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Camp de Changi

Le camp de prisonniers de guerre de Changi est un camp de prisonniers de guerre construit par les occupants japonais sur l'est de l'île principale de Singapour durant la Seconde Guerre mondiale.

Camp de Changi
Image de l'Ă©tablissement
Localisation
Pays Drapeau de Singapour Singapour
CoordonnĂ©es 1° 21′ 25″ nord, 103° 58′ 25″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Singapour
(Voir situation sur carte : Singapour)
Camp de Changi
Architecture et patrimoine
Construction
Installations
Type Camp de prisonniers de guerre

Le camp a été construit sur le site de trois anciennes casernes britanniques après la conquête de l'île le . Dans ce camp de prisonniers de guerre, les Japonais ont rapidement regroupé la quasi-totalité de leurs prisonniers de guerre alliés (les Britanniques, les Australiens et Néerlandais) ainsi que de nombreux civils.

Au cours de son existence, environ 87 000 prisonniers y furent internĂ©s, et environ 850 y sont morts. Une partie beaucoup plus importante des soldats alliĂ©s sont morts dans les camps de travail, en Birmanie, en ThaĂŻlande et Ă  BornĂ©o.

Aujourd'hui, sur le site de l'ancien camp se situent l'aéroport Changi et la prison de Singapour (dans laquelle les trafiquants de drogue sont régulièrement exécutés[1]).

Avant-guerre

Singapour était sous domination britannique, et était surnommé « l'arsenal de la démocratie » et le « Gibraltar de l'Extrême-Orient ». En , Les Britanniques avaient installé, dans le nord-est de l'île une prison destinée à accueillir 600 prisonniers de droit commun, à proximité de la caserne Selarang[2].

Le camp

Chapelle construite en 1944 par des prisonniers australiens, reconstruite en 1988 Ă  Canberra.

Lorsque les derniers dĂ©fenseurs de Singapour, au nombre de 40 000, se rendirent aux Japonais le , ils furent envoyĂ©s (Ă  pied) dans l'est de l'Ă®le, près de la prison[3]. Parmi eux, environ 15 000 Australiens furent dĂ©tenus dans l'ancienne caserne Selarang. 3 000 civils britanniques et nĂ©erlandais furent d'abord dĂ©tenus dans la caserne de Selarang. En tout, 50 000 prisonniers de guerre alliĂ©s furent regroupĂ©s Ă  proximitĂ© de la prison[2]. Au dĂ©but, les Japonais ne se sont pas vraiment intĂ©ressĂ©s Ă  leurs prisonniers, laissĂ©s sous le contrĂ´le de leurs propres commandants. Les Japonais entraient rarement dans l'enceinte de la prison. Les officiers ont souvent essayĂ©, en vain, de maintenir la discipline militaire, et de passer le temps avec des exercices et des dĂ©filĂ©s. Mais en rĂ©alitĂ©, les journĂ©es Ă©taient longues. Des interrogatoires musclĂ©s y furent pratiquĂ©s, et la malnutrition y sĂ©vissait, ainsi que plusieurs maladies. Une chorale fut très vite autorisĂ©e, mĂŞme encouragĂ©e. Des orchestres se produisaient, des Ĺ“uvres furent composĂ©es, et un disque fut mĂŞme enregistrĂ© dans l'immĂ©diat après-guerre en souvenir de l'orchestre. Des caricatures ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă  partir de scènes de la vie du camp. En , après l'opĂ©ration militaire britannique « Jaywick » oĂą un commando australien mena un raid dans le port de Singapour et y coula plusieurs navires marchands japonais, les autoritĂ©s du camp de Changi furent persuadĂ©es de l'implication de certains prisonniers dans l'opĂ©ration. Une centaine d'entre eux fut interrogĂ©e par la Kenpeitai, la police militaire japonaise.

Prisonniers notables

Les prisonniers de ce camp étaient des militaires du Commonwealth britannique et américains. Parmi eux, des musiciens et des écrivains célèbres y ont été internés.

  • James Clavell, romancier britannique, qui Ă©crira plus tard King Rat, s'inspira de ses souvenirs du camp.
  • George Aspinall, photographe australien, qui a immortalisĂ© les corps amaigris des prisonniers.
  • W. R. M. Haxworth, peintre, auteur de plus de 400 caricatures et dessins sur la vie des prisonniers.
  • Ray Tullipan, musicien.
  • Slim de Grey, musicien.
  • Harry Berry, musicien.

La vie dans le camp

Très vite, le camp, installé sur une prison et un camp militaire, fut surpeuplé. La vie y était rendue plus difficile par les dégradations provoquées par les combats lors de la conquête japonaise. Cependant, l'impression de camp de vacances des premiers jours ne dura pas longtemps. les détenus dormaient sur des lits de fortune, souvent constitués de caisses et de fibres de noix de coco, la lessive et le linge accrochés en hauteur. Au début, les prisonniers avaient encore suffisamment de vêtements, comme le rapporte George Aspinall[4]La sous-nutrition était le principal problème des prisonniers : la ration de riz ne couvrait que la moitié des besoins alimentaires, et contenait des charançons. Ainsi, les détenus furent extrêmement maigres et sujets aux maladies. Au bout d'un moment, les prisonniers furent autorisés à compléter leur alimentation de riz en cultivant des légumes (patates douces, manioc). Les feuilles de la racine de tapioca étaient cuites pour obtenir la vitamine B. Les uniformes militaires des prisonniers se détérioraient sous le climat tropical, les hommes furent obligés de se faire des vêtements avec tout ce qu'ils pouvaient[5]. Des relations homosexuelles se nouèrent (les hommes étaient jeunes et vigoureux) et cela pouvait indisposer des gradés, qui parfois leur confiaient des corvées, avec l'accord des Japonais[4]. L'ennui, le stress et l'absence de nouvelles de l'extérieur étaient également difficiles à vivre. Mais bien vite, les hommes ont trouvé des moyens de se distraire, souvent avec l'aval des Japonais :

  • The University of Changi (L'universitĂ© de Changi) : un jour, le colonel « Black Jack » Galleghan est venu avec un officier supĂ©rieur japonais. Afin de lutter contre l'ennui, prĂ©venir la dĂ©saffection et les pensĂ©es d'Ă©vasion, il demanda au commandant japonais des livres, que d'ailleurs il savait oĂą trouver. Par consĂ©quent, un convoi de camions est conduit Ă  Changi, amenant tout le contenu de la Bibliothèque de Singapour. Les livres eurent Ă©normĂ©ment de succès, d'autant plus qu'avant-guerre, l'Australie partageait avec la RĂ©publique d'Irlande une politique de censure très forte sur les livres. Le camp Ă©tait rempli de jeunes Ă©tudiants en droit, en mĂ©decine, en astronomie[6]. Environ 20 000 ouvrages sont arrivĂ©s, pelletĂ©s par les hommes. Des classes d'agronomie, d'Ă©ducation, de langues, de droit, de gĂ©nie civil, de mĂ©decine et de sciences mises en place. Pour certains, l'apprentissage Ă©tait d'un grand intĂ©rĂŞt, pour d'autres, la lecture n'Ă©tait qu'un moyen de passer le temps. 400 prisonniers de guerre ont appris Ă  lire dans le camp de Changi.
  • The Changi Concert Party (L'Orchestre de Changi) : pour tenir le moral des troupes avec humour, s'est très vite constituĂ© l'orchestre. Dès le deuxième jour d'internement, Ă  la caserne Selarang. L'idĂ©e de dĂ©part Ă©tait d'accueillir pour un petit spectacle de variĂ©tĂ©s tous ceux qui souhaitaient y participer[7]. Le succès est arrivĂ©, les Japonais ont donnĂ© leur accord pour qu'un orchestre permanent de 30 hommes fut constituĂ©. Ses membres ont passĂ© trois ans de captivitĂ© Ă  organiser des spectacles pour les prisonniers alliĂ©s. Le succès Ă©tait tel qu'un système de quotas dut ĂŞtre mis en place afin que chaque prisonnier puisse voir au moins un spectacle. Un spectacle nouveau Ă©tait prĂ©sentĂ© toutes les deux semaines, et alternait variĂ©tĂ©s, pièces musicales, théâtre. L'orchestre, en plus de son public fidèle, occupait une petite troupe de jeunes hommes dĂ©sireux d'Ă©chapper Ă  l'ennui : des accordeurs de piano, des plombiers, des Ă©lectriciens, des charpentiers...
  • La photographie : George Aspinall a laissĂ© de nombreuses photographies de la vie du camp de Changi.
  • La caricature : George Sprod a laissĂ© de nombreuses caricatures de la vie au camp de Changi

La convention de Genève

La convention de Genève n'Ă©tait pas respectĂ©e par l'armĂ©e japonaise, tant Ă  Changi - connu de la Croix-Rouge - que dans d'autres camps[8]. Ainsi, en , quatre prisonniers australiens ont Ă©tĂ© repris pendant une tentative d'Ă©vasion. Les Japonais exigèrent des prisonniers de guerre la signature d'une dĂ©claration solennelle dans laquelle ils promettaient de ne plus jamais tenter de s'Ă©vader. Or, tout prisonnier militaire a le devoir de tenter de s'Ă©vader. Sur ordre de leurs officiers, les soldats ont d'abord refusĂ©. Les Japonais ont alors exposĂ© 15 000 des prisonniers rĂ©fractaires dans des baraquements ne pouvant contenir Ă  peine pas plus d'un millier de personnes, ce qui devint vite insupportable. Au bout de quatre jours, sans nourriture ni eau, souffrant de dysenterie, de malnutrition et de dĂ©shydratation et Ă©tant compressĂ©s Ă©paule contre Ă©paule, ils signent la convention que leurs tendent les Japonais[9]. Cependant, pour certains dĂ©tenus, l'arrivĂ©e au camp de Changi après avoir connu des camps en ThaĂŻlande pouvait ressembler Ă  un camp plus calme.

L'après-guerre

Un musée commémoratif a été créé sur le site, qui regroupe des objets offerts par des vétérans australiens.

En 1947, est sorti un album vinyle LP, Changi souvenir song book, contenant une sélection d'œuvres musicales composées au camp de Changi[10].:

En 1993, est sorti le disque " The Changi songbook " '1942-1945" (chansons originales de prisonniers de guerre).

En 2001, la chaîne de télévision ABC (Australian Broadcoast Company) a produit et diffusé une série télévisée de 6 épisodes, appelée Changi, et rappelant la vie de prisonniers de guerre australiens dans le camp de Changi. Par la suite, un DVD est sorti, ainsi qu'un CD audio.("Changi", Australian Television (ABC TV) Series, Mario Millo, Universal Music Australia 12092.

Évocation cinématographique

Le film nommé "Un caïd" donne un aperçu de la captivité dans le camp de prisonniers de guerre de Changi.

Ce film américain, réalisé par Bryan Forbes (1965), est une adaptation du roman King Rat (1962) de James Clavell, lui-même ancien prisonnier du camp.

Notes et références

  1. (en) « Home - Rough Guides », sur Rough Guides (consulté le ).
  2. Voir article sur Wikipedia en
  3. (en) « Changi POW camp - History Learning Site », sur History Learning Site (consulté le ).
  4. « abc.net.au/changi/life/default… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  5. « abc.net.au/changi/life/cartoon… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  6. « abc.net.au/changi/life/univers… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  7. « abc.net.au/changi/life/concert… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  8. « cofepow.org.uk/pages/ships_str… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  9. (en) « Japanese Forces - The Selarang Barracks Incident », sur ww2incolor.com (consulté le ).
  10. http://claude.torres1.perso.sfr.fr/GhettosCamps/MusiquePrisonniers.html

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie et webographie

Liens externes

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