Charles Savy
Claude-Étienne Savy, également connu sous son pseudonyme Charles Vays ou plus souvent sous le nom de Charles Savy, né à Lyon le et mort dans la même ville le [1], est un archéologue et écrivain français du XIXe siècle, théoricien de l'architecture néo-médiévale.
Biographie
Claude-Étienne Savy naît à Lyon (mairie unique) le 9 juin 1816[2], et meurt dans la même ville, 4e arrondissement, le 20 août 1886[2]. Fils de Jean François Marie Savy, instituteur, et de sa seconde épouse, Jeanne Marie Sébastienne Brun, le 20 avril 1839, il épouse à Lyon 4e, Anne Bonneton, née à Lyon le 1er novembre 1814, fille de Benoit Antoine Bonneton et Antoinette Jumont. Tour à tour fabricant de soieries, libraire (teneur de livres) à Lyon, durant les vingt-trois dernières années de sa vie, il est membre de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon (1863-1886)[3].
Positions
Charles Savy s'inscrit dans la lignée d'Eugène Viollet-le-Duc et plaide pour un retour en grâce de l'architecture médiévale. Toutefois, à l'intérieur de ce mouvement, des dissensions apparaissent, et Savy se range du côté de Pierre Bossan, architecte d'édifices néo-byzantins, alors qu'il critique certaines constructions et surtout restaurations, qui selon lui n'ont pas compris le style médiéval qu'elles tentent d'imiter.
Lors des travaux que mène Tony Desjardins entre 1849 et 1862 sur la primatiale Saint-Jean, Charles Savy s'inquiète des excès médiévistes de l’architecte, qui, au lieu de faire restaurer l'édifice dans l'aspect qu'il pouvait avoir à la fin du Moyen Âge, lors de son achèvement (1480), cherche à en faire une « cathédrale idéale ». Ainsi, Desjardins fait refaire la charpente pour qu'elle soit alignée avec le pignon de la façade. Il projette également de doter les tours de flèches. Le projet, diversement accueilli par la population, est vivement critiqué. Savy fait partie des contempteurs de ces projets et réalisations. En 1861, il adresse un mémoire au ministre de l'Instruction publique et des cultes dénonçant la forme de la nouvelle charpente. Le 12 septembre 1861, il écrit au ministre de l'Intérieur pour protester contre le projet de réalisation de flèches[4]. Il estime en 1861 que le choix effectué à Lyon est le mauvais, et qu'il aurait mieux valu imiter ce qui s'est fait à Saint-Maurice à Vienne ; il s'inquiète de ce que « la toiture aiguë que l'on vient d'élever si inconsidérément sur la grande nef va nécessiter forcément le relèvement de tous les clochers » ; peu après, Savy finit même par interpeller Viollet-le-Duc, qui, selon lui, a trahi l'esprit de son propre manifeste de 1843[5].
Savy est également très critique des opérations d'ornementation des églises qui font trop peu de cas de l'archéologie, qui ne cherchent pas à comprendre la logique et la structure de la construction médiévale. Ainsi, les restaurations ou construction des églises d'Écully, de Caluire et de Vaise sont à ses yeux des échecs. Par exemple, l'église de l'Immaculée-Conception de Caluire, construite par Pierre Bernard, n'a pas selon Savy de véritable caractère néo-gothique car elle est dénuée d'arcs-boutants[note 1] - [6].
À l'inverse, Savy est très admiratif du travail de Pierre Bossan, par exemple sur la restauration de l'église Saint-Georges ou, plus encore, pour la construction de l'église de l'Immaculée-Conception de Lyon, dans le troisième arrondissement ; mais les éléments de comparaison médiévale lui manquent, ce qui est normal puisque l'édifice se réclame d'un style néo-byzantin encore balbutiant en Europe occidentale[7]. De même, le travail effectué par Bossan sur la basilique de Lalouvesc est du point de vue de Savy la synthèse parfaite des ressources artistiques médiévales et des traditions architecturales antiques, ce qui s'illustre selon lui plus encore par la décoration que par l'architecture[8].
L'analyse de Charles Savy se porte donc logiquement sur la construction, alors commençante, de la basilique Notre-Dame de Fourvière.
Ĺ’uvres
- Charles Savy, « De l'architecture religieuse à Lyon d'après quelques constructions modernes (églises d'Écully, de Caluire, de Vaise et de l'Immaculée-conception) », Revue du Lyonnais, Aimé Vingtrinier,‎ , p. 16
- Charles Savy, « De l'architecture religieuse à Lyon d'après quelques constructions modernes (église de La Demi-Lune, église de Saint-Georges) », Revue du Lyonnais, Aimé Vingtrinier,‎ , p. 20
- Charles Savy, « Étude sur la nouvelle église de Lalouvesc », Revue du Lyonnais, Aimé Vingtrinier,‎ , p. 24
- Charles Savy, L'architecture de l'église projetée de Fourvière d'après les plans exposés : études comparatives, Lyon, Aimé Vingtrinier, , 36 p. (OCLC 458436787, ASIN B001BN4ZJM)
- Charles Savy, « De l'exclusivisme en archéologie et de ses conséquences », Revue du Lyonnais, Aimé Vingtrinier,‎ , p. 15
Notes et références
Notes
- L'arc-boutant n'est pourtant pas un signe distinctif obligatoire de l'architecture gothique. Ainsi, l'Ă©glise Saint-Georges n'en a pas[6].
Références
- Archives municipales de Lyon, 4e arrondissement, année 1886, acte de décès no 670, cote 2E1110
- État-civil de Lyon en ligne
- « Charles Vays (1816-1886) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Philippe Dufieux, « Gothiques et romans : la restauration des églises à Lyon au XIXe siècle », Livraisons d'histoire de l'architecture, Persée, vol. 3, no 1,‎ , p. 45-46 (DOI 10.3406/lha.2002.898, lire en ligne).
- Nicolas Reveyron (dir.), Jean-Dominique Durand (dir.), Didier Repellin (dir.) et Michel Cacaud (dir.), Lyon, la grâce d'une cathédrale, Strasbourg, La Nuée bleue, , 512 p. (ISBN 978-2716507899), « Philippe Dufieux, « La primatiale à l'épreuve du siècle de l'Histoire — le mythe de la cathédrale idéale » », p. 81-83.
- Philippe Dufieux 2004, Chapitre III « Gothiques et romans » — I. Le néo-gothique — 2. Un néo-gothique romantique, p. 134.
- Philippe Dufieux 2004, Chapitre Ier « À la recherche d'une nouvelle architecture » — I. La genèse du style Bossan — 2. Un néo-gothique romantique, p. 165.
- Philippe Dufieux 2004, Chapitre Ier « À la recherche d'une nouvelle architecture » — III. L'œuvre préférée du maître : la basilique de La Louvesc, p. 173.
Voir aussi
Bibliographie
- [Philippe Dufieux 2004] Philippe Dufieux, Le mythe de la primatie des Gaules : Pierre Bossan (1814-1888) et l'architecture religieuse en Lyonnais au XIXe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 311 p. (ISBN 978-2-7297-0726-2, lire en ligne), « Les bâtisseurs d'églises », p. 76