Auralisation
L'auralisation est un procédé visant à recréer un environnement acoustique à partir de données mesurées ou simulées.
Ce procĂ©dĂ© permet par exemple de se rendre compte du rendu sonore d'un Ă©difice (thĂ©Ăątre, opĂ©ra, etc.) en projet ou bien de simuler une salle existante. Cette technique peut ĂȘtre utilisĂ©e pour rendre un environnement sonore cohĂ©rent au sein d'un systĂšme d'immersion virtuelle.
Histoire
Le terme anglais auralization a été utilisé pour la premiÚre fois par Kleiner et coll. dans un article du journal de l'AES en 1993[1].
L'augmentation de la puissance de calcul a permis le développement du premier logiciel de simulation acoustique vers la fin des années 60[2].
Aujourd'hui, on peut notamment citer les travaux réalisés à Aix-La-Chapelle autour de la réalité virtuelle acoustique[3].
Principe
Pour que le rendu puisse effectivement ĂȘtre simulĂ©, il faut tout d'abord que l'environnement Ă simuler soit un systĂšme linĂ©aire invariant (SLI), puisque l'on cherchera Ă le caractĂ©riser via sa rĂ©ponse impulsionnelle (RI).
Une fois la RI obtenue, on procĂšde Ă la simulation de l'Ă©mission d'un son dans l'environnement cible par convolution :
Le rĂ©sultat est ce qu'aurait rendu le mĂȘme son directement Ă©mis dans la salle.
Binauralité
Dans la perception auditive humaine, la position des deux oreilles est extrĂȘmement importante.
Pour que les RI soient concluantes, il est donc nĂ©cessaire de les mesurer au moyen d'une tĂȘte artificielle et d'un microphone par oreille.
Il faut noter que des banques de fonctions de transfert liĂ©es Ă la tĂȘte (HRTF, de l'anglais head-related transfer function) existent et qu'elles peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour simplifier le processus : une RI monorale est mesurĂ©e ou simulĂ©e, puis convoluĂ©e avec le son cible. Ensuite, on applique la fonction de transfert correspondant Ă l'orientation de la tĂȘte (le repĂ©rage auditif dans les plans horizontal et vertical est trĂšs prĂ©cis) pour simuler la diffusion correspondante[4].
Limitations
Qualité
La qualité de l'auralisation dépend de plusieurs facteurs. Tout d'abord, si l'environnement à simuler n'est pas un SLI, alors il est impossible de lui trouver une unique réponse impulsionnelle le caractérisant.
De plus, la qualité de la RI est primordiale : en effet, la convolution avec le son cible amplifiera tous les défauts d'une mauvaise réponse. Il faut donc s'assurer que celle-ci soit la moins bruitée possible et la plus fidÚle à l'environnement à auraliser.
Plusieurs méthodes existent pour capturer une bonne réponse impulsionnelle :
- utiliser un micro bien calibré (pour éviter la saturation) et une source émettant une impulsion la plus courte possible (pour qu'elle influe le moins possible).
- utiliser d'autre techniques que la mesure avec une rĂ©elle impulsion (signaux MLS par exemple) qui permettent la prise de bonnes RI mĂȘme en environnement bruyant.
- utiliser une méthode s'affranchissant des non linéarités des systÚmes d'excitation et mesure (Logarithmic SineSweep[5] par exemple) permettant d'atteindre un rapport signal à bruit supérieur à la méthode MLS, mais requérant un environnement silencieux.
Positions de la source et du récepteur
Une rĂ©ponse impulsionnelle n'Ă©tant valable que pour une position de la source et du rĂ©cepteur donnĂ©es, les mesures doivent ĂȘtre rĂ©itĂ©rĂ©es pour toutes les positions nĂ©cessaires. Il est possible dans une certaine mesure d'extrapoler des mesures, mais la qualitĂ© s'en trouve nettement moins bonne.
Finalement, on peut pallier ce problÚme en ne mesurant pas la RI mais en la simulant. L'utilisation de la théorie des images-sources ainsi qu'un raytracer acoustique rendent possible de telles techniques.
Retransmission
La retransmission du rĂ©sultat d'une auralisation binaurale pose le problĂšme que chaque oreille doit ĂȘtre parfaitement isolĂ©e de ce qu'entend l'autre pour que le procĂ©dĂ© soit efficace et que l'immersion soit bonne.
Si pour des tests un casque suffit à séparer correctement les deux canaux, la retransmission sans casque requiert un dispositif de limitation de diaphonie pour conserver les propriétés immersives.
Notes et références
- http://www.mattmontag.com/auralization/media/Auralization%20-%20An%20Overview.pdf
- M. VorlÀnder. Auralization : Fundamentals of Acoustics, Modelling, Simulation, Algorithms and Acoustic Virtual Reality
- http://www.akustik.rwth-aachen.de/Forschung/Forschungsgebiete/vr (en)
- http://asp.eurasipjournals.com/content/pdf/1687-6180-2007-070540.pdf
- (en) Guy-Bart STAN, https://gstan.bg-research.cc.ic.ac.uk/welcome.html, « Comparison of Different Impulse Response Measurement Techniques », Journal of the Audio Engineering Society, Volume 50 (2002), n° 4, pp. 249-262,â (lire en ligne)