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Affaire Shiori Ino

Shiori Ino (çŒȘ野 è©©çč”, Ino Shiori) ( - ) est une Ă©tudiante japonaise qui fut assassinĂ©e Ă  l'Ăąge de 21 ans aprĂšs des mois de harcĂšlement. L'affaire rĂ©vĂšle un grave manquement aux devoirs de la police de la prĂ©fecture de Saitama, a amenĂ© Ă  des changements sur le traitement juridique du harcĂšlement et est connu comme un exemple de manipulation des mĂ©dias (en).

Shiori Ino
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Nationalité

HarcĂšlement

En , Shiori Ino rencontre Kazuhito Komatsu, un jeune homme de 26 ans exploitant plusieurs salons de massage avec son frĂšre Takeshi, pompier de mĂ©tier. Komatsu prĂ©tend cependant ĂȘtre un entrepreneur de 23 ans dans l'automobile, l'immobilier et les mĂ©taux prĂ©cieux. AprĂšs 4 ou 5 rendez-vous, Komatsu commence Ă  offrir Ă  Ino des cadeaux trĂšs coĂ»teux comme des sacs Ă  main Louis Vuitton ou des vĂȘtements Gucci, et il l'accuse d'abuser de lui si elle les refuse. Il commence Ă©galement Ă  l'appeler chez elle, en dĂ©pit du fait qu'elle lui avait donnĂ© uniquement son numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone portable. Quand elle tente de rompre leur relation, il la menace jusqu'Ă  ce qu'elle accepte de continuer Ă  le voir. Le , Ino confie Ă  une amie qu'elle avait peur pour sa vie. Le , elle Ă©crit un testament et tente de nouveau de mettre fin Ă  leur relation. Elle cĂšde aprĂšs que Komatsu ait menacĂ© sa famille, comme par exemple de blesser physiquement son petit frĂšre, encore Ă  l'Ă©cole primaire.

Le , Ino retrouve Komatsu dans un cafĂ© et lui expose explicitement son intention de ne pas le revoir. Le mĂȘme jour, Komatsu, son frĂšre Takeshi et un ami dĂ©barquent Ă  la maison de la famille Ino et menacent autant Shiori que sa mĂšre, Ă  qui ils font part d'une sĂ©rie de mensonges sur Shiori tel qu'un dĂ©tournement de fonds imaginaire que Kazuhito aurait commis. Ils menacent le pĂšre de Shiori Ă  son retour du travail, qui, impassible, leur ordonne de sortir de la maison aprĂšs leur avoir dit de reprendre les cadeaux que Kazuhito avait offert de force Ă  Shiori. Les trois garçons se retirent alors, tout en prĂ©cisant qu'ils ne voulaient pas reprendre les cadeaux. À leur insu, Shiori a enregistrĂ© toute la discussion. Elle amĂšne l'enregistrement Ă  la police de Saitama le lendemain mais, malgrĂ© l'offuscation d'un jeune officier, les policiers qui l'a rencontrent lui disent qu'elle n'a aucune preuve. Le mĂȘme jour, la famille Ino reçoit Ă©galement un appel d'une personne disant s'appeler « Tanaka » et exigeant le retour des cadeaux, aprĂšs une vingtaine d'appels silencieux. Ce harcĂšlement quotidien d'appels silencieux se poursuit jusqu'au .

Le , Ino retourne voir la police de Saitama avec ses parents. Les policiers refusent de nouveau d'agir et suggÚrent que la faute lui incombe à elle pour avoir rompu avec un prétendant aprÚs avoir accepté ses luxueux cadeaux. Ils se rendent alors à une clinique juridique gratuite dirigée par la Chambre de commerce, sur suggestion de la police. AprÚs une consultation de 15 minutes, l'avocat rejette leur demande, déclarant qu' « elle avait reçu beaucoup de cadeaux ». Le jour suivant, Shiori reçoit un appel de Komatsu exigeant qu'ils se remettent ensemble. Elle refuse et lui annonce qu'elle avait été voir la police. Komatsu se met alors en colÚre avant de raccrocher brutalement.

Le , Ino renvoie tous ses cadeaux Ă  Komatsu par voie postale. Le jour suivant, le , son frĂšre, Takeshi Komatsu, approche Yoshifumi Kubota, 33 ans, un ancien directeur d'un de leurs salons de massage, en lui proposant un contrat de 20 millions de yen pour assassiner Ino. Kubota accepte et recrute Ă  son tour deux connaissances, Akira Kawakami et Yoshitaka Ito. Kazuhito Komatsu part ensuite pour Okinawa le pour se construire un alibi.

Durant les quatre mois suivants, la famille Ino subit toute une série de harcÚlements et de menaces, dont des centaines d'affiches et de lettres calomniant Shiori et son pÚre distribués dans le quartier et au lieu de travail de son pÚre. Ils se rendent à plusieurs reprises à la police avec ces lettres, des photos de plaques d'immatriculation et d'autres preuves, sans qu'aucune mesure ne soit prise. Ils veulent porter plainte pour diffamation, mais sont entravés dans leur démarche par des agents de police de haut rang craignant que le fait d'avoir des dossiers non résolus nuise à leur réputation.

Dans le mĂȘme temps, Kubota, Kawakami et Ito, armĂ©s de la photo de Shiori, observent la maison de la famille Ino et la gare locale pour planifier le meurtre.

Le meurtre

Le , Shiori Ino part de chez elle Ă  vĂ©lo pour se rendre Ă  la gare d'Okegawa afin d'assister aux cours de l'aprĂšs-midi Ă  son universitĂ©. Elle est repĂ©rĂ©e par Kawakami qui roule en voiture aprĂšs s'ĂȘtre rendu Ă  la gare pour y dĂ©poser Kubota. Ce-dernier s'approche de Shiori alors qu'elle se gare avec son vĂ©lo et lui assĂšne un coup de couteau dans les cĂŽtes. En se retournant, il la poignarde une seconde fois dans le cƓur. Shiori est dĂ©clarĂ©e morte Ă  l'hĂŽpital gĂ©nĂ©ral central d'Ageo.

ImmĂ©diatement aprĂšs le meurtre, la police de la prĂ©fecture de Saitama lance une campagne de dĂ©sinformation, fabriquant un portrait de Shiori comme Ă©tant une jeune fille volage avec des goĂ»ts de luxe. Les tabloĂŻds, puis la presse grand public, saute rapidement sur l'affaire, fabriquant des histoires sinistres sur Shiori comme quoi elle travaillerait comme escorte. Les frĂšres Komatsu et leurs complices ne sont arrĂȘtĂ©s qu'aprĂšs qu'un journaliste, Kiyoshi Shimizu, ait menĂ© une enquĂȘte de lui-mĂȘme sur l'affaire[1]. Son rĂ©cit, publiĂ© dans le magazine FOCUS, rĂ©vĂšle le long harcĂšlement qu'a subi Shiori et diffuse une photographie de son tortionnaire.

Le , le tueur, Yoshifumi Kubota, est arrĂȘtĂ©. Le , Takeshi Komatsu, Akira Kawakami et Yoshitaka Ito sont arrĂȘtĂ©s. Le , huit autres personnes sont arrĂȘtĂ©es pour avoir participĂ© au harcĂšlement, et un mandat d'arrĂȘt est Ă©mis contre Kazuhito Komatsu, qui s'Ă©chappe Ă  Sapporo dans le Nord du Japon, traquĂ© par Kiyoshi Shimizu, le journaliste. Le , son corps est retrouvĂ© dans un lac Ă  Teshikaga. Sa mort est considĂ©rĂ©e comme un suicide et une note est retrouvĂ©e dans ses bagages Ă  son hĂŽtel indiquant qu'il avait prĂ©vu de se suicider peu de temps aprĂšs avoir arrangĂ© le meurtre d'Ino.

Conséquences

Une audience lĂ©gislative est rĂ©unie pour enquĂȘter sur le traitement policier de l'affaire Shiori Ino, et la police de Saitama est critiquĂ©e dans les mĂ©dias pour manquement Ă  ses devoirs[2]. Le chef de la police de Saitama s'excuse officiellement auprĂšs de la famille Ino. À la suite d'une enquĂȘte, six agents font l'objet de mesures disciplinaires et trois hauts fonctionnaires sont licenciĂ©s[3] et inculpĂ©s pour falsification de documents en raison de leur refus de traiter les accusations portĂ©es par Shiori Ino pendant son harcĂšlement. Le , Toshio Katagiri et Hirokazu Furuta sont chacun condamnĂ©s Ă  1 an et demi de prison avec sursis et Tsuyoshi Honda Ă  1 an et 2 mois de prison avec sursis.

Une loi de régulation du harcÚlement entre en vigueur en à la suite du meurtre de Shiori Ino[4].

Le , la famille Ino attaque en justice la police de Saitama. Le , le tribunal local condamne la police de Saitama Ă  une amende de consolation, mais rejette le fait que la nĂ©gligence de la police avait permis aux criminels de l'assassiner. En appel, le , la Cour suprĂȘme confirme la peine initiale.

En 2001, Kiyoshi Shimizu reçoit le Prix du journalisme de magazine du choix des rĂ©dactions (en) et le Prix du reportage de l'Association nationale des radiodiffuseurs commerciaux du Japon pour ses reportages. Il recevra plus tard les mĂȘmes rĂ©compenses aprĂšs avoir innocentĂ© un accusĂ© dans l'affaire du meurtre d'Ashikaga (en) (faisant partie de la sĂ©rie d'enlĂšvements et de meurtres de jeunes filles du Nord de Kantƍ (en)) et soulignĂ© des similitudes avec la façon dont la police et les procureurs ont traitĂ© les affaires Ashikaga et Iizuka par rapport Ă  l'affaire Okegawa[5].

Le tueur Ă  gage, Kubota, est condamnĂ© Ă  18 ans de prison. Les deux autres principaux criminels, Satoshi Kawakami et Yoshitaka Ito, sont condamnĂ©s Ă  15 ans de prison. Takeshi est condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© mais il fait appel. Le , la Cour suprĂȘme confirme sa condamnation.

Dans les médias

Au Japon, le crime a inspiré deux téléfilms. Le premier, basé sur le récit de Kiyoshi Shimizu, est diffusé le . L'autre, dans lequel Rina Uchiyama (en) joue le rÎle de Shiori Ino, est diffusé le .

Voir aussi

Notes et références

  1. Channel Surf, « Romantics, reporter go far away, so close », The Japan Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  2. Arikawa, Motoi, « Crime reporting turns murky as cops clam up », The Japan Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  3. « 3 Saitama police officers dismissed over falsification », CNET Networks,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. « Stalker-killer's life term upheld », (version du 30 juin 2008 sur Internet Archive)
  5. 『æźșäșșçŠŻăŻăă“ă«ă„ă‚‹: éš è”œă•ă‚ŒăŸćŒ—é–ąæ±é€Łç¶šćčŒć„łèȘ˜æ‹æźșäșșäș‹ä»¶ă€ æ–°æœźç€Ÿă€2013ćčŽă€ (ISBN 978-4104405022)

Liens externes

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