Antipassif
L'antipassif est un type de phrase qui s'organise autour d'un verbe normalement transitif qui acquiert les caractéristiques d'un verbe intransitif. Elle a le même agent ( ou ce qui en tient lieu ) et le verbe a la même signification lexicale que dans la phrase transitive correspondante, mais le patient ( ou ce qui en tient lieu ) de la phrase transitive se trouve omis ou réduit à une fonction secondaire ( cas oblique ) . Le verbe de la construction antipassive est souvent doté d'une marque spécifique ou non indiquant l'antipassif. D'abord présentée comme un processus symétrique pour les langues ergatives du passif pour les langues accusatives, elle est apparue comme une de leurs particularités [1], mais l'existence de forme passives dans les langues ergatives a conduit des études plus récentes à montrer que certaines langues accusatives présentaient aussi des formes d'antipassif [2]
Historique de la notion
L'antipassif est une notion linguistique récente. Même si cette structure avait été repérée par le linguiste polonais, Jerzy Kuryłowicz dès 1946 et par des chercheurs russes dans les années 2000, c'est à Michael Silverstein qu'on attribue l'invention du terme qu'il emploie en 1972 dans un exposé sur le chinook . Selon sa définition, l'antipassif est une forme symétrique du passif propre aux langues ergatives. L'antipassif efface l'objet de la construction transitive, et le passif efface son sujet dans sa description du chinook : I have termed this -ki- form the ANTIPASSIVE construction, playing upon its inverse equivalence to a passive of accusative languages, because the sense is clearly equivalent to a transitive, though the form is intransitive with the grammatical function of the remaining NP reversed (ergator becomes non-ergator) [3]
(« J'ai appelé cette forme en -ki- la construction ANTIPASSIVE, en jouant sur son équivalence inverse à un passif des langues accusatives, parce que le sens est clairement équivalent à un transitif, bien que la forme soit intransitive, avec la fonction grammaticale du groupe nominal restant inversée ( l'ergateur devient non-ergateur [4] »)
Voici une phrase transitive active en k'ichee[5] :
Ixiim ri ixoqiib'.
Acheter maĂŻs femmes
"Les femmes ont acheté du maïs.
Voici une phrase Ă l'antipassif en k'ichee :
X-e-loq'-on ri ixoqiib'.
acheter femmes
Les femmes ont fait des achats.
Notes et références
- Par exemple, dans le "Dictionnaire des sciences du langage", Franck Neveu, A.Colin, 2011
- Katarzyna JANIC, L’antipassif dans les langues accusatives, 2013
- Pour une présentation détaillée de l'apparition du concept [Katarzyna JANIC, L’antipassif dans les langues accusatives, p16-18, https://www.academia.edu/28718445/Lantipassif_dans_les_langues_accusatives]
- "ergateur" = nom ou groupe nominal mis Ă l'ergatif
- Creissels : "Cours de syntaxe générale" (2004)