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Art modeste

L'art modeste est une expression artistique qui exprime une critique de l'enfermement orgueilleux de l'art sur lui-même, sans communication, et soumis aux seules règles du marché.

De ce fait, l'« artiste modeste Â» veut ĂŞtre compris de tous, chacun pouvant s'approprier l'Ĺ“uvre modeste, autant intellectuellement que matĂ©riellement. Un artiste modeste n'Ă©tablit pas de hiĂ©rarchie entre les diffĂ©rentes formes d'art, chacune ayant sa valeur, d'oĂą la diversitĂ© des « crĂ©ations modestes Â».

Histoire d'un mouvement artistique

Origine de l'expression

L'un des fondateurs du concept d'« art modeste Â» est le peintre HervĂ© Di Rosa. Celui-ci est parti du lapsus commis par une petite fille lors d'une exposition de son Ĺ“uvre et de celles de son frère, Richard Di Rosa, au musĂ©e des enfants du musĂ©e d'Art moderne de la ville de Paris, en 1988, « Viva Di Rosa Â». L'enfant demandait Ă  sa mère quand elle pourrait revenir au « musĂ©e de l'art modeste Â». HervĂ© Di Rosa a Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par cette qualification correspondant au principe d'humilitĂ© qui fonde son Ĺ“uvre, contre la prĂ©tention d'artistes conformistes ou Ă©litistes.

Ce mouvement artistique est également porté par l'artiste Bernard Belluc, adepte de l'art de collection, mais aussi figuriste.

DĂ©finition

Tout objet étant respectable, y compris les cadeaux Bonux ou les poupées Barbie, parce qu'issu du travail humain, il s'agit pour l'art modeste de mettre en valeur les choses les plus banales, les plus quotidiennes, en portant sur elles un regard qui n'est plus utilitaire, mais chargé d'affection, grâce à des assemblages, des mises en scène, à la création d'environnements qui vont leur donner une âme.

Selon Di Rosa, la fonction de l'art est d'« envahir la vie, de la rendre moins dĂ©risoire. Â»

En 2010, Ă  l'occasion de son dixième anniversaire, le musĂ©e international des arts modestes (MIAM) expose « Les territoires de l’art modeste Â» qui cartographie et scĂ©nographie les multiples facettes de cet art. Le recensement abouti Ă  l'identification de 12 territoires, aux frontières des autres arts[1].

Représentants et lieux

Arthur Rimbaud aurait adhéré à l'art modeste si l'on considère ce qu'il déclare dans Une saison en enfer :

« J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires... »

Selon la conception dĂ©veloppĂ©e par Di Rosa, peut revendiquer le statut d'« artiste modeste Â» tout crĂ©ateur, Ĺ“uvrant de façon artisanale ou industrielle, d'objets suscitant des Ă©motions et ayant une valeur affective. Mais sur le ton de la plaisanterie, HervĂ© Di Rosa affirme « Toute Ĺ“uvre est une prĂ©tention. Il n'y a pas d'art modeste Â»[2].

Les lieux de l'art modeste peuvent aussi bien être les puces, les entrepôts d'Emmaüs, que le MIAM, créé en 2000 à Sète, ville natale de Di Rosa, qui s'est associé pour ce projet à l'artiste et collectionneur Bernard Belluc. Les collections de Di Rosa et Belluc constituent le fonds du MIAM, dévolu à l'exploration de la création populaire.

Notes et références

  1. Dossier de presse de l'exposition « Les territoires de l’art modeste Â» : notice.
  2. Laurent Carpentier, « Hervé Di Rosa : « Toute œuvre est une prétention » », Le Monde.fr,‎ 14, 15 et 16 août 2022, p. 18 (lire en ligne Accès payant, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie (sélection)

Articles connexes

Liens externes

Entretient avec Hervé di Rosa, artiste peintre et fondateur du Musée international des arts modestes avec Bernard Belluc, et avec Jean-Baptiste Carobolante, docteur en histoire de l’art, enseignant, critique d'art et lauréat de la première bourse de recherche consacrée aux arts modestes.
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