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Article 9 de la Convention européenne des droits de l'homme

L'article 9 de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme[1] intitulĂ© « LibertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion » oblige les États, parties Ă  la Convention Ă  respecter et protĂ©ger ces libertĂ©s, qui englobent Ă©galement l'ensemble des convictions des individus.

États membres de la Convention.

Disposition

« Art. 9 : Liberté de pensée, de conscience et de religion

  1. Toute personne a droit Ă  la libertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion ; ce droit implique la libertĂ© de changer de religion ou de conviction, ainsi que la libertĂ© de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privĂ©, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.
  2. La libertĂ© de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prĂ©vues par la loi, constituent des mesures nĂ©cessaires, dans une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, Ă  la sĂ©curitĂ© publique, Ă  la protection de l’ordre, de la santĂ© ou de la morale publiques, ou Ă  la protection des droits et libertĂ©s d’autrui. »

Application

Notion de pensée

La notion de pensée protégée par cette liberté ne concerne que les personnes physiques[2].

Notion de conscience

La notion de conscience a été définie par la Cour EDH comme étant « des vues atteignant un certain degré de force, de sérieux, de cohérence et d'importance »[3].

Notion de religion

La notion de religion protĂšge aussi bien le fait d'avoir une religion que de n'en pas avoir et s'impose Ă  l'État qui ne peut interdire l'exercice de certains cultes[4]. En outre, il n'appartient pas Ă  l'État de juger de la lĂ©gitimitĂ© d'une croyance et a un devoir de neutralitĂ© Ă  cet effet[5].

Notion de conviction

L'article 9 a une portĂ©e plus large que la simple libertĂ© de religion. Selon un rapport de la division recherche du Conseil de l'Europe, il « s'applique Ă  l’ensemble des convictions personnelles, politiques, philosophiques, morales ou, bien sĂ»r, religieuses » et « englobe les idĂ©es, les conceptions philosophiques de toute sorte, avec la mention expresse des conceptions religieuses d’une personne, sa propre maniĂšre d’apprĂ©hender sa vie personnelle et sociale »[6]. Le mĂȘme rapport cite en exemple de conviction le pacifisme[6].

Cas particulier de l'objection de conscience

En 2011, la Cour EDH reconnait un droit Ă  l'objection de conscience en matiĂšre de service militaire[7] - [8] mais le refuse en 2013 en matiĂšre de refus de cĂ©lĂ©bration d'une union entre personne de mĂȘme sexe[9].

Distinction de l'aspect interne et externe

La liberté de pensée, de conscience et de religion implique de distinguer, d'une part la liberté absolue d'avoir des convictions et des croyances, d'autre part la liberté relative de les manifester[10].

Statistiques

L'article 9 de la Convention EDH semble avoir relativement peu d'impact dans la mesure oĂč il ne reprĂ©sente que 40 violations sur 14854 arrĂȘts entre 1959 et 2011[11].

Notes et références

  1. « Convention européenne des droits de l'homme » [PDF], telle qu'amendée par les Protocoles no 11 et 14, complétée par le Protocole additionnel et les Protocoles no 4, 6, 7, 12 et 13.
  2. Kontakt information Therapic et Hagen c/ Autriche, 12 octobre 1988
  3. Campbell et Cosans c/ Rouyaume-Uni, 25 février 1982
  4. Manoussakis c/ GrĂšce, 26 septembre 1996
  5. FRICERO N., Droit Européen des Droits de l'Homme, Gualino, 2007, p.116
  6. « Aperçu de la jurisprudence de la Cour en matiĂšre de libertĂ© de religion », Conseil de l’Europe/Cour europĂ©enne des Droits de l’Homme, Division de la Recherche, 2011, Ă©dition rĂ©visĂ©e au 21 octobre 2013 lire en ligne.
  7. Bayatyan c/ ArmĂ©nie, 7 juillet 2011, requĂȘte no 23459/03, 1/6/2011
  8. Savda c/ Turquie, 12 juin 2012, RequĂȘte no 42730/05
  9. dans l’affaire Eweida et autres c/ Royaume-Uni concernant un refus de cĂ©lĂ©brer l’union civile de couples de personnes de mĂȘme sexe, la Cour europĂ©enne avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amenĂ©e Ă  se prononcer sur la compatibilitĂ© de l'article 9 de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme avec l'obligation de cĂ©lĂ©brer une union entre personne de mĂȘme sexe par les officiers d'Ă©tat civil. Elle avait conclu en janvier 2013 qu'il Ă©tait loisible aux pays membres de ne pas instaurer de rĂ©gime de clause de conscience en la matiĂšre et conclu Ă  la non-violation de l'article 9 par 5 voix contre 2 Eweida et autres c/ Royaume-Uni (CEDH, 15 janv. 2013, 48420/1010) considĂ©rants 102 Ă  110, notamment le considĂ©rant 106, demande du troisiĂšme requĂ©rant rejetĂ©e par 5 voix contre 2
  10. VELU J. & ERGEC R., La Convention Européenne des Droits de l'Homme, Bruylant, 1990, p.584
  11. Cour europĂ©enne des droits de l'homme, « Violations par article et par Etat 1959‐2011 », (consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

  • N. Fricero, Droit europĂ©en des droits de l'homme, Gualino, 2007
  • G. Gonzalez, La convention europĂ©enne des droits de l'homme et la libertĂ© des religions, Économica, 1997
  • T. Massis & C. Pettiti, La libertĂ© religieuse et la Convention europĂ©enne des droits de l'homme, Bruylant, 2004
  • J.-F. Renucci, L'Article 9 de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme : La libertĂ© de pensĂ©e, de conscience et de religion, Éditions du Conseil de l'Europe, 2004
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