Chiavette
Les Chiavettes, ou clef transpositrices, sont un système de combinaisons standard de clefs utilisées en musique polyphonique entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Elles permettent, par rapport aux clef usuelles chiavi naturali (ut 1, ut3, ut4 et fa4), un décalage, soit vers le bas (typiquement, sol2, ut2, ut3 et fa3), soit vers le haut (ut3, ut4, fa3 et fa5).
Le plus ancien auteur Ă mentionner un jeu de clefs hautes est Silvestro Ganassi dal Fontego, dans son Regula Rubertina de 1543, au chapitre 22, qui donne instruction aux musiciens de transposer cette musique d'une quinte vers le bas[1] - [2].
D'autres théoriciens, tels qu'Adriano Banchieri (1601) et Picerli (1631), indiquent de transposer à la quinte inférieure s'il n'y a rien à la clef et à la quarte inférieur s'il y a un bémol. Vers le milieu du XVIIe, mes commentateurs italiens ne mentionnent plus que la transposition à la quarte et plus tard encore, la pratique semble avoir été de transposer à la tierce afin de prendre en compte le diapason élevé des orgues italiens[2]. Le théoricien autrichien Johann Baptist Samber (1707) cependant donne pour règle de transposer à la quarte inférieure si la basse est notée en fa3 mais à la quinte si elle est en ut4[2].
Cette pratique ne semble pas avoir été universelle : Thomas Morley stipule que la musique doit être chantée dans la clef indiquée[3] tandis que Michael Praetorius indique le choix de transposer ou non selon l'ensemble[4]. Banchieri (1609) indique que la musique instrumentale doit être lue en clefs transpositrices tandis que les chanteurs utilisent les chiavi naturali à la hauteur indiquée.
Le nom de chiavette n'est apparu qu'au XVIIIe chez Girolamo Chiti (1718) alors que cette pratique avait pratiquement disparu ; vers le milieu du XVIIe, de nombreux compositeurs avaient adopté des pratiques de notation plus souples, sauf à la chapelle papale de Rome qui continuait à les utiliser au XIX°[2].
L'exécution des œuvres environ à la quarte inférieure permet souvent d'obtenir des résultats plus homogènes en termes de tessitures, quoique cela ne soit pas toujours le cas dans les enregistrements modernes[5].
Références
- Silvestro Ganassi, Lettione Seconda Pur della prattica di Sonare..., Venice,
- Modèle:Cite Grove
- Thomas Morley, A Plaine and Easie introduction to Practikall Musicke, London, , p. 189
- Michael Praetorius, Syntagmatis Musici... Tomus tertius, WolfenbĂĽttel, , p. 164
- H.K. Andrews, « Transposition of Byrd's Vocal Polyphony », Music and Letters, vol. 43,‎ , p. 25–37 (DOI 10.1093/ml/43.1.25)
Voir aussi
- Andrews, H. K. (1962). "Transposition of Byrd’s Vocal Polyphony". Music and Letters 43:25–37.
- Barbieri, Patrizio (1991). "Chiavette and Modal Transposition in Italian Practice (c1500–1837)". Recercare 3:5–79.
- Barbieri, Patrizio (2001). "Chiavette". The New Grove Dictionary of Music and Musicians, seconde Ă©dition, chez Stanley Sadie et John Tyrrell. London: Macmillan Publishers.
- Parrott, Andrew (1984). "Transposition in Monteverdi’s Vespers of 1610: an 'Aberration' Defended". Early Music 12:490–516.