Apiacá
Apiacá est le nom d’une ethnie et d’une langue amérindienne de la région caraïbe.
Le nom « Apiaká » est connu depuis au moins le dĂ©but du XIXe siècle. Le peuple voisin des KayabĂ, les appelait « TapĂŞ-iting », « Tapy'iting », ou « Tapii'sin » (hommes Ă la peau claire).
Étymologie
« Apiaká » serait un variant du mot tupà « Apiaba » qui signifie personne, peuple, ou humain.
Langue
La langue Apiaká est affiliĂ©e Ă la famille des langues tupĂ, mais elle ne semble plus parlĂ©e par aucun membre de l'ethnie.
Localisation
Ce peuple vivait de manière plus ou moins nomade sur les berges de rivières et notamment près de l'embouchure du Rio Tocantins, au nord du Mato Grosso (Rio Arinos, Rio Juruena et la petite région de Teles Pires) et dans l’actuel État du Pará au nord du Brésil.
Population
En 2000 il n’en restait qu’environ 90 membres vivant essentiellement dans les 3 villages de la « réserve amérindienne des Apiaká » (10°50′ S et 58° O, rive droite du cours central du Rio dos Peixes, à partir des chutes d’eau).
Certains vivent aujourd’hui dans la région de Juara, à Porto dos Gaúchos, Belém, and Cuiabá. Il en resterait éventuellement quelques individus plus ou moins nomadisants.
Histoire
Selon Koch-GrĂĽnberg et les donnĂ©es qu’il a collectĂ©es Ă partir des rĂ©cits des diffĂ©rents voyageurs du XIXe siècle et jusqu'en 1902, les Apiakás Ă©taient un peuple nombreux et rĂ©putĂ© guerrier. Il en existait un village de plus de 1500 personnes en 1819, ainsi que des villages très peuplĂ©s Ă l'Ă©poque d'Hercule Florence et de Francis de Castelnau. Dans les archives de Cuiabá, Koch-GrĂĽnberg a trouvĂ© le chiffre de 2700 Apiaká recensĂ©s au milieu du XIXe siècle, mais il souligne en 1902 que ces donnĂ©es sont incomplètes. Rondon, au dĂ©but du XXe siècle dit qu’un massacre d’Apiaká en a rĂ©duit la population Ă 32 personnes[1], après quoi la tribu a fui le contact avec les blancs pour former un petit groupe nomade dont la population est inconnue. En 1978, il y avait 71 Apiaká vivant dans la rĂ©serve indienne (Terra IndĂgena) Apiaká, nombre qui a Ă©tĂ© ramenĂ© Ă 52 en 1984 par l'Ă©migration. En mai 1990 de nouvelles arrivĂ©es ont portĂ© ce nombre Ă 92 personnes.
Vie sociale
Les Apiakás sont théoriquement égalitaires («Parmi nous, personne ne donne des ordres »), mais les plus anciens exercent un leadership sur le reste du groupe et des hommes reconnus pour leurs compétences organisent les tâches utiles pour le groupe.
Les femmes ne participent pas directement aux choix politiques mais font connaĂ®tre leurs sentiments et leurs vĹ“ux par l'intermĂ©diaire de leurs Ă©poux. Avec l’acculturation liĂ©e aux contacts accrus avec le monde extĂ©rieur, les « relations extĂ©rieures » (Ă l’échelle nationale et notamment avec la Fundação Nacional do 'ĂŤndio (Fondation nationale des Indiens, ou FUNAI) sont maintenant suivies par des hommes jeunes, reconnus plus habiles dans ce domaine. Tous les adultes traitent librement avec la mission et avec leurs voisins KayabĂ.
La parentĂ© et les ancĂŞtres ont une importance sociale importante dans la hiĂ©rarchie sociale, et les hommes ayant le plus les filles et de fils mariĂ©s qui ont construit leurs maisons Ă proximitĂ© sont ceux qui ont le plus de pouvoir, notamment parce qu’ils sont capables de rĂ©unir assez de forces s’il faut se battre contre un autre groupe, Kayabi par exemple. Depuis les annĂ©es 1970, les Apiaká se considèrent comme membres de l'UniĂŁo das Nações IndĂgenas (Union des nations autochtones) ce qui leur permet de mieux dĂ©fendre leurs territoires.
Le non-respect de règles tacites de comportement est corrigée par la discussion, sans récrimination ni censure, de manière à conserver l'estime mutuelle des membres de la tribu. Des désaccords entre chefs peuvent toutefois conduire à des affrontements et menaces, souvent résolus par la fondation d'une nouvelle colonie. Les missionnaires ont atténué ou retenu la violence de certains conflits. Les infidélités matrimoniales sont commentées ; avec une certaine malveillance, mais toujours comme une chose s'étant produite dans le passé, ce qui permet aux Apiakás concerner de conserver une estime de soi non un sentiment de honte ou culpabilité.
Les Apiakás étaient autrefois armés de lances si richement ornée de plumes d’arara qu'elles étaient plus des ornements que des armes, selon Koch-Grünberg. Ils ont cependant combattu leurs ennemis traditionnels Mundurucu, Tapanyuna et Nambicuara avec des arcs et flèches. Une forme de cannibalisme rituel aurait existé dans laquelle ils sacrifiaient les adultes prisonniers de guerre qui étaient mangés, alors que les prisonniers jeunes étaient adoptés dans le groupe jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge adulte, moment où ils sont également sacrifiés. Le droit de manger la chair humaine était limité aux hommes qui avaient un carré tatoué autour de la bouche. Les Apiaká étaient en guerre avec leurs voisins, mais leurs relations avec les Brésiliens semblent avoir été pacifiques en dépit de leur réputation de guerrier. Au début du XXe siècle un grave conflit avec les Brésiliens s'était soldé par un massacre d’Apiaká. À la fin du XXe siècle, chaque fois que le Apiakás ont estimé que leurs droits ont été menacés ou non-respectés, il y a eu des conflits avec ceux qui les entourent (dont les Kayabis).
Annexes
Bibliographie
- Eugênio Wenzel, thèse de Master II « Em torno da panela Apiaká » ("Autour du pot de cuisson Apiaká", donne des indications bibliographiques, éléments historiques et ethnologiques de la vie dans les territoires des indigènes Apiaká/Kayabà du Juara, (État du Mato Grosso) dans les années 1980.
Articles connexes
Liens externes
- Série contenant des esquisses d'Hercule Florence de dessins de 3 femmes apiaká
- (en) À propos de l'organisation sociopolitique des Apiaká
- (fr) (es) Journal de la société des américanistes - Revue scientifique consacrée aux sociétés et aux cultures amérindiennes
Notes et références
- NimuendajĂş, 1948, p. 311