État de la migration dans le monde

Le premier rapport État de la migration dans le monde fut publié en 2000. Cette première édition visait à offrir « une étude exhaustive des tendances de la migration internationale dans chaque région importante du monde », alors que les sept éditions suivantes furent publiées sur des thématiques spécifiques[1].

En 2018, le rapport État de la migration dans le monde a été restructuré en deux parties. La première partie présente les « informations clés sur la migration et les migrants » au travers notamment des statistiques disponibles concernant la migration. La deuxième partie inclut différents chapitres présentant chacun une « analyse équilibrée et fondée sur des faits de questions migratoires complexes et émergentes »[2].

Publié le 27 novembre 2019 durant la 110^e (cent-dixième) session du Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le rapport État de la migration dans le monde 2020 est la dixième édition de la série[3]. Il suit la même structure que l’édition de 2018 et a pour but de « contribuer à une vision plus nuancée de certaines questions migratoires du moment les plus importantes et les plus urgentes à l’échelle mondiale »[4].

Le rapport est constitué de différents chapitres qui couvrent les thématiques suivantes :

• Vue d’ensemble de la migration et des migrants dans le monde, y compris des migrants internationaux, de la migration de travail et du rapatriement des fonds internationaux, du déplacement international et interne et des apatrides ;
• Dynamiques migratoires régionales, y compris la migration à destination, à l’intérieur et en provenance des différentes régions, les évolutions démographiques, les couloirs de migration les plus importants à long terme et le déplacement ;
• Recherches et analyses sur la migration, incluant la contribution de rédacteurs en chef des principaux journaux scientifiques sur la migration ;
• Réflexion sur les contributions des migrants à une époque de difficultés croissantes et de désinformation rampante ;
• Migration, inclusion et cohésion sociale ;
• Migration et santé ;
• Les enfants et la migration dangereuse ;
• Mobilité humaine et adaptation aux modifications de l’environnement ;
• Migrants pris dans une crise ;
• Faits nouveaux dans la gouvernance mondiale des migrations.

Le rapport est produit de manière collaborative, réunissant l’expertise du personnel de l’OIM spécialisé dans l’exécution de programmes, le développement de politiques et la recherche et l’analyse de la migration, ainsi que d’éminents experts de la migration du monde entier. Le rapport a été révisé par des experts de l’OIM et des académiques dans le domaine de la migration, incluant[5] :

• D^r Maruja Asis, Scalabrini Migration Center
• Prof. Jørgen Carling (en), Peace Research Institute Oslo
• Prof. Stephen Castles, Université de Sydney
• D^r Howard Duncan, Canada Metropolis project
• Prof. Gibril Faal (en), London School of Economics
• Prof. Elizabeth Ferris, Université de Georgetown
• Prof. François Gemenne, Sciences Po & Université de Liège
• Prof. Ian Goldin (en), Université d’Oxford
• Prof. Sakiko Kanbara, Université de Kochi
• Prof. Susan Martin, Université de Georgetown
• Prof. Marco Pedrotti, Université de Neuchâtel
• Prof. Martin Ruhs, Institut universitaire européen
• Prof. Nando Sigona, Université de Birmingham
• Prof. Ronald Skeldon, Université de Sussex
• D^r Felicity Thomas, Université d’Exeter
• Prof. Anna Triandafyllidou, Université Ryerson
• Prof. Cathy Zimmerman, London School of Hygiene and Tropical Medicine

Le rapport État de la migration dans le monde 2020 contient onze chapitres, le premier retraçant les points saillants et la structure du rapport. Les dix autres chapitres visent à informer les délibérations et discussions politiques présentes et futures. Ils identifient clairement les problématiques principales, offrent une vue d’ensemble critique de la recherche et l’analyse et discutent les implications futures en matière de recherche et d’élaboration des politiques[6].

Le chapitre 2 est basé sur les sources statistiques mondiales afin d’offrir une vue d’ensemble des chiffres et tendances clés concernant les stocks et flux de migrants internationaux, ainsi que le rapatriement de fonds internationaux. Après une revue initiale des stocks et flux, le chapitre examine ces tendances à la lumière de groupes spécifiques de migrants, tels que les travailleurs migrants, les requérants d’asile, les personnes déplacées internes et les apatrides[7].

Le chapitre 3 se concentre sur les dimensions et développements régionaux principaux dans les six régions du monde : l’Afrique, l’Asie, l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Amérique du Nord et l’Océanie. Pour chacune de ces régions, le chapitre offre une vue d’ensemble et brève discussion des statistiques démographiques principales, ainsi qu’une description des « principales caractéristiques et tendances » migratoires[8].

Le chapitre 4 offre des pistes aux lecteurs désireux de se renseigner plus sur la migration étant donné la recherche croissante en la matière et la difficulté d’identifier les publications importantes. Il passe en revue de manière exhaustive la recherche et l’analyse sur la migration produite par divers acteurs, y compris les académiques, gouvernements, organisations inter-gouvernementales et groupes d’experts[9].

Le chapitre 5 vise à adresser le fait que « le discours public sur les migrations est de plus en plus clivé, l’espace imparti à des analyses équilibrées, rigoureuses et fondées sur des éléments factuels ayant progressivement diminué ». Il offre dès lors une réflexion sur les contributions qui ont été faites par les migrants aussi bien pour les communautés d’origine que de destination. Le chapitre examine trois types de contributions : socio-culturelles, civiques et politiques, ainsi qu’économiques[10].

Le chapitre 6 porte sur l’inclusion des migrants et la cohésion sociale dans les pays de destination, analysant comment les migrants s’adaptent à de nouvelles cultures, coutumes, valeurs sociales et langues. Il aborde notamment la question de l’importance des politiques directement ou indirectement liées à l’inclusion, ainsi que le rôle important joué par les acteurs locaux et les migrants eux-mêmes[11].

Le chapitre 7 offre une vue d’ensemble des principales questions liées à la santé et la migration. Alors que la migration peut exposer à plus de risques liés à la santé, le chapitre reconnaît que la migration peut aussi améliorer la santé. Il considère aussi la relation entre la migration et la santé des populations de manière plus générale, ainsi que les réponses des systèmes de santé et de la gouvernance mondiale en matière de migration et de santé[12].

Le chapitre 8 examine la migration dangereuse de certains enfants migrants qui ne sont pas accompagnés ou suivent leur famille dans des conditions dangereuses. Il analyse les différents types et facteurs principaux de la migration des enfants avant de discuter les principales problématiques auxquelles sont confrontés les enfants migrants[13].

Le chapitre 9 s’intéresse au rôle grandissant joué par les modifications climatiques et environnementales dans les décisions migratoires à la lumière d’événements météorologiques extrêmes et changements de grande envergure. Après un examen des différentes perspectives sur la question, le chapitre discute des exemples de migration environnementale dans différentes zones écologiques, telles que les zones montagneuses, terres arides et zones côtières, ainsi que les villes[14].

Alors que n’importe qui peut être affecté par une crise telle qu’un désastre, conflit ou crise politique ou économique, les migrants sont souvent parmi les plus vulnérables et requièrent dès lors un soutien additionnel. Le chapitre 10 examine le cas des migrants pris dans de telles crises et l’efficacité des mesures prises aux niveaux local, national et international afin de répondre aux différents besoins des migrants[15].

Le chapitre 11 du rapport offre une mise à jour du chapitre sur la gouvernance mondiale des migrations du rapport État de la migration dans le monde 2018. Il présente les développements majeurs étant survenus en matière de gouvernance des migrations durant les deux années écoulées depuis la publication du dernier rapport[16].

Depuis sa publication, le rapport État de la migration dans le monde 2020 a été particulièrement bien reçu.

Le rapport a fait l’objet de commentaires positifs par certains États membres de l’OIM lors de son lancement. Le Gouvernement du Canada a accueilli le rapport en tant qu’ « outil précieux et publication de référence », indiquant que « le rapport est utilisé par les décideurs politiques autour du monde et à tous les niveaux du gouvernement canadien, ainsi que par les académiques et la société civile » . Le Gouvernement du Salvador a noté que le rapport État de la migration dans le monde démontre comment les statistiques peuvent être utilisées afin de comprendre « les caractéristiques de base de la migration dans ces temps incertains »[17].

La capacité du rapport à contrer la désinformation et les fausses nouvelles a été reconnue par l’Ambassadeur allemand, Michael von Ungern-Sternberg, pour qui le rapport contribue à une discussion constructive de la migration et à poser les bases de la coopération internationale tant nécessaire sur cette question[18].

Le rapport a aussi été reçu de manière très positive par les médias, groupes d’experts et académiques. Un éditorial dans le journal Africa Times note que le rapport offre « une évaluation exhaustive des facteurs de migration l’Afrique et la communauté internationale plus largement »[19]. La Professeure de sociologie Leticia Florez Estrada de l’Universidad Europa note quant à elle que le rapport offre une recherche exhaustive et intéressante sur les migrants, réfugiés, mineurs, le climat en tant que facteur de migrations et sur les fausses nouvelles[18].

Jacqueline Bhabha, Professeure à l’Université Harvard, souligne la nature encyclopédique du rapport État de la migration dans le monde, notant comment certains chapitres constituent « une parfaite introduction à de nouvelles thématiques pour ses étudiants », en ajoutant que le rapport est « bien écrit et documenté »[20].

Population Europe, réseau regroupant les centres de recherches les plus éminents en démographie, s’est référé au rapport comme une lecture clé pour ceux qui sont « intéressés aux statistiques et tendances migratoires »[21]. Un accueil tout aussi positif a été donné au rapport par Sam Grout Smith de la Mission du Royaume-Uni aux Nations unies pour qui le rapport contient « des statistiques et analyses fascinantes sur les tendances migratoires et de bonnes sections sur la technologie et le climat »[22].

• Organisation internationale pour les migrations
• migration humaine