Accueil🇫🇷Chercher

Alexandra Saemmer

Alexandra Saemmer est chercheuse, auteur de littérature numérique et éditrice d’ouvrages consacrés à la littérature numérique, aux médias en ligne, aux séries télévisées et à l’éducation critique aux médias. Elle est professeure en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis.

Alexandra Saemmer
Description de l'image Arton242.png.
Naissance
RĂ©sidence France
Domaines Littérature numérique, hypertexte, hypermédia, sémiotique sociale, recherche-création.
Institutions Université Paris 8
Site https://cemti.univ-paris8.fr/?alexandra-saemmer

Elle inscrit ses travaux dans la filiation de la sémiotique pragmatique et la techno-sémiotique. Alexandra Saemmer co-dirige le CEMTI (Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation), la revue internationale de communication MEI (Médiation et information) et la revue bilingue français-anglais HYBRID qu’elle a fondée. Elle a été directrice adjointe du Laboratoire d’excellence Arts-H2H pendant dix ans et, en 2021, titulaire de la Lorand Chair in Intermediality Studies à la Vrije Universiteit (Bruxelles).

Biographie

Alexandra Saemmer a soutenu en 2001 une thèse consacrée à l’intertextualité dans l’œuvre de Marguerite Duras et intitulée Écritures de l'autre état chez Marguerite Duras et Robert Musil à l'Université Lumière-Lyon 2. Dans le département hypermédia de l’Université Paris 8 où elle a exercé après sa thèse comme maître de conférences, elle a développé une approche de la littérature numérique qui met l'accent sur ses caractéristiques hypermédiatiques (animation textuelle, récit hypertextuel). Après une Habilitation à diriger des recherches soutenue en 2014 où elle a développé son projet d'une Rhétorique du texte numérique, Alexandra Saemmer a poursuivi son parcours en tant que professeure des universités au Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI). Puisant des outils dans les théories de l’intermédialité, l’esthétique de la réception et l’ethnographie du numérique, elle met en place depuis 2014, avec un réseau de collaborateurs, une sémiotique sociale déployée sur de nombreux terrains.

Littérature numérique et recherche-création

La littérature numérique est l'un principaux terrains de recherche d'Alexandra Saemmer. Son ouvrage Matières textuelles sur support numérique est l'un des premiers en France à être consacré à ce genre littéraire[1]. Le cycle de conférences et ouvrages E-Formes a réuni entre 2000 et 2008 des web-artistes de renommées nationale et internationale[2]. Dans l'ouvrage Rhétorique du texte numérique paru aux Presses de l'Enssib, elle propose un modèle théorique et une méthodologie d'analyse des phénomènes d'hypertextualité et d'animation textuelle qui s'intéresse de près au sens que les couplages entre gestes, mouvement et texte peuvent prendre en fonction de leur contexte de conception et de réception, en déployant « une approche dynamique des mécanismes de la lecture-écriture »[3]. Son analyse de textes journalistiques, de fictions numériques et d'annonces publicitaires animées lui a permis d’établir une classification détaillée des figures qui cartographient le champ des possibles expressifs du texte numérique sans en épuiser le sens[4] : « le texte (numérique), par sa rhétorique, préfigure les gestes de lecture, offre un cadre à l’interprétation mais sans jamais les déterminer »[5]. Dans ces recherches, « c’est non seulement la nature même du texte qui est interrogée par la navigation hypertextuelle, mais également celle de la lecture, qui s’organise à partir des balises posées par le scripteur »[6].

Alexandra Saemmer fait elle-même partie de la "deuxième génération" des auteurs de littérature numérique. Ses oeuvres poétiques[7] figurent dans des revues et anthologies de référence, comme la Electronic Literature Collection (vol. 3)[8] et la Anthology of European Electronic Literature[9]. Le poème interactif Tramway[10] - [11], l'oeuvre performative Böhmische Dörfer[12], et le roman-Facebook Nouvelles de la Colonie[13] notamment ont été discutées et analysées en profondeur dans de nombreux articles et ouvrages en français[14] et en anglais[15]. Alexandra Saemmer a participé au Festival de la Fiction française à Rome avec une "performance hyper-narrative" au sein de « laquelle le public était invité à participer activement »[16]. Elle a également exposé au festival Ars Electronica à Linz[17].

En France et en collaboration avec le laboratoire canadien NT2, elle a participé à la structuration du champ de recherche de la génération automatique textuelle et de la recherche-création en littérature numérique[18]. Le colloque Art, littérature et réseaux sociaux qu’elle a co-organisé avec Emmanuel Guez au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle en 2018, a été le point de départ de ses démarches de recherche et création actuelles consacrées aux littératures écrites et publiées sur les plateformes sociales. Le Logbook de la Colonie, co-écrit avec Sébastien Appiotti, Françoise Cahen, Brice Quarante et illustré par Adrien Brunel (2022), fait partie des premiers romans écrits sur un réseau social (Facebook) par des profils fictionnels : « La Colonie détourne la plateforme ; elle la performe et la perfore, la traversant de bord en bord »[19]. Il a ensuite été remédiatisé pour le livre papier[20].

Education aux médias et sémiotique sociale

Les questions mĂ©thodologiques occupant depuis le dĂ©but une place importante dans ses travaux consacrĂ©s au texte numĂ©rique, Alexandra Saemmer a Ă©galement contribuĂ© au champ de recherche sur l'Ă©ducation aux mĂ©dias d'information et au numĂ©rique[21]. Elle « invite Ă  considĂ©rer l’éducation aux mĂ©dias et Ă  l’information comme plurielle et Ă  l’inscrire dans de nombreuses formes pĂ©dagogiques connexes : l’éducation au dĂ©bat, au genre, Ă  la sexualitĂ©, Ă  la rĂ©flexivitĂ©, Ă  la crĂ©ativitĂ©, Ă  la pensĂ©e divergente, au temps, Ă  la rĂ©flexion mature, etc. »[22].

Dans la filiation des social semiotics et de la sémiotique peircienne, Alexandra Saemmer a plus particulièrement impulsé le développement d'une méthode d'analyse des productions culturelles qui place au centre de son modèle théorique le filtre interprétatif. Alors que les démarches immanentistes de la sémiotique mettent l'accent sur l'analyse détaillée des signes et de leurs relations tensives, Alexandra Saemmer propose de déplacer le focus vers l'étude des prismes interprétatifs, historiquement et socialement situés, qui agissent dans l'appareil perceptif et cognitif du spectateur. Il s'agit donc non seulement d'étudier ce qu'un texte, une image ou un film signifient, mais d'analyser pourquoi ils prennent cette signification pour un sujet dans un contexte de réception précis. La démarche s'inspire de la semiosis sociale d’Eliseo Verón ; le sondage des motivations sociales et culturelles de la sémiose y est indissociable d’un travail de terrain. Les ateliers de co-interprétation, dispositif méthodologique et pédagogique fondateur de la sémiotique sociale, ont comme objectif une introspection idéologique dans laquelle les participants s’engagent avec les chercheurs.

La sémiotique sociale est détaillée dans un grand nombre d’articles à partir d’études de cas, et synthétisée dans l’ouvrage Sur quoi se fondent nos interprétations ? Introduction à la sémiotique sociale, co-écrit avec Nolwenn Tréhondart et Lucile Coquelin[23].

Articles connexes

SĂ©lection de publications

Ouvrages monographiques

  • Duras et Musil – drĂ´le de couple ? DrĂ´le d’inceste ?, Amsterdam – New York, Rodopi, 2002.
  • Matières textuelles sur support numĂ©rique, Publications de l’UniversitĂ© de Saint-Étienne, 2007.
  • RhĂ©torique du texte numĂ©rique, Lyon, Presses de l’ENSSIB, 2015.
  • Sur quoi se fondent nos interprĂ©tations ? Introduction Ă  la sĂ©miotique sociale,, co-Ă©crit avec Nolwenn TrĂ©hondart et Lucile Coquelin, Lyon, Presses de l’Enssib, 2022.

Ouvrages collectifs

  • Les Lectures de Marguerite Duras, avec Patrice StĂ©phane, Presses universitaires de Lyon, 2005.
  • E-Formes 1 – Écritures visuelles sur supports numĂ©riques, avec Monique Maza, Publications de l’UniversitĂ© de Saint-Étienne, 2008.
  • La poĂ©sie dĂ©livrĂ©e, avec Vaillant Alain, Linarès Serge et Legoy Corinne, Presses de l’UniversitĂ© Paris Ouest, 2017.
  • Livres d’art numĂ©riques, de la conception Ă  la rĂ©ception, avec TrĂ©hondart Nolwenn, Paris, Hermann, 2017.
  • Education critique aux mĂ©dias et Ă  l’information en contexte numĂ©rique. Enjeux, outils, mĂ©thodes, avec Sophie Jehel, Lyon, Presses de l’Enssib, 2020.
  • Logbook de la Colonie. Dystopie polyphonique, un livre co-Ă©crit avec SĂ©bastien Appiotti, Brice Quarante et Françoise Cahen, Montpellier, Ă©ditions publie.net, 2022.

Articles récents

  • 2022, en coll. avec Coquelin Lucile, « De quoi le zombie est-il le signe, et pourquoi ? SĂ©miotique sociale du marcheur dans la sĂ©rie The Walking Dead », Communication et langages, n° 212, p. 33-48.
  • 2022, « Vers une poĂ©tique post-numĂ©rique de l’illisibilitĂ© », Recherches et Travaux, n° 100.
  • 2021, « De l’(im-)possibilitĂ© d’écrire  un roman sur Facebook », Romanesques, n° 13, Classiques Garnier, 2021, p. 185-204.
  • 2020, « De l’architexte au computexte. PoĂ©tiques du texte numĂ©rique, face Ă  l’évolution des dispositifs », Communication et langages n° 203, p. 97-112
  • 2019, « Le parler fransais des Gilles et John. EnquĂŞte sur les crypto-langages militants au sein des plateformes », Hermès n° 84, p. 131-137.
  • 2018, « La capture du langage humain par le capitalisme linguistique des plateformes », Les Cahiers du numĂ©rique n° 3-4, p. 151-172.
  • 2018, « LittĂ©rature et numĂ©rique : archĂ©ologie d’un paradoxe », Revue de recherche en littĂ©ratie mĂ©diatique multimodale, vol. 8, https://www.erudit.org/fr/revues/rechercheslmm/2018-v8-rechercheslmm03931/1050933ar/ (18 pages).
  • 2017, « D'instrumentaliser l’éducation aux Technologies de l’information et de la communication », Interfaces numĂ©riques n° 3, vol. 6, p. 499-514.
  • 2017, en coll. avec Jehel Sophie, « Pour une approche de l’éducation critique aux mĂ©dias par le dĂ©cryptage des logiques politiques, Ă©conomiques, idĂ©ologiques et Ă©ditoriales du numĂ©rique », tic&sociĂ©tĂ© n° 11, p. 47-83.
  • 2017, « InterprĂ©ter l’hyperlien en contexte pĂ©dagogique : Ă©lĂ©ments d’une sĂ©miotique sociale », Le Français Aujourd’hui n° 196, p. 25-34.
  • 2016, « SĂ©miotique critique du discours hypertextualisĂ© », Semen n° 42, p. 135-156.

Installations

« Böhmische Dörfer » (œuvre solo) ; « Conduit d’Aération », avec L. Haute, A. Herbet, (57) Festival international ars electronica. Catalogue d’exposition : PostCity, éd. Ars electronica, 2015, p. 227

« Conduit d’Aération », avec L. Haute, A. Herbet, du 23/9 au 1/12 2013, Bibliothèque Nationale de France, Paris, exposition (58) « Les littératures numériques d'hier à demain ».

« Böhmische Dörfer », (59) 128e Congrès de la Modern Language Association, Boston Convention Center, 4-6 janvier 2013.

« Böhmische Dörfer », Electronic Literature Organization, Morgantown, (60) Monongalia Arts Center, 19-23 juin 2012.

Performances

« Conduit d’aération », 26 février 2013, Institut Français de Rome, Palais Farnèse, soirée d’ouverture de Festival de la Fiction Française.

« Inexorable », « Etant donné » de C. Portier, La Charteuse, Villeneuve lez Avignon, 8/7 2013.

« Conduit d’Aération », Le Cube, Paris, « Chercher le texte », 26/9 2013.

« Böhmische Dörfer », Literaturfestival Siegen, 27/11 2012.

« Real Poetry Game », avec L. Haute et al., « Futur en Seine », 16/6 2012, Espace104, Paris.

« Böhmische Dörfer », « La Scène Poétique », 25/1 2012, Lyon.

Notes et références

  1. Jan Baetens, « La littérature numérique : entre « hyper » et « cyber » », Acta fabula, no vol. 8, n° 3,‎ (ISSN 2115-8037, lire en ligne, consulté le )
  2. Karine Bartnik, « Les arts sous toutes ses “E-formes” », Le Progrès,‎ , p. 14
  3. Ingrid Mayeur, « Saemmer, Alexandra. 2015. Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques (Lyon : Presses de l’Enssib) », Argumentation et Analyse du Discours, no 17,‎ (ISSN 1565-8961, lire en ligne, consulté le )
  4. Sébastien Zerilli, « Alexandra Saemmer, Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  5. Béatrice Micheau, « Saemmer Alexandra : Rhétorique du texte numérique : figures de la lecture, anticipations de pratiques », Études de communication. langages, information, médiations, no 46,‎ , p. 201–206 (ISSN 1270-6841, lire en ligne, consulté le )
  6. Ingrid Mayeur et Marie-Anne Paveau, « Présentation. Les devenirs du texte numérique natif », Corela. Cognition, représentation, langage, no HS-33,‎ (ISSN 1638-5748, DOI 10.4000/corela.11749, lire en ligne, consulté le )
  7. Rue89, « Vidéo, porno ou assistée par ordinateur : la poésie est sur le Web », publié le vendredi 10 juin 2016, https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-rue89-culture/20160610.RUE3111/video-porno-ou-assistee-par-ordinateur-la-poesie-est-sur-le-web.html
  8. (en-GB) « Electronic Literature Collection - Volume 3 », sur collection.eliterature.org (consulté le )
  9. (en) « Anthologie de la Littérature numérique européenne », sur anthology.elmcip.net (consulté le )
  10. (en) Lydia Tuan, « Virtual Playgrounds: Electronic Literature’s Challenge to Authorship », FORUM: University of Edinburgh Postgraduate Journal of Culture & the Arts, no 23,‎ (ISSN 1749-9771, DOI 10.2218/forum.23.1712, lire en ligne, consulté le )
  11. (en-US) Serge Bouchardon, Ariane Mayer, « The Digital Subject: From Narrative Identity to Poetic Identity? », (consulté le )
  12. (en) Katrina L. Nousek, « (Re)constructing Heimat: Intermedial Archives in Saša Stanišić’s Vor dem Fest and Alexandra Saemmer’s “Böhmische Dörfer” », Tales That Touch,‎ (lire en ligne)
  13. « Littérature numérique : dix marches à franchir ? », sur Komodo 21, (consulté le )
  14. Bertrand Gervais et Anaïs Guilet, « Esthétique et fiction du flux. Éléments de description », Protée, vol. 39, no 1,‎ , p. 89 (ISSN 1708-2307, lire en ligne, consulté le )
  15. Erika Fülöp, « The Novel in French and the Internet », dans The Cambridge History of the Novel in French, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-108-73947-4, lire en ligne), p. 724–743
  16. « FESTIVAL DE LA FICTION FRANÇAISE – La littérature francophone à la conquête de l’Italie », sur lepetitjournal.com (consulté le )
  17. « EnsadLab » Ars Electronica 2015 », sur www.ensadlab.fr (consulté le )
  18. « Alexandra SAEMMER - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  19. Bertrand Gervais, « Arrêts sur image : fragments d’une identité-flux », @nalyses. Revue des littératures franco-canadiennes et québécoise,‎ (ISSN 1715-9261, lire en ligne, consulté le )
  20. Logbook de la colonie., Publie.net, dl 2022 (ISBN 978-2-37177-629-6 et 2-37177-629-7, OCLC 1356823088, lire en ligne)
  21. Bernard Idelson, « Sophie Jehel et Alexandra Saemmer (dirs), Éducation critique aux médias et à l’information en contexte numérique », Questions de communication,‎ , p. 519-522 (lire en ligne)
  22. Matthieu Demory, « Compte-rendu de l'ouvrage de Sophie Jehel et Alexandra Saemmer (dir.), "Education critique aux médias et à l'information en contexte numérique", Presses de l'ENSSIB, 2021 », OMNSH,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Ingrid Mayeur, « Saemmer, Alexandra, Nolwenn Tréhondart, et Lucile Coquelin. 2022. Sur quoi se fondent nos interprétations ? Introduction à la sémiotique sociale appliquée aux images d’actualité, séries télé et sites web de médias. Papiers. Villeurbanne: Presses de l’enssib. Notes de lecture », Demontages,‎ (lire en ligne)

Liens Externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.