AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Bois traité thermiquement

Le bois traité thermiquement est un bois qui a été chauffé à plus de 160 °C de telle sorte que les propriétés du matériau sont modifiées dans la masse du bois[1]. En particulier, le bois traité thermiquement est plus sombre, plus stable et plus résistant aux champignons que le bois naturel [2].

FrĂȘne non traitĂ© (Ă  gauche) et frĂȘne traitĂ© thermiquement (Ă  droite).

Historique

Pour des usages en extĂ©rieur particuliĂšrement, le bois est un matĂ©riau qui nĂ©cessite un traitement particulier afin de pallier les inconvĂ©nients de stabilitĂ© dimensionnelle ou de durabilitĂ© que peut prĂ©senter un bois non traitĂ©. Pour lui confĂ©rer de meilleures propriĂ©tĂ©s physicochimiques, deux approches sont aujourd’hui pratiquĂ©es : l’addition d’adjuvants (biocides, polymĂšres, etc.) et la modification physicochimique du matĂ©riau lui-mĂȘme (densification, acĂ©tylation, traitement thermique, etc.). Le choix du traitement dĂ©pendra des propriĂ©tĂ©s recherchĂ©es pour le bois.

Les Ă©tudes concernant le traitement thermique du bois commencent dans les annĂ©es 1950 aux États-Unis avec le procĂ©dĂ© Staybwood qui consiste Ă  mettre le bois en contact avec un mĂ©tal en fusion[3]. Dans les annĂ©es 1970, aprĂšs le premier choc pĂ©trolier, la filiĂšre bois connait un essor particulier. Le bois est alors utilisĂ© pour le bĂątiment, le papier, l’ameublement. Les Ă©tudes sur son traitement Ă  haute tempĂ©rature sont surtout motivĂ©es par la filiĂšre Ă©nergĂ©tique. Mais c'est Ă  cette pĂ©riode que voient le jour en Europe et au Canada les premiĂšres technologies permettant de traiter thermiquement le bois.

En Europe, trois procédés existent : Retiwood, développé en France, Thermowood développé en Finlande par VTT, et Platowood développé aux Pays-Bas.

Historiquement, dĂšs le XVIIIe siĂšcle au Japon, la technique du yakisugi (ç„Œăæ‰, littĂ©ralement littĂ©ralement cĂšdre grillĂ© ou cĂšdre brĂ»lĂ©) qui consiste Ă  brĂ»ler une face de bois, traditionnellement en cĂšdre du Japon permet de construire des bardages de maisons traditionnelles, pour accroĂźtre la rĂ©sistance Ă  l'humiditĂ© et aux insectes xylophages.

Cette technique est depuis réintroduite dans des constructions contemporaines.

Maisons Ă  Naoshima utilisant ce type de bardage.




Procédés

Le traitement varie en fonction du type du bois, mais le principe est de porter la température au moins à 215 °C, avec refroidissements à la vapeur d'eau.

Aucun produit chimique n'est ajouté.

Il existe plusieurs techniques ou procĂ©dĂ©s de traitement thermique du bois. La principale diffĂ©rence d'un procĂ©dĂ© Ă  l'autre est le vecteur thermique, c'est-Ă -dire l'atmosphĂšre utilisĂ©e pour la chauffe du bois. Dans tous les cas, l'atmosphĂšre doit ĂȘtre pauvre en oxygĂšne afin d'Ă©viter que le bois ne s'enflamme. Voici les diffĂ©rentes atmosphĂšres pouvant ĂȘtre utilisĂ©es :

  • Vapeur d'eau
  • Azote
  • Huile
  • Vide

Parmi les différentes marques proposées, il existe différents procédés concurrents, dont en France Rétiwwod, Thermowood, Plato, et Perdure[4].

Utilisations

Les bois modifiés thermiquement sont utilisés en parquet, en bardage, en platelage[5].

Modifications chimiques

Jusqu'à une température de 140 °C, la température n'a pour effet sur le bois que d'en évacuer l'eau libre, puis l'eau liée[6]. Les modifications chimiques du bois deviennent significatives à partir de 180 °C. Ces modifications touchent les trois composants principaux du bois : les hémicelluloses, la cellulose, et les lignines.

HĂ©micelluloses

De par leur caractÚre amorphe, les hémicelluloses sont des polymÚres facilement hydrolysables en présence d'eau et d'acide. Ce mécanisme apparaßt d'autant plus facilement au cours du traitement thermique du fait de la présence d'eau dans l'atmosphÚre de l'enceinte de traitement et des groupements carboxyliques présents dans le bois qui rendent le milieu acide.

Les produits issus de l’hydrolyse des polysaccharides peuvent Ă  leur tour ĂȘtre le seuil de rĂ©actions de condensation et de dĂ©shydratation[7]. On parle de condensation lorsque deux molĂ©cules s’assemblent pour former une molĂ©cule plus grosse et des sous-produits. Certaines rĂ©actions de condensation peuvent s’accompagner aussi de dĂ©shydratation, c’est-Ă -dire qu’une ou plusieurs molĂ©cules d’eau font partie des sous-produits. À titre d’exemple, on peut citer la dĂ©shydratation d’un pentose pour former du furfural.

Lignines

Il faut attendre des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă  220 °C pour observer des rĂ©actions significatives des lignines[8]. Cependant, malgrĂ© leur supposĂ©e stabilitĂ©, les lignines sont responsables des rejets de composĂ©s aromatiques responsables de l’odeur caractĂ©ristique des bois traitĂ©s thermiquement[9]. Par ailleurs, les produits de dĂ©gradation des polysaccharides peuvent se condenser, participant ainsi Ă  l’augmentation du taux de lignines[10].

Cellulose

Le traitement thermique conduit Ă  une augmentation du taux de cristallinitĂ© de cellulose. Cette variation peut s’expliquer par une dĂ©gradation des parties amorphes. Mais aussi par une augmentation de la taille des cristaux et une transformation partielle des parties amorphes en cristaux. Pour expliquer l’augmentation de la cristallinitĂ©, Tanahashi[11] propose le mĂ©canisme suivant :

  1. hydrolyse des parties amorphes
  2. la mobilité des chaßnes de cellulose augmente
  3. les chaßnes se réarrangent pour former de nouveaux cristaux
  4. certains cristaux fusionnent entre eux pour en former de plus gros.

Dans certaines conditions, la cellulose peut se dĂ©grader. Les parties amorphes sont plus sensibles Ă  cette dĂ©gradation, mais il faut attendre des tempĂ©ratures de l’ordre de 300 °C pour que la cellulose cristalline se dĂ©grade[8]. Les tempĂ©ratures pratiquĂ©es par les diffĂ©rents procĂ©dĂ©s de traitement thermique sont davantage proche de 200 °C ; la cellulose est donc peu affectĂ©e par le traitement thermique.

Propriétés des bois traités thermiquement

Durabilité

La durabilitĂ© du bois est souvent testĂ©e avec la souche de champignon de Poria Placenta qui est rĂ©putĂ©e virulente pour de nombreuses essences. Face Ă  cette souche, le bois traitĂ© thermiquement peut ne pas ĂȘtre dĂ©gradĂ© si la tempĂ©rature et le temps de traitement sont assez importants[12].

Stabilité dimensionnelle

Le gonflement et le retrait du bois peuvent ĂȘtre diminuĂ©s de plus de 40% grĂące au traitement thermique[12].

Couleur

Le traitement thermique rend le bois plus sombre[12]. La couleur obtenue aprÚs la chauffe dépend de l'essence et de l'intensité du traitement.

RĂ©sistance

Le module de rupture en flexion du bois est affecté par le traitement thermique. La plupart des études s'accordent pour montrer que, quels que soient le procédé, l'intensité de traitement et l'essence considérés, le module de rupture est diminué de 30 à 60 % par le traitement thermique[13] - [14].

La résistance au cisaillement est elle aussi amoindrie[15].

Rigidité

L'évolution de la rigidité d'un bois traité thermiquement dépend de l'essence considérée, du procédé de traitement et de l'intensité de traitement. Certaines études mettent en évidence une augmentation du module élastique[14], tandis que d'autres le voient diminuer[13].

Autres

  • RĂ©sistance amĂ©liorĂ©e Ă  la moisissure
  • Meilleure isolation thermique
  • Brunissement Ă  travers tout le bois
  • Bois trĂšs lĂ©ger
  • DuretĂ© de surface amĂ©liorĂ©e
  • RĂ©sine quasi inexistante
  • Produit rĂ©pondant aux normes HQE

Références

  1. Norme XP CEN/TS 15679:2008-03
  2. Finnish Thermowood Association, Snellmaninkatu 13, FIN-0017 Helsinki, FINLAND, Thermowood Handbook.
  3. (en) Alfred J Stamm, Horace K Burr et Albert A Kline, Heat stabilized wood (staybwood), U.S. Dept. of Agriculture, Forest Service, Forest Products Laboratory, coll. « Report (Forest Products Laboratory (U.S.)) » (no 1621), (OCLC 236997487)
  4. Qu'est qu'un bois traité à haute température (THT)? sur abribois.com.
  5. « Bois durables : Traitement thermique du bois - Bois durables de Bourgogne », sur www.boisdurablesdebourgogne.fr (consulté le )
  6. Mounir Chaouch, Philippe Gérardin, Mathieu Pétrissans et Université de Nancy I, Effet de l'intensité du traitement sur la composition élémentaire et la durabilité du bois traité thermiquement : développement d'un marqueur de prédiction de la résistance aux champignons basidiomycÚtes, (OCLC 800926369, lire en ligne)
  7. D. Laroque, C. Inisan, C. Berger, E. Vouland, and L. DufossĂ©. Kinetic study on the maillard reaction. consideration of sugar reactivity. Food Chemistry, (111) :1032–1042, 2008.
  8. Christelle Ganne-ChĂ©deville, Soudage linĂ©aire du bois : Ă©tude et comprĂ©hension des modifications physico-chimiques et dĂ©veloppement d'une technologie d'assemblage innovante, Sarrebruck, Éditions universitaires europĂ©ennes, , 221 p. (ISBN 978-613-1-50437-2, OCLC 731048354)
  9. M. AkgĂŒl, E. GĂŒmĂŒskaya, and S. Korkut. Crystalline structure of heat treated scot pine and uludag fir wood. Springer-Verlag, October 2006.
  10. D. Kandem, A. Pizzi, and A. Jemmenaud. Durability of heat treated wood. Holz als Roh- und Werkstoff, (60) :1–6, 2002.
  11. M. Tanahashi, T. Goto, A. Horii, and T. Higushi. Caracterization of steam exploded wood, iii. transformation of cellulose crystals and changes of crystallinity. Mokuzai Gakkaishi, (35), 1989.
  12. (en)C.Welzbacher, C. Brischke, and A. Rapp. Estimating the heat treatment intensity through various properties of thermally modified timber. In A presentation for course. IRG, May 2009.
  13. J. L. Shi, D. Kocaefe, and J. Zhang. Mechanical behavior of quĂ©bec woods species heat-treated using thermowood process. Holz Roh Werkst, (65) :255–259, 2007.
  14. D. Kocaefe, B. Chaudhry, S. Poncsak, M. Bouazara, and A. Pichette. Thermogravimetric study of high temperature treatment of aspen : effect of tretment parameters on weight loss and mechanical properties. J Mater Sci, (42), 2007.
  15. Dominique Louppe et Gilles Mille, MĂ©mento du forestier tropical, Versailles, Éditions Quae, , 1198 p. (ISBN 978-2-7592-2340-4, OCLC 944110822, lire en ligne), p. 953-957

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.