situer chronologiquement cette œuvre de Choricios. Selon lui, il s’agit du paragraphe 58 (tel que répertorié dans l’édition Foerster-Richteig), dans lequel Choricios écrit que la réputation parfois négative des mimes ne représenta jamais véritablement un obstacle à leur popularité dans la cité principale de l’empire, soit Constantinople. Il semble même que les mimes représentaient un rouage important des fêtes et des célébrations entourant les festivités de fin d’année. Ils se donnaient le plus souvent en spectacle dans des théâtres, des hippodromes et des cirques. Selon cette estimation de Graux, il réussit à confirmer que L’Apologie des mimes fût écrite entre l’an 525 et 530[1].

           Les prĂ©dicateurs chrĂ©tiens de l’époque ayant l’habitude de souvent critiquer les mimes ainsi que de les critiquer de multiples façons, Choricios Ă©crivit le texte en tentant de dĂ©fendre ces artistes en mĂ©langeant ses styles littĂ©raires dans L’Apologie des mimes, passant du texte officiel, en utilisant parfois des dĂ©clamations pour mieux faire comprendre son point de vue[1].

           Il semble que la seule reprĂ©sentation théâtrale du VIe siècle jusqu’à aujourd’hui est celle du mime. Tout au cours de l’antiquitĂ©, L’Apologie des Mimes fĂ»t utilisĂ©e en tant que ressource importante afin d’étudier l’évolution du théâtre ainsi que l’influence de certains auteurs comme Sophron et MĂ©nandre[1].

           Quelques figures marquantes de l’histoire de cette rĂ©gion du monde ont commentĂ© cette Ĺ“uvre de Choricios de Gaza; notamment Reich le Premier ainsi que Theocaridis. Ces Ă©tudes ont permis de confirmer que les informations que l’on retrouve dans L’Apologie des mimes sont vĂ©ridiques, puisqu’elles peuvent ĂŞtre confirmĂ©es par les travaux de Jean Chrysostome[1]. Morfakidis dĂ©dia Ă©galement une partie de sa carrière Ă  l’étude de ce texte de Choricios de Gaza. Il considĂ©rait qu’il s’agit de l’ouvrage principal afin d’en apprendre davantage sur l’art du mime au cours des premiers siècles de l’empire Byzantin[1].

           Choricios de Gaza mentionne dans ce livre que le terme « μῖμος-mimus » Ă©tait utilisĂ© pour faire rĂ©fĂ©rence soit Ă  un acteur, soit Ă  son jeu de mime. Cela dĂ©montre donc que les mimes Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des acteurs, respectĂ©s comme des artistes lĂ©gitimes. Le terme « μῖμος-mimus » existe avec plusieurs dĂ©clinaisons, par exemple « μιμολόγος, λογόμιμος, μιμόβιος, μιμῳδός[1] », ce qui dĂ©montre qu’il existait diffĂ©rentes spĂ©cialisations et diffĂ©rentes branches du mĂ©tier de mime. Des exemples de ces diffĂ©rents types de mimes sont les mimes vulgaires (qui faisaient majoritairement des plaisanteries obscènes) ou encore les mimes tuteurs, comme CicĂ©ron y fait allusion en Ă©voquant le mime ancien en tant que style théâtral. L’Apologie des mimes ainsi que l’étude qu’en firent par la suite plusieurs savants dĂ©montrent que l’activitĂ© de mime Ă©tait bel et bien une profession Ă  part entière au cours des premiers siècles de l’empire Byzantin et que ceux qui s’y dĂ©diaient parvenaient Ă  gĂ©nĂ©rer le revenu nĂ©cessaire afin de subvenir Ă  leurs besoins. Dans ce chapitre qui traite des diffĂ©rents types de mimes, Choricios explique que l’art du mime est une reprĂ©sentation de la vie et que les diffĂ©rents styles de mimes doivent leurs noms Ă  diffĂ©rentes sphères de la vie quotidienne. Dans l’antiquitĂ©, les grecs dĂ©finirent le mime comme : « une imitation de la vie comprenant Ă  la fois des actions admises et des actions interdites ». La libertĂ© d’expression dont profitaient les mimes est intĂ©ressante et nous permet d’apprendre qu’il n’y avait pas de tabous au cours des premiers siècles de l’empire Byzantin et que n’importe quel sujet pouvait ĂŞtre abordĂ© dans le cadre d’une Ĺ“uvre artistique, dans le cas qui nous concerne dans le théâtre et dans le travail des acteurs qui se considĂ©raient comme des mimes. Puisqu’ils pouvaient traiter d’actions interdites, ils en profitaient et abordaient des thèmes comme l’adultère, la parjure, la prostitution, la mythologie ainsi que les statuts sociaux[1]. La versatilitĂ© du rĂ´le de mime permettait d’interprĂ©ter des personnages de haut rang social; comme des mĂ©decins, des orateurs ou des maĂ®tres d’esclaves, autant que des personnages plus modestes comme un esclave ou un adultère. La danse reprĂ©sentait une partie importante du jeu d’un mime. Choricios mentionne Ă©galement que contrairement Ă  ce qu’on pourrait croire, le jeu d’un mime n’est pas improvisĂ©. L’essentiel du jeu d’un mime Ă©tait longuement pratiquĂ©, quoiqu’il existât quand mĂŞme l’exception de mimes qui improvisaient leur jeu totalemen[1]t.

           Grâce aux donnĂ©es chronologiques que nous pouvons retracer, L’Apologie des mimes semble ĂŞtre une des Ĺ“uvres appartenant au dĂ©but de la carrière de Choricios de Gaza. Il prĂ©tend avoir assistĂ© aux spectacles de mimes au cours des annĂ©es durant lesquelles il Ă©tait un Ă©tudiant puis avoir cessĂ© une fois qu’il eut obtenu le statut d’enseignant. Il mentionne qu’il ne cessa pas d’assister aux spectacles par sa propre dĂ©cision, mais bien parce qu’il s’agissait d’une loi Ă  Constantinople qui Ă©tablissait qu’il Ă©tait interdit pour les enseignants d’assister aux spectacles de mimes. Dans d’autres villes de l’empire Byzantin, ce règlement n’existait pas et il Ă©tait mal vu qu’un enseignant n’assiste pas au spectacle de ses Ă©lèves puisqu’il y serait perçu comme un ĂŞtre dĂ©sagrĂ©able et maussade. Nous savons Ă©galement, grâce Ă  d’autres documents historiques que Choricios de Gaza fĂ»t promu Ă  la tĂŞte de l’École de Gaza en tant que sophiste tout juste avant le dĂ©cès de son maĂ®tre Procope. Ce dernier ne se produisant plus en public en raison de son âge avancĂ©, il fut remplacĂ© par Choricios avant de dĂ©cĂ©der. Dans son discours funèbre pour la mort de Procope, Choricios laisse comprendre qu’il pourrait en ĂŞtre Ă  ses dĂ©buts en tant qu’enseignant, ce qui dĂ©montre qu’il en est au dĂ©but de sa carrière. La mort de Procope arriva sans doute après l’annĂ©e 528, puisqu’un de ses Ĺ“uvres, potentiellement la dernière, intitulĂ©e Monodie d’Antioche, relate des Ă©vènements relatifs aux tremblements de terre qui frappèrent Antioche entre 526 et 528. Selon ces indices chronologiques, il semble fort probable que L’Apologie des mimes fĂ»t rĂ©digĂ©e entre 525 et 527, alors que Procope Ă©tait toujours vivant et que Choricios Ă©tait Ă  la tĂŞte de l’École de Gaza en tant que sophiste[1]. Principalement, cette Ĺ“uvre de Choricios eĂ»t comme vocation de faire comprendre aux hautes instances de Constantinople qu’il n’y avait rien de mal dans le mĂ©tier de mime et qu’un acteur qui s’y prĂŞtait devrait avoir droit Ă  autant de libertĂ©s dans sa crĂ©ation artistique que n’importe quel autre individu participant Ă  d’autres formes d’art. Malheureusement, le travail de Choricios n’eut pas l’effet espĂ©rĂ© puisque, plus tard dans l’histoire de l’empire Byzantin, de nombreuses reprĂ©sentations de diffĂ©rents genres de divertissement furent interdites dans la citĂ© de Constantinople. Bien que L’Apologie des mimes reprĂ©sente une source de valeur inestimable pour l’étude des arts de la scène dans l’empire Byzantin, c’est l’étude qu’en ont fait plusieurs savants de l’antiquitĂ© qui nous permet aujourd’hui de vraiment cerner les propos de Choricios de Gaza[1].

Ouvrages

Une quarantaine de ces discours sont conservés, les uns complets, les autres mutilés : pour moitié des déclamations scolaires (μελέται), et d'autre part plusieurs discours officiels et des dissertations ou descriptions. S'y trouvent notamment les genres traditionnels du panégyrique, de l'oraison funèbre, du discours de mariage, du discours de controverse, également des descriptions (ekphraseis) d'œuvres d'art à la manière de Philostrate de Lemnos (première moitié du IIIe siècle). Les déclamations sont souvent accompagnées de commentaires. Choricios et Libanios furent des modèles les plus étudiés dans les écoles de rhétorique byzantines. Photios loue beaucoup son style, et lui reproche de se référer trop à la mythologie païenne. Ce style dit « de l'école de Gaza » est une rhétorique très formaliste – avec des règles comme l'évitement systématique du hiatus – recourant volontiers à la sentence, à la citation d'auteur, à l'allusion érudite, abusant quelque peu, de l'aveu de Photios lui-même, des figures et des tours poétiques, et s'exerçant sur des thèmes très rebattus[3].

Ouvrages principaux:

  • Premier Ă©loge de Marcien
  • Second Ă©loge de Marcien
  • Éloge d’Aratios et de Stephanos
  • Oraison funèbre de Procope
  • Épithalame pour Procope, Jean et Elias
  • L'apologie des mimes

Notes et références

  1. Christian Pernet, Choricios de Gaza, « L’Apologie des mimes », Peter Lang CH, (ISBN 978-3-0343-3698-7, 978-3-0343-3697-0 et 978-3-0343-3699-4, DOI 10.3726/b15337., lire en ligne)
  2. Choricios de Gaza, Discours et fragments. Tome II, 3e partie : Discours publics, Paris, Les belles lettres
  3. Chisholm, Hugh (1911). «Choricius». Enciclopédia Britânica. 11. Cambridge: Cambridge University Press

Éditions

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