Belle da Costa Greene
Belle da Costa Greene (Alexandria, Virginie, – New York, ) fut la bibliothécaire personnelle de J.P. Morgan, puis, après la mort de ce dernier, directrice de la Pierpont Morgan Library.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Belle Marion Greener |
Nationalité | |
Formation |
Northfield Mount Hermon School (en) |
Activité | |
Père |
Richard Theodore Greener (en) |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Medieval Academy of America () Hroswitha Club (en) |
Distinction |
Biographie
Belle Marion Greener naît à Alexandria en Virginie où elle grandit jusqu'à ce que ses parents se séparent. Son père était l'éminent avocat Richard Theodore Greener (en), qui fut doyen de la Howard University et le premier Noir à être diplômé de l'université de Harvard en 1870. Afin de contrevenir aux lois sur la ségrégation raciale aux États-Unis, sa mère, après sa séparation d'avec Richard T. Greener, modifie le nom de la famille, qui devient : da Costa Greener pour expliquer la couleur brune de leur peau par une prétendue origine portugaise. Elle s'installe à Princeton, où Belle commence à travailler pour la bibliothèque de l'université.
En 1902, John Pierpont Morgan charge Charles Follen McKim de lui construire une bibliothèque à Madison Avenue. Sa collection était déjà trop importante pour qu'il s'en occupe seul. Il contacte Belle en 1905 pour l'engager comme bibliothécaire.
Belle dépense des millions de dollars pour l'achat et la vente de manuscrits, livres et œuvres, et pour voyager somptueusement. On l'a décrite comme une femme directe et intelligente, jolie et sensuelle. Elle conciliait un style de vie bohème avec la fréquentation de l'élite. Elle dit un jour « Ce n'est pas parce que je suis bibliothécaire que je dois m'habiller comme une bibliothécaire » [1]. Elle avait en effet l'habitude d'aller travailler vêtue de robes de couturiers célèbres et parée de bijoux.
Sa fonction la plaçait au centre du commerce de l'art et elle ambitionnait de faire de sa bibliothèque la plus importante de toutes. Avant sa mort, J. P. Morgan lui laissa 50 000 dollars et une pension viagère de 10 000 dollars par mois, ce qui représentait une somme élevée à l'époque. Elle ne se maria jamais, mais eut un certain nombre de liaisons, la plus importante étant celle avec Bernard Berenson à qui elle a envoyé plus de 600 lettres. À ceux qui lui demandaient si elle avait été la maitresse de J.P. Morgan, elle répondit : « Nous avons essayé ».
Après la mort de Morgan, la responsabilité de la bibliothèque incombe à son fils Jack Morgan. Il nomme Belle directrice de la bibliothèque. Elle conservera ce poste jusqu'à la fin de sa vie, contribuant à enrichir la collection considérablement.
L'écrivaine Alexandra Lapierre, dans l'ouvrage qu'elle lui a consacré, relate que toute sa vie Belle et sa famille ont dû cacher leurs origines noires, qui leur auraient enlevé tout droit à une citoyenneté "normale", s'interdisant notamment d'avoir des enfants qui auraient pu naître noirs. Cependant, sa sœur Teddy eut un fils, Bobbie Leveridge, que Belle adopta en 1919. Durant la seconde guerre mondiale, celui-ci, envoyé au front en 1943, reçut une lettre de sa fiancée lui annonçant qu'une enquête de son père avait révélé ses origines noires et qu'il devrait être castré si le mariage devait avoir lieu. Accablé par cette révélation, Bobbie se suicida. La lettre est conservée au Courtauld Institute of Arts à Londres[2].
Notes et références
- Just because I am a librarian, doesn't mean I have to dress like one.
- Alexandra Lapierre, Belle Greene, Paris, Flammarion, (ISBN 9782081490338)