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Amiran

Amiran ou Amirani est un héros de la mythologie géorgienne, et un équivalent caucasien du Prométhée des Grecs. Enchaßné en guise de chùtiment, à un roc du Mont Kazbek (aussi appelé Mkinvartsveri)[1] par une divinité païenne qu'il avait défiée, Amiran a peu à peu quitté la seule mythologie de la Géorgie, dont il constitue un des symboles, pour occuper le folklore et la littérature géorgienne depuis de nombreux siÚcles déjà.

Statue d'Amirani en GĂ©orgie.

Le mythe d'Amiran[2]

Au XIIe siÚcle, Amiran est le sujet d'un roman de chevalerie, l'Amiran-Darejaniani. Au XIXe siÚcle, Amiran, à l'instar de Prométhée dans la littérature européenne, devient plus tard chez les poÚtes géorgiens le symbole de la libération, plus précisément ici, de la libération de l'esclavage imposé par les Russes.

Selon les études menées en Géorgie sur Amiran, la légende d'Amiran fait appel à un ancien mythe, selon lequel Amiran est avalé par un dragon ; Amiran lui ouvre le ventre et sort, permettant également au soleil de sortir. Amiran serait donc un ancien symbole de mort, puis de résurrection, un symbole d'éternelle renaissance. C'est ce qui en fait le symbole culturel majeur pour les Géorgiens, dont il influence l'histoire culturelle et politique.

Cette ancienne mythologie grĂ©co-caucasienne de mort et de rĂ©surrection, de lever et de coucher du soleil, ou de cycle des saisons oĂč l'Ă©tĂ© se transforme en hiver pour revenir de nouveau, est devenu pour les GĂ©orgiens le combat Ă©ternel et victorieux de la lutte contre l'esclavage.

L’Amiran-Darejaniani

Miniature du manuscrit de Amiran-Darejaniani (1824), copie de David Tumanov (H-384, Centre national des manuscrits de GĂ©orgie.

Contexte et destin du roman

L’Amiran-Darejaniani (gĂ©orgien: ამირან-დარეჯანიანი), rendu en français par « Histoire d'Amiran, fils de Daredjane Â»[3]) est un roman mĂ©diĂ©val gĂ©orgien, datant probablement de la premiĂšre moitiĂ© du XIIe siĂšcle. Il s'agit de l'un de ces ouvrages littĂ©raires qui annoncent l'Ă©mergence d'une littĂ©rature sĂ©culiĂšre locale, aprĂšs plusieurs siĂšcles de domination par une tradition patristique.

C'est un ouvrage en prose, contant en douze Ă©pisodes les combats de chevaliers ; il est attribuĂ© Ă  MoĂŻse de Khoni (MoĂŻse Khoneli ; მოსე ჼონელი). Cette attribution se trouve dans l'Ă©pilogue d'un poĂšme Ă©pique, le Vep’khis-tqaosani de Shota Rustaveli, le plus grand classique de la littĂ©rature gĂ©orgienne mĂ©diĂ©vale, mais on ne la retrouve pas ailleurs. Selon une tradition, MoĂŻse serait venu de la ville de Khoni, dans la GĂ©orgie occidentale, et, comme Rustaveli, il servit Ă  la cour de la reine Tamar (qui rĂ©gna de 1184 Ă  1213), souveraine du pays pendant l'« Ă‚ge d'or Â» de la GĂ©orgie.

Les noms persans et arabes qui jalonnent le roman, ainsi que le manque de rĂ©fĂ©rences spĂ©cifiquement gĂ©orgiennes dans le texte, ont conduit Marie-FĂ©licitĂ© Brosset et Nicolas Marr Ă  l'hypothĂšse, aujourd'hui discrĂ©ditĂ©e, selon laquelle l’Amiran-Darejaniani aurait Ă©tĂ© la traduction d'un texte persan perdu. Cependant, l'influence de la tradition Ă©pique persane, et tout particuliĂšrement du Shahnameh de Ferdowsi se ressent trĂšs fortement[4] - [5], et le personnage d'Amiran Ă©voque celui de Rostam.

L’Amiran-Darejaniani fut publiĂ© par le critique littĂ©raire gĂ©orgien autodidacte et bibliophile Zakaria Chichinadze en 1896, Ă©dition suivie par plusieurs Ă©ditions critiques au XXe siĂšcle. La premiĂšre traduction anglaise du roman, Ă©tablie par Robert Horne Stevenson, date de 1958. Puis, en 1965, apparut une traduction russe de Bidzina Abuladze.

Synopsis

Le cycle débute avec une introduction dans laquelle Absesalom, roi des Indiens, est hanté par le mystérieux portrait d'un groupe de chevaliers, dont un bref message dit simplement que la fille du Roi des Mers sera délivrée de sa captivité aux mains des kaji, une tribu de cruels sorciers, par ces chevaliers.

Abesalom finit par rechercher le dernier survivant dépeint, Savarsamidze, qui devient alors l'un des principaux narrateurs du roman. Ainsi, le mystérieux tableau se révÚle illustrer Amiran, fils de Daredjane, et ses associés, se prolonge par une série de contes narrés au roi Abesalom et mettant en scÚne Amiran et ses compagnons, Savarsamidze, Nosar et Badri, au cours de leurs dangereuses missions[5] - [6].

C'est alors l'histoire de la rencontre d'Amiran avec un Ă©tranger vĂȘtu de noir, qui raconte en pleurant l'histoire de son protecteur, le chevalier Badri, fils de Iaman (Badri Iamanisdze), dont s'empare le monstre Baqbaq-Devi alors qu'il revenait d'une mission extrĂȘmement dangereuse, mais finalement couronnĂ©e de succĂšs, pour libĂ©rer et Ă©pouser la fille du Roi des Mers.

Un autre vaillant chevalier, Nosar Nosreli, envoyĂ© par le Roi des Mers pour dĂ©livrer Badri, va partager son sort. Amiran, accompagnĂ© par son serviteur Savarsimisdze et l'homme vĂȘtu de noir, se met en campagne pour libĂ©rer les chevaliers capturĂ©s par le monstre Baqbaq-Devi. AprĂšs une terrible succession de d'escarmouches et de batailles avec des monstres, et quelques autres aventures, Amiran parvient Ă  dĂ©livrer Badri et Nosar, et Ă  tuer Baqbaq-Devi.

S'ensuivent alors de nombreuses autres aventures.

Dans le dernier chapitre du roman, Amiran sauve Balkh d'un démon qui dévastait la ville, et épouse la fille du roi local, pour rentrer enfin chez lui couvert de gloire[5] - [6].

Comparaison avec le mythe de Prométhée

La mythologie comparée a rapproché le mythe d'Amirani et de son chùtiment de celui du Titan grec Prométhée, enchaßné au Caucase dans la mythologie grecque[7].

Voir aussi

Notes et références

  1. EnchaĂźnement d'Amiran au mont Kazbegui.
  2. Mythes géorgiens
  3. Note : le titre s'Ă©claire avec l'aide de la langue persane, dans laquelle Amiran Daredjan veut dire « Le MaĂźtre du Monde Â»
  4. Lang & Meredith-Owens (1959), pp. 454-490.
  5. Donald Rayfield The Literature of Georgia : A History, 2000, pp. 69-72.
  6. Imedashvili (1966)
  7. Georges Charachidzé, Prométhée ou le Caucase, Flammarion, 1986.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Georges CharachidzĂ©, PromĂ©thĂ©e ou le Caucase, Flammarion, 1986.
  • (en) Rayfield, Donald (2000), The Literature of Georgia: A History, Routledge (ISBN 0-7007-1163-5).
  • (en) D. M. Lang, G. M. Meredith-Owens, Amiran-Darejaniani: A Georgian Romance and Its English Rendering, Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, Vol. 22, No. 1/3 (1959), p. 454-490.
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