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Cassa del Mezzogiorno

La Cassa del Mezzogiorno ou encore Cassa per il Mezzogiorno (qui pourrait se traduire en français par « Caisse du Midi Â» ou « Caisse pour le Midi ») est un fonds public mis en place en Italie par le gouvernement italien pour stimuler la croissance Ă©conomique et le dĂ©veloppement dans les rĂ©gions moins dĂ©veloppĂ©es en Italie du Sud (Ă©galement appelĂ© « Mezzogiorno »).

Pavillon construit Ă  Cagliari en 1953 afin de promouvoir l'action de la Cassa del Mezzogiorno en Sardaigne.
Panneau informatif indiquant les travaux entrepris sous l'Ă©gide de la Cassa del Mezzogirno en Italie du Sud

Histoire et description

Après la fin du Plan Marshall, le gouverneur de la Banque d'Italie, Donato Menichella obtient d'Eugene R. Black Sr, président de la Banque mondiale, des prêts pour financer la modernisation du Sud de l'Italie[1].

InitiĂ© par le vote de l'assemblĂ©e rĂ©gionale sicilienne le 9 mai 1950 pour le dĂ©veloppement industriel de l'Ă®le, et rĂ©pondant Ă  la dimension rĂ©paratrice que revendiquait les autonomistes vis-Ă -vis de l’État central, le fonds « pour les travaux extraordinaires d'intĂ©rĂŞt public dans le Midi italien »[1], crĂ©Ă© par la loi du 10 aoĂ»t 1950[2], Ă©tait principalement affectĂ© Ă  la construction des travaux publics et d'infrastructures (routes, voies ferroviaires, ponts, centrales hydroĂ©lectriques et irrigation). Le fonds offrait ainsi des subventions, du crĂ©dit et des avantages fiscaux pour promouvoir les investissements. Il est finalement dissous en 1984[3]. Sa fonction est nĂ©anmoins recrĂ©Ă©e sous une autre forme en 1986 par l’« Agenzia per la promozione e lo sviluppo del Mezzogiorno » mais elle est elle aussi supprimĂ©e en 1992[4].

Le financement du plan fut Ă©tabli Ă  100 milliards de lires par an sur une pĂ©riode de dix ans (1951-1960), c'est-Ă -dire 1 000 milliards de lires au total. Ce chiffre sera ensuite augmentĂ© en 1952 Ă  1 280 milliards Ă  utiliser entre 1951 et 1962[5]. L'agriculture obtient la moitiĂ© de ces aides, les infrastructures 30 %, les 20 % autres Ă©tant rĂ©partis entre l'industrie, l'artisanat et le tourisme. Son action est complĂ©tĂ©e par celle de l'Associazione per lo sviluppo dell'Industria nel Mezzogiorno (Association pour le dĂ©veloppement de l'Industrie dans le Mezzogiorno, ou SVIMEZ), crĂ©Ă©e en 1946[1].

Un des instruments de planification utilisĂ© pour la finalisation des interventions Ă©tait le « plan A.S.I. », un plan destinĂ© Ă  la crĂ©ation de Aree di Sviluppo Industriale (« Zones de dĂ©veloppement industriel Â») : il prĂ©voyait la crĂ©ation de consortiums rĂ©alisĂ©s selon les directives de la loi du n. 634 (Provvedimenti per il Mezzogiorno), dans un plan sectoriel pilotĂ© par les communes, provinces, chambres de commerce afin de promouvoir le dĂ©veloppement industriel et la rĂ©alisation d'infrastructures de base dans les zones concernĂ©es par l'action de la Cassa per il Mezzogiorno[4]. Par la loi de 1957, les fonds sont destinĂ©es Ă  50% Ă  l'industrie contre 20 % Ă  l'agriculture dans les annĂ©es 1960[1].

Les financements du fonds interviennent principalement dans les zones rurales permettant Ă  l'Italie du Sud d'entrer dans le monde moderne, bien qu'il y ait des preuves que certains de ces fonds ait Ă©tĂ© gaspillĂ©s en raison de la mauvaise gestion financière par les institutions locales. L'historien Denis Mack Smith a notĂ©, dans les annĂ©es 1960, que près d'un tiers de l'argent a Ă©tĂ© ainsi gaspillĂ©. Les aciĂ©ries et autres projets promis ne sont pas terminĂ©s et des projets d'irrigation et de barrage n'ont pas Ă©tĂ© achevĂ©s comme prĂ©vu. Tous ces ouvrages inachevĂ©s ou tombĂ©s en dĂ©suĂ©tude car non adaptĂ©s sont dĂ©finis par Luigi Sturzo sous le terme cattedrali nel deserto (« cathĂ©drales dans le dĂ©sert Â»)[6].

Une autre raison de l'échec du projet est le détournement de fonds à d'autres fins par la mafia.

L'industrie créée par le gouvernement était marginale, mais le besoin de main-d'œuvre qualifiée a entraîné une baisse du taux de chômage en Italie du sud.

Le journaliste italien Luigi Barzini (it) a également noté que les fonds étaient généralement donnés aux grandes entreprises italiennes afin de construire à grande échelle, des usines de fabrication hautement automatisées nécessitant de grandes quantités d'argent et demandant peu de main d'œuvre. En outre, les financements ont surtout bénéficié aux industries du Nord qui ont réalisé les travaux de gros œuvre ou qui ont délocalisé une partie de leur production dans des locaux neufs et des outils modernes financés par l'état[7] comme Fiat qui a bénéficié des fonds pour ses usines ultramodernes construites à Cassino, Termoli et Melfi[8].

Bibliographie

  • (es) Paolo Emilio Taviani, El Problema del desarrollo y la experiencia de la Cassa del Mezzogiorno, Florence, Le Monnier, , p. 98.
  • (it)Cassa per il Mezzogiorno. Dodici anni, 1950-1962, Bari, Laterza, 1962, 6 volumes.
  • (it) Antonio Russo. Governare lo sviluppo locale. Aracne editrice, Rome, 2009. (ISBN 978-88-548-2638-0).
  • (it) Gianantonio Stella, Lo Spreco, Mondadori Editore, .

Notes et références

  1. Jean-Yves Frétigné, Histoire de la Sicile : des origines à nos jours, Paris, Fayard/ Pluriel, 2018 (ISBN 978-2-818-50558-8), p. 426-427.
  2. (it) L’intervento straordinario nel Mezzogiorno
  3. (it) D.P.R. 6 août 1984 (Gazz. Uff. 8 août 1984, n. 217
  4. (it) « Cassa per il Mezzogiorno », sur Treccani.it
  5. (it) « L’intervento straordinario nel Mezzogiorno », sur Criticastorica.it
  6. (it) « cattedrali nel deserto », sur Treccani.it
  7. Stella 2001
  8. (it) Giovanni Delle Donne, Cara Italia... Tutta La Nostra Storia Dall'unita Ad Oggi (1861-2011), SeBook, , 438 p. (ISBN 978-88-7647-584-9, lire en ligne)
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