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Bataille de Poulo Aura

La bataille de Poulo Aura est un combat naval ayant opposé, le , en mer de Chine méridionale, un convoi de la Compagnie britannique des Indes orientales venant de Chine à une escadre française.

Bataille de Poulo Aura
Description de cette image, également commentée ci-après
Defeat of Adml. Linois by Commodore Dance, Feby. 15th. 1804
(Gravure du 20 septembre 1804 montrant la défaite de Linois)
Informations générales
Date
Lieu Ă  l'est de Pulau Aur (DĂ©troit de Malacca)
Issue Victoire de la Compagnie britannique des Indes orientales
Forces en présence
16 East Indiamen
12 country ships[1]
1 navire marchand portugais
1 brick armé, le Ganges.
Marengo (navire de ligne)
2 frégates
1 corvette
1 brick armé
Pertes
1 tué, 1 blesséaucune

Batailles

Expédition Linois dans l'océan Indien
Bataille de Poulo Aura -Vizagapatam-Cap-Vert

CoordonnĂ©es 2° 26′ 57″ nord, 104° 31′ 30″ est
Géolocalisation sur la carte : océan Indien
(Voir situation sur carte : océan Indien)
Bataille de Poulo Aura
GĂ©olocalisation sur la carte : Malaisie
(Voir situation sur carte : Malaisie)
Bataille de Poulo Aura

DĂ©roulement

Plusieurs fois par an, un convoi quitte les Indes orientales, pour apporter ses marchandises dans les ports d'Angleterre. Il s'agit généralement de navires de l'Honourable East India Company (H.E.I.C), c’est-à-dire la compagnie des Indes Orientales britannique. Ces navires, appelés indiamen, sont solidement construits et surtout suffisamment armés pour se défendre contre toute menace[2]. Ils sont souvent accompagnés d'autres navires de commerce et, quelquefois, de bâtiments de la Royal Navy.

Le convoi quitte Canton le . Sous le commandement du commodore Nathaniel Dance, il regroupe 16 Indiamen et 11 cargos. S'y ajoutent un navire-prison[3] et un navire portugais. Un brick armé de la H.E.I.C. accompagne le convoi.

Le 14 janvier, au large de l'île de Poulo-Aura[4], plusieurs voiles sont aperçues. Il s'agit de navires français.

À cette époque, la France ne dispose plus de colonies en Asie, en dehors de l'île Bourbon[5] et île de France[6]. Mais elle y entretient des navires chargés de mener une guerre de course contre le commerce anglais. C'est ainsi qu'en 1803, le contre-amiral Linois s'y trouve avec son vaisseau, le Marengo, les frégates Atalante, Belle-Poule et Sémillante et une corvette hollandaise, l’Aventurier.

Cette escadre tente de s'en prendre au convoi de Chine. Les Français se placent dans le sillage du convoi mais ne passent pas à l'attaque. Linois dispose d'informations selon lesquelles le convoi comprend 23 navires. Il en déduit que les autres sont des navires d'escorte. De plus, les Indiamen ont été fraîchement repeints et ils reprennent, comme à leur habitude, la livrée des bâtiments de la Royal Navy, c’est-à-dire des flancs noirs sur lequel sont tracées deux bandes jaunes laissant deviner de nombreux sabords. En clair, ces Indiamen ressemblent à des navires de guerre à deux ponts, équivalents au Marengo.

Le commodore Dance sait qu'il n'a aucune chance au combat contre son adversaire. Mais il cherche à l'impressionner. Son navire et deux autres Indiaman arborent le Blue Ensign. Le brick armé, le Ganges fait de même. Il forme ses navires en ligne de bataille, s'interposant entre les cargos et l'ennemi, exactement comme le ferait une escorte.

À 13h15, une canonnade s'engage et dure une petite heure. Les Français alors s'éloignent et le commodore Dance se lance à leur poursuite avec ses pseudo-navires de guerre. Deux heures plus tard, le convoi reprend tranquillement sa route.

Les conséquences

  • Pour les Anglais, c'est une grande victoire. Le commodore Dance sera anobli. La compagnie des Indes rĂ©compensera aussi jusqu'aux Ă©quipages ayant combattu[7].
  • Pour les Français, la situation est plus embarrassante. Surtout quand sera connue la version des Britanniques. Linois cherchera Ă  s'expliquer, en invoquant la supĂ©rioritĂ©, reconnue, des forces ennemies. Mais l'empereur NapolĂ©on[8] montrera sa colère, Ă©crivant « Écrivez Ă  Linois, faites-lui sentir toute la force de sa faute... (...) Après ces signes de mĂ©contentement, après surtout avoir Ă©tabli tout ce qu'eĂ»t fait Ă  sa place le plus mĂ©diocre officier anglais, et le lui avoir dit sèchement et durement, car cette lettre doit ĂŞtre connue de la postĂ©ritĂ©, vous lui direz qu'il a manquĂ© de courage d'esprit, courage que j'estime le plus dans un chef ; qu'il s'en faut de beaucoup qu'il ait perdu dans mon esprit sous le point de vue de son courage physique ; que j'espère qu'avant de rentrer en France, il trouvera occasion de rendre Ă  son pavillon quelque Ă©clat... ».

Postérité

L'auteur Patrick O'Brian décrit dans La Surprise, troisième tome de la série Les Aubreyades, le même combat naval entre un convoi de la compagnie des Indes, mené par le capitaine de la Royal Navy Jack Aubrey, contre Linois et le Marengo.

Notes

  1. petits navires marchands armés
  2. Un navire du même genre, le Princess Charlotte, par exemple, dispose de 24 pièces de 12 livres.
  3. De ceux qui transportent des bagnards vers Botany Bay, en Australie.
  4. À l'est de la péninsule Malaise, le convoi descend vers le sud-ouest pour trouver le détroit de Malacca.
  5. Maintenant île de la Réunion.
  6. Maintenant île Maurice.
  7. Par exemple, la Bombay Insurance Society versera ÂŁ 5 000 au commodore. Pour apprĂ©cier le niveau de la rĂ©compense, il suffit de savoir qu'un commodore de la Royal-Navy (en activitĂ©) gagne environ ÂŁ 53 par mois Ă  l'Ă©poque.
  8. correspondance, « Au vice-amiral Decrès », 27 septembre 1804.

Voir aussi

Bibliographie

  • William James, Naval History of Great Britain, 1877, tome III, pages 247 Ă  252 et annexes 27 & 28.
  • Roger Lepelley, Marins de l'isle de France, 1803-1810, Editions Herault, 1995, pages 40 Ă  45.
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