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Body positive

Le body positive est un mouvement social en faveur de l'acceptation et l'apprĂ©ciation de tous les types de corps humains[1] - [2]. Dans le cadre des rĂ©seaux sociaux, ce mouvement consiste Ă  crĂ©er un espace inclusif, en postant des images de tous types de femmes et de morphologies, afin d’instaurer des relations plus saines avec leurs corps[3]. Il encourage la diversitĂ© et l'estime de soi en soutenant que la beautĂ© est une construction sociale qui dĂ©pend des cultures et dĂ©fie les stĂ©rĂ©otypes et dĂ©finitions normatives partagĂ©s par les mĂ©dias[1] - [4].

Statue de Miriam Lenk à Bodman-Ludwigshafen. Pour l'artiste, la femme représentée par la statue « occupe l'espace et ne se préoccupe pas des objections ».

Constat

Dans l’étude de Fioravanti et al. (2021), les auteures montrent comment le partage de photos sur les rĂ©seaux sociaux peut poser problĂšme dans notre image du corps (en anglais « body image »). Elles y soulĂšvent le danger de la reprĂ©sentation des corps dans les mĂ©dias de masse et l’encouragement de la minceur ainsi que de la perte de poids. Elles y voient comme consĂ©quence que les individus intĂ©riorisent ensuite cet idĂ©al de beautĂ© et s’y comparent rĂ©guliĂšrement, ce qui aurait un impact nĂ©gatif sur la satisfaction de leurs corps[5].

Origine du mouvement

Connie Sobczak et Elizabeth Scott sont les pionniĂšres du mouvement en , aux États-Unis, avec The Body Positive, organisation quelles crĂ©ent Ă  la suite de la mort de la sƓur de Connie, qui avait dĂ©veloppĂ© des troubles de l'alimentation durant son adolescence[6] - [7].

Le mouvement s'est largement diffusĂ© depuis grĂące Ă  la crĂ©ation de sites web[8]. Il est principalement soutenu par des militantes et dĂ©coule du mouvement d'acceptation des gros[9] - [10]. Il a pour mission d'aider les gens Ă  avoir une meilleure image d'eux-mĂȘmes et Ă  se concentrer sur des sujets plus importants que des normes de beautĂ©s, grĂące Ă  des ateliers, des formations ou encore des ressources disponibles en ligne[7].

Critiques

En , The Obesity Society (en), une sociĂ©tĂ© scientifique vouĂ©e Ă  l'Ă©tude de l'obĂ©sitĂ© et de ses traitements, publie un rapport indiquant que la normalisation des grandes tailles de vĂȘtements nuirait Ă  la perception de l'obĂ©sitĂ© en Angleterre, car le nombre de personnes prĂ©sentant une surcharge pondĂ©rale qui perçoivent mal leur poids serait en augmentation[11]. Aussi, ces personnes seraient moins susceptibles d'essayer de perdre du poids que les autres personnes qui sont conscientes de leur situation[11].

D'autres critiques estiment que le mouvement a perdu en lĂ©gitimitĂ© depuis sa rĂ©appropriation par des personnes ayant un physique ne les exposant pas Ă  une oppression car perçu comme « parfait ». Ainsi, le contenu estampillĂ© « bodypositive » s'Ă©loignerait de plus en plus de son objectif, se dĂ©marquant de moins en moins du tout-venant et devenant tout aussi gĂ©nĂ©rateur de complexes physiques de ce dernier. L'objectif serait d'entretenir les complexes physiques par intĂ©rĂȘt financier[12],[13].

En effet, deux Ă©tudes[14] - [15] ont montrĂ© que l'ajout de commentaire positifs sur des photos de corps idĂ©aux n’aiderait pas Ă  amĂ©liorer l’image corporelle des femmes[5].

Selon la linguiste de l'universitĂ© de Lausanne StĂ©phanie Pahud, le mouvement body positive «laisse entendre qu'il existe un soi-mĂȘme figĂ©, dĂ©finitif, Ă  identifier et auquel adhĂ©rer, or, nous nous inventons et nous rĂ©inventons sans cesse». Par ailleurs, selon elle, il est vain de vouloir changer les canons de beautĂ© sous prĂ©texte qu'ils ne sont pas «rĂ©alistes» : l'idĂ©al de beautĂ© est, comme son nom l'indique, un «idĂ©al». Dans son recueil de nouvelles Ă©rotiques, d'entretiens et de spĂ©culations sur le rapport au corps auquel ont contribuĂ© une dizaine d'Ă©crivains et de chercheurs Chairissons-nous ! , la linguiste propose une solution : pour s'aimer, il faut non pas dĂ©truire les idĂ©aux qu'elle pense impossible et mĂȘme nĂ©faste Ă  faire, mais dĂ©truire l'emprise que les idĂ©aux ont sur nous. Elle pense en revanche que la libĂ©ration des idĂ©aux de beautĂ© est possible, mais pas en «s'acceptant telle qu'on est», (qu'elle juge ĂȘtre une idĂ©e absurde puisque le corps humain est, d'aprĂšs elle, un « chantier sans fin »), ni en imposant Ă  la majoritĂ© de nouveaux standards de beautĂ© calquĂ©s sur la rĂ©alitĂ© (qu'elle estime absurde puisque la beautĂ©, par nature, est perfection). StĂ©phanie Pahud pense que cette libĂ©ration ne peut se faire qu'en se crĂ©ant un corps Ă  soi, sur le modĂšle de la «chambre Ă  soi» de Virginia Woolf[16].

Body neutrality

À la suite de ces rĂ©flexions et critiques, un nouveau mouvement est apparu, le body neutrality. Ce mouvement prĂŽne un regard diffĂ©rent sur les corps, qui consisterait non plus Ă  vouloir l’aimer ou Ă  le trouver beau, mais Ă  le considĂ©rer comme un Ă©lĂ©ment neutre. Selon, N. Watkins (2022), on ne lui accorderait donc plus d’importance en tant qu’objet de beautĂ© tout en mettant nos jugements de cĂŽtĂ©. L’objectif de ce mouvement serait d’instaurer un rapport plus sain avec son corps afin de se sentir plus Ă  l’aise avec celui-ci[17]. L’idĂ©e serait de retrouver un rapport au corps liĂ© Ă  sa rĂ©elle fonction : celle qui nous permet de vivre, de bouger, de s’alimenter, de partager avec d’autres ĂȘtres humains, etc[18].

Notes et références

  1. (en) « Body positive movement: Consumerist revolution? », Science Daily,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (en-US) « The Most Body-Positive, Size-Inclusive Clothing Company For Plus-Size Women Is SmartGlamour and You Should Know Their Name! », sur Huffington Post, (consulté le ).
  3. Alexandra Sastre, « Towards a Radical Body Positive », Feminist Media Studies, vol. 14, no 6,‎ , p. 929–943 (ISSN 1468-0777, DOI 10.1080/14680777.2014.883420, lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. (en-US) Alanna Vagianos, « This Body-Positive Campaign Is Empowering Women To #DropTheTowel », Huffington Post,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (en) Giulia Fioravanti, Sara Bocci Benucci, Giulia Ceragioli et Silvia Casale, « How the Exposure to Beauty Ideals on Social Networking Sites Influences Body Image: A Systematic Review of Experimental Studies », Adolescent Research Review, vol. 7, no 3,‎ , p. 419–458 (ISSN 2363-8354, DOI 10.1007/s40894-022-00179-4, lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. ClĂ©mentine Gallot, « Body positive : quand l’amour propre prend corps », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. « About The Body Positive », sur thebodypositive.org (consulté le ).
  8. (en) Alexandra Sastre, « Towards a Radical Body Positive », Feminist Media Studies, vol. 14, no 6,‎ , p. 929–943 (ISSN 1468-0777 et 1471-5902, DOI 10.1080/14680777.2014.883420, lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. Anne-Charlotte Husson, « Les mots agonistiques des nouveaux discours fĂ©ministes : l’exemple de grossophobie et cissexisme », Argumentation et analyse du discours, no 18,‎ (ISSN 1565-8961, DOI 10.4000/aad.2317, lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (en) Lux Alptraum, « A Short History of ‘Body Positivity’ », sur Fusion, .
  11. (en) Raya Muttarak, « Normalization of Plus Size and the Danger of Unseen Overweight and Obesity in England », Obesity, vol. 26, no 7,‎ , p. 1125–1129 (ISSN 1930-7381, PMID 29932517, PMCID PMC6032838, DOI 10.1002/oby.22204, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Kiyémis, « Comment je me suis éloignée du mouvement body-positive », sur BuzzFeed (consulté le )
  13. « Peut-on ĂȘtre body positive quand on est Kim Kardashian ? », madmoiZelle.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. (en) Zoe Brown et Marika Tiggemann, « A picture is worth a thousand words: The effect of viewing celebrity Instagram images with disclaimer and body positive captions on women’s body image », Body Image, vol. 33,‎ , p. 190–198 (ISSN 1740-1445, DOI 10.1016/j.bodyim.2020.03.003, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Marika Tiggemann, Isabella Anderberg et Zoe Brown, « #Loveyourbody: The effect of body positive Instagram captions on women’s body image », Body Image, vol. 33,‎ , p. 129–136 (ISSN 1740-1445, DOI 10.1016/j.bodyim.2020.02.015, lire en ligne, consultĂ© le )
  16. « “Body positive” : une imposture ? », Entretien avec StĂ©phanie Pahud [archive du ], sur LibĂ©ration, (consultĂ© le )
  17. (en-US) Natalie Watkins et M.Sc, « Body Neutrality: What It Is, How to Practice & Examples », sur SocialSelf, (consulté le )
  18. (en) « 7 Wellness Experts Explain "Body Neutrality" and Why It's Worth Exploring », sur Byrdie (consulté le )
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