Aboune PĂ©tros
Aboune PĂ©tros (Ge'ez: áŁáĄá áŽá”áźá”) ou Abouna PĂ©tros (1892-1936) Ă©tait un Ă©vĂȘque Ă©thiopien, exĂ©cutĂ© le par les troupes d'occupation italiennes d'Ăthiopie.
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Jeunesse
NĂ© Ă Fitche, au nord dâAddis-Abeba, sous le nom de Hailemariam, il grandit dans une famille paysanne. Assez tĂŽt, il dĂ©cide de suivre des Ă©tudes religieuses et, Ă lâĂąge de 24 ans, devient moine. Plus tard, il enseigna dans les monastĂšres de Fitche et du Wolamo. En , il est nommĂ© par lâĂglise Ă©thiopienne orthodoxe professeur et prĂȘtre Ă lâĂ©glise du monastĂšre DebrĂ© Menkrat, dans le Wolamo oĂč il resta jusquâen . Il est ensuite nommĂ© professeur Ă lâĂ©glise du monastĂšre de Marie, sur une Ăźle du lac Zeway, dans le sud de lâĂthiopie. Ses prĂȘches sont connus et apprĂ©ciĂ©es par la population locale. En 1928, il est nommĂ© Ă©vĂȘque de la rĂ©gion centrale et orientale de lâĂthiopie. Il reçoit donc le titre dâAboun et prend le nom de Petros. Il passe beaucoup de temps dans les monastĂšres autour de la ville de Dessie et dans la rĂ©gion du Wereilu.
RĂ©sistance Ă l'occupation italienne
En 1935, lorsque les troupes italiennes envahissent l'Ăthiopie, Abouna PĂ©tros se rend avec lâempereur HailĂ© SĂ©lassiĂ© Ier au front, dans le nord, oĂč il apporte son aide aux blessĂ©s. Il assiste alors Ă la violence utilisĂ©e par les fascistes notamment Ă l'encontre des civils. Ă la suite de la victoire italienne de May Chaw, les Patriotes Ă©thiopiens se replient dans les zones au sud et Abune Petros se rend au MonastĂšre de DebrĂ© Libanos. Il commence Ă sâinterroger sur la guerre en cours : comment lâItalie, un pays chrĂ©tien, pouvait occuper de maniĂšre aussi brutale un autre pays pacifique chrĂ©tien comme lâĂthiopie ? Alors que certains prĂȘtres Ă Addis Abeba acceptaient la prĂ©sence des fascistes, lâAboune PĂ©tros dĂ©nonçait les massacres commis. Conscients de sa popularitĂ©, les Italiens, avec lâaide de prĂȘtres, lui envoyaient des lettres afin de le faire changer de camp en lui offrant une vie paisible dans une somptueuse demeure de la capitale. Aboune PĂ©tros sâempressa de refuser.
Ă mesure que le nombre de Patriotes augmentait, et que l'occupation italienne se durcissait, les prĂȘches de lâAboune PĂ©tros prirent un ton plus virulent. En 1936, alors quâil sâadressait aux fidĂšles dans la capitale, les soldats italiens reçurent lâordre dâarrĂȘter Aboune PĂ©tros. Avant son procĂšs, les autoritĂ©s lui prĂ©sentĂšrent une derniĂšre offre : sâil cessait de dĂ©noncer lâoccupation et sâil acceptait de condamner publiquement les Patriotes, il serait libĂ©rĂ©. Il refusa et rĂ©pondit : « Les pleurs de mes compatriotes causĂ©s par vos gaz et vos machines ne permettront jamais Ă ma conscience dâaccepter votre ultimatum. Comment pourrais-je me prĂ©senter devant mon Dieu si je refuse de voir un crime dâune telle ampleur ? ». AprĂšs un procĂšs rapide, Aboune PĂ©tros fut condamnĂ© Ă mort. La nouvelle se rĂ©pandit rapidement dans le pays et les fidĂšles se rendirent Ă Addis Abeba pour le saluer une derniĂšre fois. Les fascistes craignant une rĂ©bellion et une tentative de le libĂ©rer, dĂ©cidĂšrent dâavancer le plus possible la date de son exĂ©cution. Ce jour-lĂ , le , il fut amenĂ© en place publique, oĂč une foule importante s'Ă©tait rassemblĂ©e. Durant son dernier discours, il dĂ©clara : « Mes compatriotes, ne croyez pas les fascistes sâils vous disent que les Patriotes sont des bandits, les Patriotes sont des gens qui se battent pour nous libĂ©rer de la terreur du fascisme. Les bandits sont les soldats qui se trouvent face Ă moi et vous, qui sont venus de loin, terrorisent et occupent violemment un pays faible et pacifique : notre Ăthiopie. Que Dieu donne au peuple d'Ăthiopie la force de rĂ©sister et de ne jamais sâincliner face Ă lâarmĂ©e fasciste et sa violence. Que la terre Ă©thiopienne puisse ne jamais accepter les ordres de lâarmĂ©e d'invasion. » [1]. Peu aprĂšs, Abouna PĂ©tros mourut fusillĂ© et devint un martyr national. Par la suite, de nombreuses personnes rejoignirent les rangs des Patriotes.
Un héros national
De nos jours, Abouna PĂ©tros reste un personnage cĂ©lĂšbre de lâhistoire Ă©thiopienne. Une statue commĂ©morative a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e en 1946 Ă Addis-Abeba, prĂšs de la cathĂ©drale Saint-Georges et du square MĂ©nĂ©lik II. Elle a Ă©tĂ© momentanĂ©ment retirĂ©e, depuis 2013, afin de permettre la construction d'une station du mĂ©tro lĂ©ger de la capitale[2].
Lâauteur Tsegaye Gebre-Medhin a rĂ©digĂ© une piĂšce de thĂ©Ăątre sur ses derniers jours.
Photos
- La statue d'Aboune Pétros, figure de la résistance, à Addis Abeba
- Statue d'Abouna PĂ©tros dans le parc de l'Ă©glise Saint-Georges
- Portrait de l'Aboune PĂ©tros
Voir aussi
Notes et références
- Ethiopian Orthodox church Newspaper, Vol. 1, No. 8.9.10, 1945
- (en) « Abune Petros statue to be reinstated soon », sur FanaBC, (consulté le )