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Attale III

Attale III PhilomĂ©tĂ´r (« Celui qui aime sa mère Â») Évergète nĂ© en 171 av. J.-C. et mort en 133 av. J.-C., est le dernier roi de Pergame de la dynastie des Attalides.

Attale III
Biographie
Naissance
Décès
Époque
Activité
Famille
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Bérénice (d)

Peu de sources concernant la personnalité d'Attale III Philomètôr nous sont parvenues. Ainsi il est difficile de cerner la vraie personnalité[1] du dernier roi attalide, pourtant personnage clé dans la progression de l'impérialisme romain.

Biographie

Attale III, fils d'Eumène II, naît en 171 av. J.-C. Il est associé au pouvoir royal par son oncle Attale II, ce dernier n'ayant pas de fils. Attale III succède à son oncle en 139.

Par ses actes politiques, Attale III marque une rupture avec ses prédécesseurs : il décide, dès le début de son règne, de faire éliminer les conseillers (philoi) de ses prédécesseurs et met en place un culte divin pour le roi.

L'élément le plus important du règne d'Attale III est son testament, qui constitue une avancée majeure dans la constitution des provinces romaines d'Asie. Ainsi, il légalise juridiquement l'impérialisme romain[2].

Testament d'Attale III

Dans son testament Attale III lègue son royaume au peuple romain. Plusieurs hypothèses[3] peuvent expliquer ce geste :

  • la volontĂ© de se protĂ©ger contre les membres de sa famille qui pouvaient attenter Ă  sa vie pour s'emparer du trĂ´ne alors qu'il n'avait pas d'hĂ©ritier ;
  • la peur que son royaume passe entre les mains d'un successeur indigne (tel que son frère illĂ©gitime Aristonikos) ;
  • la nĂ©cessitĂ© de mettre fin Ă  des troubles sociaux dans le royaume ;
  • Attale III aurait eu conscience de la relation de « vassalitĂ© Â» dans laquelle se trouvait dĂ©jĂ  son royaume avec Rome.

À la mort d'Attale III, Aristonikos, son frère illégitime, se proclame roi sous le nom de Eumène III et conteste le testament. Il refuse le démantèlement du royaume de Pergame au bénéfice des Romains. Il organise une guerre contre l'application du testament. Après quelques succès il est finalement vaincu en 129 par le consul Marcus Perperna.

Royaume de Pergame à partir de 188 av. J.-C. (Paix d'Apamée).

Le testament d'Attale porte uniquement sur son royaume. Quelques cités n'étaient pas incluses au legs comme la cité d’Éphèse, libérée en 134 par Attale III, mais également des cités déclarées libres dans son testament comme Pergame, la capitale du royaume, et Sardes. Les autres cités avaient pour alternative de devenir sujettes de Rome ou rester sous la tutelle d'un roi attalide, Eumène III. La majeure partie du royaume préfère suivre Eumène III.

Les Romains acceptent le testament d'Attale III dès l'année de sa mort, en 133. Cependant, ils n'en font une province romaine d'Asie qu'en 129. Les Romains respectent la liberté accordée par Attale III aux cités et récompensent même les rois qui avaient combattu contre Eumène III en leur donnant certaines régions du royaume. Par exemple Mithridate V, le roi du Pont, reçut une partie de la Phrygie. Dans la nouvelle organisation du territoire par les Romains, Éphèse remplaça Pergame comme capitale.

Attale III dans les sources

  • OGIS 338, 1. 1-9 (dĂ©cret de Pergame) : « Sous la prĂŞtrise de MĂ©nĂ©stra[tos] (fils) d'Apollodoros, le 19 du mois EumĂ©neios, il a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© par le peuple sur la proposition des stratèges : puisque le roi Attale Philomètor et Évergète [a quittĂ©] le monde des hommes et qu'il a laissĂ© notre citĂ© libre, après lui avoir subordonnĂ© le territoire qu'il jugea bon de devenir territoire civique, et (puisque) sa volontĂ© doit ĂŞtre ratifiĂ©e par les Romains et qu'il est [nĂ©cessaire] pour l'intĂ©rĂŞt collectif que la liste des gens mentionnĂ©s ici entrent dans le corps des citoyens (...) ».
  • L. Ampelius : « Les rois d'Asie et de Pergame (...). Attale, qui combattit souvent pour les Romains ; il soumit aux Romains toutes choses sur terre et sur mer : il fit en effet du peuple romain son hĂ©ritier testamentaire »[4].
  • Florus : « L'Espagne vaincue Ă  l'Occident, le peuple romain Ă©tait en paix du cĂ´tĂ© de l'Orient ; et il ne jouissait pas seulement de la paix, mais, « chance » inhabituelle et sans exemple, les rois lui laissaient en hĂ©ritage leurs richesses et des royaumes entiers, Ă  la fois. Attale, roi de Pergame, fils du roi Eumène, autrefois notre alliĂ© et notre compagnon d'armes, laissa un testament : « Que le peuple romain soit l'hĂ©ritier de mes biens. Voici la liste des biens royaux... ». Recueillant donc l'hĂ©ritage, le peuple romain gardait une province, non par la guerre et les armes, mais - ce qui est plus lĂ©gitime - en vertu du droit testamentaire. Mais de celle-ci il est difficile de dire s'il eut plus de facilitĂ© Ă  la perdre ou Ă  la reconquĂ©rir. Aristonicus, jeune homme de sang royal, plein de fiertĂ©, n'a pas de peine Ă  soulever les villes habituĂ©es Ă  obĂ©ir Ă  des rois ; il s'empara par la force du peu qui rĂ©sistaient, Myndos, Samos, Colophon, tailla en pièce l'armĂ©e du prĂ©teur Crassus et le fit lui-mĂŞme prisonnier. Mais celui-ci, se souvenant et de sa famille et du nom romain, crève avec une baguette les yeux de son garde barbare et le force ainsi - c'est ce qu'il voulait - Ă  le tuer. Aristonicus ne tarda pas Ă  ĂŞtre vaincu par Perperna, cernĂ© et, Ă  la suite de sa reddition, gardĂ© dans les chaĂ®nes »[5].
  • Pline : « Nos premières victoires sur l'Asie introduisirent le luxe en Italie, puisque L. Scipion fit porter dans son triomphe 1 400 livres d'argenterie ciselĂ©e et 1500 livres de vaisselle d'or, l'an 565 de la fondation de la Ville. Mais la donation qui nous fut faite de cette mĂŞme Asie porta aux mĹ“urs un coup encore bien plus rude, et l'hĂ©ritage que nous reçûmes Ă  la mort d'Attale nous fit plus de mal que la victoire de jadis. Car, dès lors, il n'y eut plus, Ă  Rome, de honte Ă  se porter acquĂ©reur aux ventes des biens royaux ; c'Ă©tait l'an 622 de la Ville, et dans l'intervalle de cinquante-sept ans nos concitoyens avaient appris non seulement Ă  admirer, mais aussi Ă  aimer l'opulence Ă©trangère »[6].
  • Plutarque : « Attale Philomètor Ă©tant mort, Eudème de Pergame apporta un testament qui instituait comme hĂ©ritier du roi le peuple romain. AussitĂ´t TibĂ©rius proposa en faveur du peuple une loi stipulant que l'argent du roi qui Ă©tait apportĂ© serait distribuĂ© aux citoyens Ă  qui le sort avait fait attribuer des terres, pour leurs premiers frais d'installation et de culture du sol ; quant aux villes qui faisaient partie du royaume d'Attale, il dĂ©clara que le SĂ©nat n'avait pas le droit d'en dĂ©libĂ©rer et qu'il en rĂ©fĂ©rerait lui-mĂŞme au peuple. Cette attitude blessa le SĂ©nat au plus haut point, et PompĂ©ius se leva pour dire qu'Ă©tant voisin de TibĂ©rius, il savait qu'Eudème de Pergame lui avait fait don de la pourpre et du diadème royaux, comme s'il devait rĂ©gner sur Rome »[7].
  • Strabon : « Attale devint non seulement l'ami des Romains mais combattit aussi Ă  leurs cĂ´tĂ©s contre Philippe, avec la flotte de Rhodes. Il mourut vieux, après un règne de quarante trois annĂ©es (...).Eumène, le plus âgĂ© des fils, rĂ©gna alors. Eumène combattit du cĂ´tĂ© des Romains contre Antiochos le Grand et contre PersĂ©e, et il reçut des Romains toute la rĂ©gion situĂ©e du cĂ´tĂ© du Taurus qui appartenait Ă  Antiochos (...). Après un règne de quarante-neuf annĂ©es, Eumène laissa son royaume Ă  Attale, le fils qu'il eut de StratonicĂŞ (. . .) et dĂ©signa son frère Attale comme gardien Ă  la fois de son fils, qui Ă©tait extrĂŞmement jeune, et de son royaume. Après un règne de trente et une annĂ©es, son frère mourut dans un grand âge, heureux des succès de sa politique; par exemple, (...) il combattit du cĂ´tĂ© des Romains et laissa son royaume Ă  Attale, avec un gardien. Attale, surnommĂ© Philomètor, rĂ©gna cinq annĂ©es, mourut de maladie, et laissa aux Romains ses biens. Les Romains proclamèrent le territoire une province, l'appelant Asie, d'après le mĂŞme nom qui dĂ©signe le continent »[8].
  • Tite-Live : « Aristonicus, fils du roi Eumène, s'empara de l'Asie, alors qu'en vertu du legs testamentaire du roi Attale au peuple romain, elle devait ĂŞtre libre. Pour lutter contre lui, le consul P. Licinius Crassus, qui Ă©tait en mĂŞme temps grand pontife, partit d'Italie et fut vaincu et tuĂ© au cours d'un combat - ce qui n'Ă©tait jamais arrivĂ© jusque-lĂ . Le consul M. Perperna vainquit Aristonicus et reçut sa soumission »[9].

Notes et références

  1. Jean Delorme, « Sur la filiation d'Attale III, dernier roi de Pergame. », Pallas, 14.,‎ , p. 113-121.
  2. Karin Mackoviak, « Les testaments royaux hellénistiques et l'impérialisme romain : deux cultures politiques dans la marche de l'histoire. », Dialogues d'histoire ancienne, vol 33, no 1,‎ , p. 23-46.
  3. Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av J.-C., édition du Seuil, .
  4. Aide-MĂ©moire, 33, 2 (extrait, traduction de M. P. Arnaud-Lindet, Belles Lettres, 1993).
  5. Ĺ’uvres, XXXV (extrait, traduction de P. Jal, Belles Lettres, 1967).
  6. Histoire Naturelle, XXXIII, 148-149 (extrait, traduction de H. Zehnacker, Belles Lettres, 1983).
  7. Les Gracques, 14, 1-2 (extrait, traduction de R. Flacelière et E. Chambry, Belles Lettres, 1976).
  8. GĂ©ographie, XIII, 4, 2 (extrait).
  9. Abrégés des livres de l'histoire romaine, 59 (extrait, traduction de P. Jal, Belles Lettres, 1984).

Bibliographie

  • Claude Vial, Les Grecs de la paix d'ApamĂ©e Ă  la bataille d'Actium, Ă©ditions du Seuil, 1995.
  • Modèle:HMPH
  • Karin Mackoviak, « Les testaments royaux hellĂ©nistiques et l'impĂ©rialisme romain: deux cultures politiques dans la marche de l'histoire », dans Dialogues d'histoire ancienne, vol 33, no 1, 2007, p. 23-46.
  • Jean Delorme, Sur la filiation d'Attale III, dernier roi de Pergame, in Pallas, 14, 1967, p. 113-121.

Liens externes

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